DD Grass Master, artificiel plus naturel que le Field Turf

[Bxl Boy]

Il porte le nom de DD Grass Master et il joue, lui aussi, quelque part, en Ligue des Champions. Procédé belge élaboré par l'entreprise Desso, dont le siège social est situé à Dendermonde, il est, tout simplement, unique en son genre. De quoi s'agit-il? Tout bêtement d'un terrain de sport. Mais pas n'importe lequel. Plus naturel que le gazon artificiel et plus résistant que les pelouses dites standard, l'ingénieux système est carrément révolutionnaire.

Composé de cent pour cent de gazon naturel, renforcé par 17 millions de fibres synthétiques... vertes, le nouveau terrain se distingue par une combinaison de qualités exceptionnelles. Alliant nature et technique, il offre un résultat qui excelle à tous les niveaux, à savoir sur les plans de la stabilité, la praticabilité, la perméabilité, la pérennité ainsi que de la facilité d'entretien.

Le procédé se résume de la manière suivante. L'ancienne surface de jeu est décapée et un système de drainage supplémentaire est installé en sous-sol. Une couche de fondation et une couche de sable enrichi de compost sont ensuite apposées pour former ce qui s'appelle un substrat. Le semage peut alors avoir lieu, mais pour une question de temps, ce sont aujourd'hui des rouleaux de gazon qui sont privilégiés. L'étape suivante consiste à injecter et à ancrer les fibres artificielles à l'aide d'une machine commandée par ordinateur. Les fibres sont injectées à 20 cm de profondeur et sortent du sol à raison de 1,5 à 2 cm. Les racines du gazon naturel entrelacées avec les fibres synthétiques forment une construction solide, gage d'une stabilité maximale et d'une régénération rapide.


2,5 millions de mètres carrés

«Franchement, si on ne vous dit pas que vous jouez sur ce genre de terrain, vous ne le remarquerez pas, explique Helga Webers, responsable marketing et communication de la firme. Il faudrait vraiment que vous vous mettiez à genoux pour le constater. C'est en dessous du sol que ces fibres synthétiques font leur travail. L'installation complète de ce type de pelouse prend environ deux à trois mois et le coût peut varier de 350.000 à 1 million d'€, fonction principalement des aménagements qui ont déjà été effectués en sous-sol. Des éléments de chauffage peuvent ainsi être installés si les clubs le souhaitent. On peut comparer cela à l'achat d'une voiture...», sourit-elle.

Leader en Europe dans le domaine des revêtements sportifs, l'entreprise Desso produit chaque année 2,5 millions de mètres carrés notamment destinés à des terrains de football, de hockey, de tennis et de rugby. Le DD Grass Master est son dernier petit bijou. Le gazon naturel se trouvant enraciné dans un substrat, les joueurs conservent une excellente adhérence, tout en bénéficiant, au niveau musculaire et articulaire, du confort d'une pelouse normale. Les millions de fibres implantées, elles, assurent au terrain de demeurer le plus plat et le plus impeccable possible.

Un terrain de football est, effectivement, toujours fortement sollicité. La succession des matches, surtout vu le nombre d'équipes autorisées à participer aujourd'hui aux diverses compétitions européennes, lui offre généralement peu de temps pour se régénérer. Et les conséquences sont souvent dramatiques. Résultat des courses, la pelouse a plus rapidement besoin d'un entretien en profondeur ou doit parfois carrément être remplacée, l'exemple le plus flagrant étant sans doute représenté par le cas du stade de San Siro à Milan.

Ce genre de soucis appartient, certes, aujourd'hui au passé. La présence de ces millions de fibres synthétiques et d'un système de drainage supplémentaire protège le gazon d'une manière telle que les joueurs peuvent le fouler à raison d'un rythme de trois à quatre fois supérieur à celui d'une pelouse conventionnelle. Adieu endroits pelés, escalopes de gazon arraché, parcelles de boue et éventuelles flaques d'eau. Les footballeurs professionnels n'auront bientôt plus d'excuse...


Le Real de Madrid y joue dessus depuis la saison dernière

Le premier terrain en DD Grass Master date déjà de 1992. Il a été posé aux Pays-Bas, dans le club de Den Bosch. «Aujourd'hui, nous en avons à peu près 200 répartis dans toute l'Europe, explique Helga Webers. Il s'agit déjà d'un fameux nombre. Et de plus en plus de clubs européens de premier plan ont choisi d'adopter notre procédé.»

Le Lokomotiv Moscou, adversaire bien connu du Sporting Anderlecht, est ainsi le dernier à avoir préconisé le gazon belge. Le champion de Russie s'est, en réalité, laissé convaincre par le... Real de Madrid, qui évolue sur cette pelouse en gazon naturel renforcé depuis le début de la saison dernière dans son prestigieux stade Bernabeu. Le club madrilène, vainqueur de neuf Coupes d'Europe des Clubs Champions, en est même tellement satisfait qu'il vient également d'en munir son nouveau complexe d'entraînement, la Ciudad del Futbol, qui servira aussi de port d'attache de l'équipe nationale espagnole.

Lors du match de la deuxième phase de la Ligue des Champions, en mars dernier, le terrain du stade moscovite se trouvait en bien piteux état après un hiver très rude. Le manager du Real a donc fait part à la direction du Lokomotiv de sa satisfaction à propos du système révolutionnaire belge, faisant référence à l'état irréprochable de la pelouse lors du match aller. Les réactions des joueurs russes à l'issue de la rencontre firent le reste et après une visite du siège de Dendermonde, les dirigeants russes optèrent pour ce système. Les travaux sont sur le point de se terminer et la nouvelle pelouse devrait être prête pour le match du premier tour contre Arsenal, le 30 septembre.

A côté du Real Madrid et du Lokomotiv Moscou, d'autres grands clubs du Vieux Continent évoluent sur cette pelouse belge. Le système rencontre surtout beaucoup de succès en Angleterre, aux Pays-Bas, ainsi que dans les pays scandinaves, où la pluie, le gel et la neige mettent, plus qu'ailleurs, les terrains en gazon naturel à rude épreuve. Liverpool, Chelsea, Tottenham Hotspur, Rosenborg, ainsi que les stades nationaux de Norvège et du Danemark l'ont déjà adopté. Feyenoord en a, pour sa part, doté son terrain principal d'entraînement.

Le paradoxe, certes, veut que si le système a même traversé l'Atlantique pour rallier jusqu'aux Etats-Unis, où les équipes de football américain de Denver, Philadelphie et Pittsburgh l'ont épousé, il n'est pas encore parvenu à séduire les clubs belges.