1994 : Montréal champion !

Par Martin DesGroseilliers

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 Tony Triconi
 
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En 1994, l’Impact en est à sa deuxième année d’existence. L’équipe a conclu sa première saison avec 11 victoires et 13 défaites, bonne dernière de l’American Professional Soccer League (APSL). Des sept équipes du championnat, la troupe montréalaise avait pourtant présenté la meilleure défense avec 33 buts encaissés en 24 matches. Mais elle n’a pas connu le même succès en attaque alors qu’elle ne toucha la cible que 28 fois, de loin le pire nombre de buts marqués. C’est d’ailleurs à ce niveau que le président Joey Saputo s’est dit très insatisfait à l’issue de cette année inaugurale. Il déclara en effet que l’équipe n’avait pas marqué les buts qu’elle voulait marquer.

Du renfort offensif, un nouvel entraîneur et une saison écourtée

Pour pallier ce handicap et espérer une meilleure production offensive en 1994, la direction se devait d’agir. Elle embaucha alors nul autre que l’international américain Jean Harbor, meilleur buteur de l’histoire de l’APSL à l’époque, ainsi que Philip Gyau. Montréal avait réussi un très grand coup puisque les deux avaient déjà par le passé formé un duo fort explosif en attaque. Ils étaient très heureux de se retrouver une fois de plus sous les mêmes couleurs. Parmi les autres acquisitions notables, soulignons la venue de trois joueurs canadiens : le solide défenseur Enzo Concina, le talentueux milieu de terrain Kevin Holness et le spectaculaire gardien Paolo Ceccarelli. Ce dernier était enchanté de se joindre à l’Impact et d’avoir la chance de s’entraîner avec Pat Harrington. Pour faire de la place à Harbor et Gyau, le club ne prolongea pas le contrat de l’attaquant italien Nicola Zanone, dont la production fut assez décevante. Malgré son âge avancé de 37 ans, on s’attendait certainement à plus que ses 4 buts et 4 passes. Grant Needham, le meilleur marqueur de l’équipe (6 buts, 3 passes), décida de redonner un nouveau souffle à sa carrière et signa à Toronto : ce n’était cependant pas une perte majeure.

Montréal semble donc avoir bien colmaté ses faiblesses offensives, tout en ajoutant des arguments en défense. Le réputé entraîneur Eddie Firmani a une équipe nettement mieux armée et on espère ainsi se tailler une place pour les séries. Mais voilà qu’un jour avant le début de la saison, ce dernier quitte le club ! Il est remplacé par Valerio Gazzola, un entraîneur local ayant notamment dirigé l’Université McGill. Pratiquement inconnu avant son premier match, Gazzola sera très populaire en fin d’exercice.

Cette saison 1994 débute tardivement en raison de la coupe du monde aux Etats-Unis, et est donc de ce fait écourtée. Suite à la disparition de Tampa Bay et à l’arrivée de Seattle, la ligue compte toujours sept équipes. Montréal dispute le premier de ses 20 matches le premier juillet contre Toronto. Contrairement à l’année précédente, il débute la saison du bon pied, celui de Lloyd Barker qui signe une victoire de 1-0 devant une maigre foule de 2865 spectateurs. D’ailleurs, sur l’ensemble de l’année, ce sont 1000 spectateurs de moins en moyenne (3484 contre 4490 en 93) qui se présenteront au Centre Claude Robillard. Montréal aligne ensuite trois défaites de 1-0. L’équipe revient en force avec une autre victoire de 1-0 contre Toronto alors que Harbor marque le premier de ses 10 buts de la saison. Le club montréalais conclut le mois avec une rafraîchissante victoire de 3-0 à Toronto. Dans un calendrier des plus bizarres, Montréal et Toronto se sont affrontés à cinq reprises en juillet. Après une victoire de 2-0 contre Los Angeles à domicile et une défaite sur le même score à Seattle, les joueurs de Gazzola connaissent une séquence de 7 victoires de suite et égalent ainsi le record établi l’année précédente. Cette belle série de victoires prend fin au Colorado. L’équipe locale a vaincu l’équipe de l’heure aux tirs au but (lancés, à l’époque). L’Impact connaît un deuxième creux et perd les trois parties suivantes. Malgré cette série de quatre défaites, Montréal a déjà son billet pour les séries au moment de disputer son dernier match de la saison régulière. Fort Lauderdale ne fait pas le poids alors que l’Impact gagne 5-1 devant ses partisans et termine sur une note très positive.

En route vers la finale

Montréal achève la saison régulière avec un dossier fort respectable de 12 victoires et 8 défaites, bon pour le troisième rang derrière Seattle et Los Angeles, devant Colorado, Fort Lauderdale, Vancouver et Toronto. Même si on avait mis l’emphase sur l’offensive durant l’intersaison, c’est encore défensivement que Montréal s’illustra. Pat Harrington ne s’est en effet retourné que 18 fois pour ramasser le ballon au fond de ses filets. Même s’il comptait faire une chaude lutte amicale à Harrington pour le poste de gardien numéro 1, Ceccarelli a vu peu d’action et n’a joué que 135 minutes. Du côté offensif, on attendait beaucoup du duo Harbor-Gyau mais Gyau aura été très décevant (1 but, 1 passe et seulement 7 titularisations) et c’est plutôt Lloyd Barker (6 buts, 1 passe) qui s’est illustré à l’attaque avec Jean Harbor (8 buts, 4 passes).

Seules les quatre premières équipes participent aux séries. Les Foxes du Colorado débutent la défense de leur titre contre les Sounders de Seattle alors que l’Impact de Montréal affronte la Salsa de Los Angeles. Les deux demi-finales sont similaires et se décident à la loterie du soccer, c'est-à-dire aux tirs au but. Après une défaite de 2-0 au Colorado, Seattle revient en force à la maison et gagne le match retour 4-1. Pendant ce temps, l’Impact s’impose 2-1 à Montréal et perd 3-0 en Californie. Mais à l’époque, en APSL, le score n’avait aucune importance lors des séries : seule la victoire (ou la défaite) était prise en compte. Il y avait donc une stricte égalité de part et d’autre et un mini-match est joué pour départager tout le monde. Aucun but supplémentaire n’étant marqué, les tirs au but sont alors la dernière étape à franchir pour accéder à la finale. Les deux équipes locales, malgré un retour en force durant le temps réglementaire, se font éliminer, si bien que les Foxes du Colorado défendront leur titre contre l’Impact de Montréal en finale. Un scénario hollywoodien pour le groupe Saputo et l’Impact, alors que Montréal (qui a terminé un très gros point devant Colorado) sera l’hôte de cette finale. Une apothéose à la maison certes rêvée, mais que l’on n’avait pas vu venir.

Un grand succès populaire et… médiatique

Et quel timing, quelle chance pour le soccer québécois : le base-ball majeur étant en grève et le hockey en lock-out, les joueurs de l’Impact deviennent soudainement les chouchous des médias montréalais. On se les arrache littéralement et on les voit partout. Les médias découvrent un autre monde, une autre réalité. En définitive, ils découvrent l’Impact. Ils sont tous, sans exception, des plus ravis par la simplicité, la gentillesse et la générosité des De Santis, Diotte, Ferri, Harrington, Dasovic, Barker, Harbor et autres. Ils sont éblouis par la passion que ces joueurs démontrent pour leur sport. Bertrand Raymond, du Journal de Montréal, parle d’athlètes venus d’une autre planète. On va prendre le compliment mais ces athlètes professionnels n’ont rien d’exceptionnel. Ils s’alignent pour l’Impact pour deux raisons principales : jouer et gagner.

Au moment de sortir du tunnel et d’entrer sur la pelouse du Centre Claude Robillard en ce 15 octobre 1994, les joueurs de Montréal et du Colorado se sont affrontés à sept reprises en deux ans. Et le verdict est fort simple (et peu reluisant pour l’Impact) : sept victoires des Foxes (dont une seule aux tirs au but) avec 14 buts marqués et 3 encaissés. Dans de tels moments, une équipe se retourne souvent vers ses leaders et ses joueurs de caractère afin de faire abstraction du passé et de se concentrer pleinement sur le moment présent, celui qui compte. Des joueurs de caractère, l’Impact n’en manque pas : Nick De Santis, John Limniatis, Pat Harrington, Jean Harbor et Patrice Ferri, pour ne citer que les principaux. Une finale de championnat ne se joue pas chaque année; quand on y parvient, il faut s’y donner totalement. Mais tout ce que l’Impact a, les Foxes l’ont aussi, la confiance en plus. L’équipe du Colorado n’a visiblement aucune faiblesse et est favorite pour remporter le dernier match de la saison. Elle qui l’a d’ailleurs emporté lors des deux dernières éditions, en 1992 et 1993.

Pas moins de 8 169 spectateurs, voire plus de 10 000 si on compte ceux refoulés aux guichets, se sont présentés pour cette finale fort médiatisée. Un stade plein à craquer, une ambiance des plus festives et deux équipes gonflées à bloc. Le temps était radieux, parfait pour un match de foot. On en rêvait, maintenant on y est. Les dirigeants de la ligue ayant refusé la demande conjointe des deux équipes de lever la suspension de deux joueurs-clés (à Montréal, c’était Ferri), les entraîneurs Donaldson et Gazzola devront s’en passer. Le jeune entraîneur montréalais a établi son onze de départ comme suit : Harrington, Doliscat, Devos, Concina, Limniatis, Diotte, Rizi, De Santis, Dasovic, Barker et Harbor. En l’absence de Patrice Ferri, c’est Jean Harbor qui porte le brassard de capitaine

Montréal vit pleinement sa finale et… son titre

Le match en soi est à l’image de plusieurs finales : un peu terne, très serré, intense et engagé. Tout est calculé et on ne risque rien. Mais on était venu avant tout pour voir notre équipe gagner. Le reste importait peu, si bien que tout moment magique est un surplus. La plus belle action du match se passe un peu avant la pause. Un coup franc est sifflé contre Colorado. Jean Harbor décoche alors un boulet de canon à la gauche de Mark Dodd, le gardien adverse, qui est incapable de stopper le ballon qui finit ainsi sa course au fond des filets. On arrive à peine à y croire, Montréal est en avance 1-0 ! Gazzola l’avait prédit : le match se jouera à peu de choses, probablement sur un coup de pied arrêté. La suite du match est dès lors prévisible : Montréal se replie en défense et joue le contre, alors que Colorado tente d’égaliser tout en gardant les rangs serrés derrière pour ne pas accorder un second but, qui serait fatal. Une tâche ardue pour les deux équipes. Mais vient le temps où les hommes de Lorne Donaldson doivent prendre des risques, ce qui rend leur défense plus perméable. Mauro Biello, fraîchement entré dans le match, passe d'ailleurs bien près de doubler l’avance des siens.

Lors des dernières minutes, la tension est à son comble, on y est presque et la foule, incapable de se contenir, se lève, crie, hurle et applaudit les héros du jour. On les encourage et on les soutient dans cette terrible épreuve de maintenir la concentration jusqu’à la fin de ces minutes interminables. Les onze joueurs défensifs montréalais ne craquent pas sous la pression et résistent si bien que les renards ne parviennent pas à égaliser. Au coup de sifflet final, c’est l’orgasme sportif ultime, la libération, la fin, la réalisation. Les joueurs étaient venus pour jouer et gagner. Ils ont joué, et ils ont gagné ! Ils ne savent plus où donner de la tête, peu d’entre eux ayant connu telle apothéose. La haute direction de l’Impact s’empresse de descendre sur le terrain afin de rejoindre l’entraîneur, l’homme-clé derrière ce titre. Encore une fois, merci Valerio ! Pendant ce temps, des centaines de personnes envahissent le terrain et certains joueurs se font dépouiller de leur équipement. Ni l’Olympique, ni le Manic, ni l’Inter, ni le Supra, ni le FC Supra n’avait réussi un tel exploit. L’Impact vient d’offrir à Montréal son premier championnat professionnel de soccer. Il était temps !

Dans le vestiaire, le champagne coule à flots. Nick De Santis remercie la famille Saputo, se dit fier pour eux et espère jouer toute sa carrière à Montréal. John Limniatis parle de la seule et unique victoire de l’Impact sur les Foxes en huit tentatives. Mais, précise-t-il avec raison, Montréal a remporté le plus important de ces matches. Parlant de victoire, l’entraîneur des gardiens arbore le fameux ‘V’ des doigts. Dans la grande tradition de la conquête d’un championnat, une parade est organisée dans les rues de la ville. Le grand patron du groupe Saputo, Lino Saputo, sort alors pour l’occasion son impressionnante collection de voitures d’époque. Des milliers de gens se sont massés sur les trottoirs pour applaudir les joueurs et célébrer une dernière fois avec eux.

Plusieurs pions majeurs ne seront pas de retour en 1995 : Nick Dasovic, Patrice Ferri, Marco Rizi, Jason Devos, Jean Harbor, Enzo Concina et Pat Harrington quittent l’équipe. Mais d’autres seront attirés par Montréal. Se joignent alors Paulinho, Paul Dougherty, Steve Trittschuh, Tom Kouzmanis, Lyndon Hooper, Niall Thompson, Nevio Pizzolitto, Grant Needham et Pat Onstad. Qui seront, à leur tour, remplacés par d’autres joueurs. De nouveaux héros. Ainsi va la vie, ainsi va l’Impact. Depuis ce fameux 15 octobre 1994, Montréal n’a pas revécu un tel couronnement. Dix ans plus tard, le timing serait encore parfait…

 
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