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Les adieux de Shearer, entre rires et larmes.

Publié : 12 mai 2006 15:11
par James Bond 007
(FIFA.com) 12 May 2006 13:12:00

FIFA.com rend hommage à l'un des plus grands joueurs anglais, au moment où Alan Shearer raccroche les crampons au terme d'un match rempli d'émotions face au Celtic.

Avec Alan Shearer, c'est l'un des grands joueurs de notre temps qui a tiré sa révérence hier soir. Mi-héros des temps modernes, mi-modèle, cet avant-centre de l'ancienne école a salué une dernière fois un St James's Park acquis corps et âme à sa cause.

Et pour ce match d'adieu de la légende du Tyneside, tout a été parfait : alors que le score est logiquement bloqué à 2:2, Newcastle United se voit accorder un penalty très généreux en toute fin de rencontre. Le joueur de 35 ans entre alors sur le terrain pour inscrire le but de la victoire malgré sa blessure aux ligaments du genou, qui l'a forcé à mettre prématurément un terme à sa carrière.

Le Celtic et sa grande armée de supporters constituaient des adversaires de choix pour un tel match. Il se sont gracieusement conformés au scénario du soir, prenant part à l'immense hommage offert par les 52 275 spectateurs à un Shearer qui a fêté son but de manière traditionnelle, en levant le bras, avant de se laisser envahir par l'émotion, ce dont il n'est pourtant pas coutumier.

"Il n'y a qu'un endroit au monde où ceci est possible, a déclaré l'ancien international anglais, la voix tremblante. Pour être honnête, j'avais les larmes aux yeux, mais je défie quiconque d'avoir les yeux secs avec une ambiance comme celle-là."

Et il n'y a pas qu'à Newcastle que l'on se demande si l'on reverra un jour un footballeur de la trempe de Shearer. Un coup d'œil aux statistiques de l'histoire de la Premier League anglaise confirme qu'il n'a pas de maître dans le jeu. Avec 260 buts inscrits en première division, il est loin devant ses plus proches rivaux, avec 75 unités d'avance sur Andy Cole et 96 sur Thierry Henry.

Pour de nombreux observateurs, Shearer aurait pu compter un total beaucoup plus important s'il n'avait pas refusé de rejoindre Manchester United. Il l'a même fait deux fois, d'abord en 1992 pour signer aux Blackburn Rovers, puis lors de son transfert record vers le club de sa ville natale. Pourtant, l'attaquant martèle qu'il n'a jamais regretté d'avoir rejeté les offres de Sir Alex Ferguson, même s'il n'a remporté aucun trophée en dix ans à Newcastle.

"Newcastle sera toujours mon club, il l'a toujours été, a-t-il déclaré cette semaine, avant ce jubilé, dont les bénéfices seront reversés à des œuvres caritatives. Ce que je veux dire, c'est que quand je regarde un gamin marquer un but dans n'importe quelle cour de récréation du Nord-est, il est transporté de joie. C'est exactement la même chose pour moi. Ici (au St James's Park), ça fait dix ans que c'est ma cour de récréation."

Eriksson et Robson louent la légende
Ironie du sort embarrassante pour le club : Shearer a été refusé par Newcastle lorsqu'il était jeune, décision qui aura coûté au final environ 15 millions de livres sterling aux Magpies. Il semble pourtant que cela aura été un mal pour un bien, permettant au joueur de débuter sa carrière sur la côte sud de l'Angleterre, à Southampton. C'est là-bas qu'en 1988, à l'âge de 17 ans et tout juste un mois après son premier match avec l'équipe senior, il réalise un coup du chapeau face à Arsenal. Ce faisant, il pulvérise le record du plus jeune auteur d'un triplé en première division anglaise, détenu par Jimmy Greaves depuis plus de trente ans.
Et la source ne va jamais se tarir, que ce soit pour Southampton ou Blackburn, qu'il rejoint en 1992 moyennant 3,6 millions de livres et quitte quatre ans plus tard avec un titre de champion et 130 buts marqués en 170 matches.

Après avoir repoussé Manchester United pour la seconde fois, il est accueilli en héros par 18 000 supporters au St James's Park. Malgré tous ses efforts, il ne parviendra pourtant pas à mettre fin à la disette de trophée de la "Toon Army". Cette saison, il a pourtant battu le record détenu depuis 49 ans par Jackie Milburn, la légende de Newcastle, en marquant son 206ème et dernier but pour arracher le victoire sur l'ennemi juré, Sunderland, dans le derby du Nord-est.

Malgré sa retraite internationale, prise au sommet de sa forme, l'attaquant est passé tout près d'inscrire un but tous les deux matches sous le maillot anglais, avec 30 réalisations en 63 rencontres. Il termine à la cinquième place du classement historique des meilleurs réalisateurs anglais, ex aequo avec Nat Lofthouse et Tom Finney.

Dans le programme distribué pour ses adieux, on pouvait lire quelques lignes du sélectionneur anglais Sven-Goran Eriksson, qui se lamentait de ne pas avoir su faire sortir le buteur emblématique de Newcastle de sa retraite internationale, prise en 2002. "Il est difficile de ne pas admirer Alan Shearer, a écrit le Suédois. C'est un formidable ambassadeur du football. Il est admiré par l'ensemble des joueurs, et si un jeune joueur cherche un modèle à suivre ou un mentor, il n'en trouvera pas de meilleur que Shearer."

De son côté, Sir Bobby Robson a révélé qu'il avait tanné les responsables du FC Barcelone pour qu'ils recrutent Shearer, lorsqu'il était à la tête de l'équipe du Camp Nou. Il a adressé des compliments encore plus forts au joueur dont il a fait son capitaine en arrivant à St James's Park. "Il avait tout, que ce soit sur le terrain ou en dehors, a déclaré l'ancien entraîneur de Newcastle et sélectionneur anglais. Alan Shearer fait partie des meilleurs buteurs de l'histoire de l'Angleterre."

Et maintenant ?
Désormais, il semble que Shearer désire prendre une pause bien méritée par rapport au football, pour accorder son attention à sa famille et au parcours de golf près de chez lui. "Un jour, je m'essaierai peut-être au poste d'entraîneur, j'y pense, mais pour l'instant, que je veux prendre quelques années de repos pour profiter de la vie", a-t-il insisté cette année.

Ce symbole anglais de 35 ans pourrait cependant voir ses liens émotionnels avec Newcastle influer sur sa décision, comme toujours, surtout si les Magpies nomment de façon permanente Glenn Roeder au poste de manager, comme cela semble être probable. Après tout, Shearer avait assisté Roeder pendant la période d'intérim de l'ancien entraîneur de West Ham. Si le rôle d'ambassadeur qui lui a été offert avait dans un premier temps était repoussé, le meilleur buteur de l'histoire du club pourrait pourtant s'impliquer davantage dans le club.

"Il me connaît très bien, je le connais très bien, et nous nous faisons confiance." C'est pour l'instant à cette déclaration que se cantonne Shearer lorsqu'on l'interroge sur sa relation avec Roeder. Pourtant, lorsqu'il revient sur son commentaire de non-engagement en déclarant "c'est mon club, et je veux m'y impliquer", on peut penser que les adieux faits hier soir tenaient plutôt du au revoir.

Source : http://www.fifa.com/fr/mens/index/0,252 ... eid=117796