Jacques Villeneuve, quel est votre état d'esprit à la veille du premier Grand Prix de la saison?
«Là, je ne sais pas du tout où nous en sommes. Après les essais hivernaux, j'ai du mal à nous situer par rapport à nos concurrents. J'espère que nous sommes compétitifs mais je crois que nous ne sommes pas prêts. Nous avions prévu une dernière séance d'essais à Imola mais elle a dû être annulée, donc je crois que nous allons passer ces trois premiers Grand Prix de la saison à rattraper notre retard sur le planning mais cela n'empêche pas le fait que nous puissions faire du bon travail.»
Après neuf mois d'absence, vous avez effectué un retour remarqué, l'an dernier, un intérim chez Renault avant de signer chez Sau- ber. Le retour à la F 1, était-ce un besoin vital?
«Pas vital, non. Mais piloter des voitures, c'est quelque chose que j'aime faire. Alors, il était logique que je tente de revenir en F 1. Durant neuf mois, j'ai joué au hockey sur glace, j'ai fait du ski, et puis, très vite, je me suis rendu compte que la compétition me manquait. J'avais quelques possibilités en Nascar mais avant cela, je voulais réessayer la F 1. Lorsque Peter Sauber m'a montré sa manière de travailler, j'ai été convaincu du potentiel de l'écurie.»
Justement, après avoir connu des écuries avec de gros moyens comme Williams ou BAR, vous voilà dans l'un des teams les plus limités budgétairement. Cela peut-il poser un problème d'ambitionet de patience?
«Je ne crois pas. Si les moyens qui sont mis en oeuvre sont utilisés à bon escient et si l'on écoute ce que j'ai à dire avec l'expérience que je possède, je crois que je serai très patient. Mais si on me dit de me taire, ce sont les ordinateurs qui décident de tout, là je ne crois pas que nous nous entendrons longtemps...»
Comment se déroule l'adaptation à la C 24 qui est l'une des monoplaces les plus novatrices du plateau?
«J'ai connu quelques soucis avec les freins, c'est vrai. Mais je m'y suis habitué maintenant. J'ai aussi du mal avec l'électronique qui est quelque chose que l'on ne maîtrise pas vraiment. Une suspension, un pneu, on le sent. Cela nous parle. L'électronique, c'est impalpable et j'ai du mal à m'y faire...»
Vous qui êtes de la vieille école, vous devez apprécier les modifications de règlement qui rendent leur place aux pilotes, non?
«C'est un petit pas en avant mais il faudra supprimer toute l'électronique et les ravitaillements, car c'est encore dans les arrêts aux puits (NdlR: les stands) que tout le monde va essayer de se dépasser!»
Comment avez-vous préparé cette saison 2005?
«J'ai travaillé énormément physiquement car, l'an dernier, lors de mon retour avec Renault, j'avais été surpris par la vitesse et la surcharge pour les pilotes. Je n'étais pas suffisamment en forme. Cet hiver, j'ai donc placé la barre très haut et je me suis préparé comme jamais car la condition physique des pilotes est de plus en plus importante...»
Quels objectifs vous êtes-vous fixé?
«Je veux travailler correctement avec le team. Certes, les résultats ont de l'importance mais ce qui importe, c'est que nous soyons plus loin en fin de saison que lors du début de saison. Ce sera le signe que nous avons fait du bon boulot.»
En l'espace d'une saison, trouvez-vous que la F 1 a beaucoup changé?
«Je la trouve beaucoup plus calme. Plus sociale. Ça va, c'est plus facile dans le paddock. C'est peut- être aussi parce que là, j'ai plus de temps de le voir, parce que les dernières années avec BAR, c'était plutôt stress...»
Justement, on vous voit là avec Craig Pollock, votre manager, celui avec lequel vous avez créé BAR avant de vous faire virer tous les deux par David Richards. Cela ne fait pas trop mal de voir cette structure évoluer aujourd'hui dans la bonne direction?
«Effectivement, c'est dur à digérer. Mais personne n'a jamais songé à nous féliciter pour le boulot que nous avions fait ces dernières années et qui a débouché sur les performances des BAR la saison dernière. C'est donc que nous avions raison d'y croire...»
Source :
http://www.dhnet.be/dhsports/article.phtml?id=116792