Contre Red Bull et la commercialisation du sport
Publié : 08 mai 2011 9:25
De nos jours, si l'on veut faire survivre une équipe de sport professionnelle, il faut absolument trouver des partenaires économiques qui viendront injecter l'argent nécessaire aux multiples dépenses qu'engrange une telle opération. Cela se concrétise par de la publicité tout autour du terrain, un sponsor bien en vue à l'avant du maillot, la location du monopole des concessions alimentaires à l'intérieur du stade et même la vente du nom du stade. Ce cirque corporatif est malheureusement là pour rester, et je suis prêt à l'endurer. Mais dans certains cas, l'invasion du sport par l'entreprise privée dépasse les bornes.
Avant de continuer, je dois d'abord expliquer ma vision du sport. Le sport est une activité enrichissante qui permet à ceux qui le pratiquent d'en tirer un maximum de plaisir (une bonne condition physique, par exemple). Il est, à la base, rassembleur, car peu de sports se pratiquent seul, mais il est également dans sa nature de diviser, puisque dans la majorité des cas, un ou des adversaires sont nécessaires au bon déroulement de l'activité. Et avec la division vient inévitablement la soif de victoire, la controverse, la rivalité et toutes ces autres caractéristiques qu'entraîne l'exercice compétitif du sport (et qui le rendent si intéressant). Cela se conjugue pour donner le sport tel que je l'aime, une sorte d'idéal.
Donc, lorsque le sport est dénaturé, utilisé à des fins marchandes, lorsque l'argent et l'entreprise privée sont mis à l'avant plan, c'est un manque de respect à cet idéal. C'est prendre une activité noble et ne l'utiliser que pour servir ses intérêts commerciaux, pour sa propre avidité, dans le but ultime de toujours faire plus d'argent. Et c'est ici que Red Bull entre en jeu.
Le Sportverein Austria Salzburg fut fondé en 1933 par la mise en commun de deux clubs, Hertha Salzburg et Rapid Salzburg, qui représentaient à l'époque la bourgeoisie et le prolétariat, respectivement. Je vous invite à lire l'histoire complète du club ici. En 2005, après plus de 70 ans riches d'histoire, Red Bull rachète le club. Il n'y a, au début, aucune raison de s'affoler. Le nouveau propriétaire est même le bienvenu chez les supporters. Mais avec le temps, ses intentions sont de plus en plus claires: le club délaissera le mauve et blanc traditionnels pour adopter le rouge et blanc, le nom du club sera changé, pour devenir Red Bull Salzburg et l'histoire du SV Austria Salzburg sera ignorée, les nouveaux propriétaires affirmant que le Red Bull Salzburg est un nouveau club fondé en 2005. Les supporters du SV Austria Salzburg n'ont pas accepté pas ces changements et ont fondé un «nouveau» club nommé exactement comme celui qu'ils supportaient avant 2005.
Même histoire à Leipzig, où, après avoir tenté en vain de prendre le contrôle de deux clubs plus prestigieux de la région, la compagnie a acheté le club de cinquième division SSV Markranstädt en 2009. Les uniformes ont été changés, les couleurs et l'histoire de l'ancien club abandonnées. Seule différence, en Allemagne, il est interdit d'avoir le nom d'une compagnie dans le nom officiel du club. L'équipe s'appelle donc RasenBallsport Leipzig (RB Leipzig), qui veut littéralement dire sport de balle de terrain, mais on sait très bien ce que RB représente vraiment.
Plus proche de nous, à New York, les MetroStars ont été rachetés par la compagnie en 2006. Ce rachat ne suscite cependant pas autant de contestations qu'en Europe, où le sport est bien plus ancré dans les traditions et dans l'histoire. Mais il n'en reste pas moins que c'est une manifestation du même phénomène, l'envahissement du sport par l'argent, la commercialisation du sport.
Certains se demanderont: pourquoi est-ce une mauvaise chose, si les compagnies peuvent financer le sport? La qualité du jeu augmente, elles permettent aux sportifs d'assurer de meilleurs revenus et assurent une plus grande stabilité à n'importe quel club. Et c'est malheureusement là que réside tout le problème. Le sport n'est pas que spectacle, il est surtout passion et dévouement. N'est-il pas immensément satisfaisant d’être témoin d’une pièce de jeu spectaculaire, après 80 minutes de jeu ennuyant? N’est-il pas tout aussi satisfaisant de pouvoir s’identifier à des joueurs qui sont là par passion, au lieu de stars qui ne veulent que récolter leur chèque de paie? Tout l'argent du monde ne pourra jamais motiver un athlète comme le fait le véritable amour de son sport. Et pour chaque club nouvellement sponsorisé ou racheté se trouvent deux ou trois autres clubs qui s'enlisent dans leurs dettes. La stabilité économique (temporaire, il faut le souligner) pourvue par les riches propriétaires n'est en fait qu'une bombe à retardement, une contribution à l'inflation continuelle du marché sportif.
Si vous ne saisissez pas l'idéal du sport tel que je le décris, je conçois qu'il soit difficile de comprendre ces arguments. Mais si vous vous reconnaissez dans ces mots, il faut vous opposer au bulldozer Red Bull, et, par extension, à toutes les autres manifestations de la commercialisation du sport.
Avant de continuer, je dois d'abord expliquer ma vision du sport. Le sport est une activité enrichissante qui permet à ceux qui le pratiquent d'en tirer un maximum de plaisir (une bonne condition physique, par exemple). Il est, à la base, rassembleur, car peu de sports se pratiquent seul, mais il est également dans sa nature de diviser, puisque dans la majorité des cas, un ou des adversaires sont nécessaires au bon déroulement de l'activité. Et avec la division vient inévitablement la soif de victoire, la controverse, la rivalité et toutes ces autres caractéristiques qu'entraîne l'exercice compétitif du sport (et qui le rendent si intéressant). Cela se conjugue pour donner le sport tel que je l'aime, une sorte d'idéal.
Donc, lorsque le sport est dénaturé, utilisé à des fins marchandes, lorsque l'argent et l'entreprise privée sont mis à l'avant plan, c'est un manque de respect à cet idéal. C'est prendre une activité noble et ne l'utiliser que pour servir ses intérêts commerciaux, pour sa propre avidité, dans le but ultime de toujours faire plus d'argent. Et c'est ici que Red Bull entre en jeu.
Le Sportverein Austria Salzburg fut fondé en 1933 par la mise en commun de deux clubs, Hertha Salzburg et Rapid Salzburg, qui représentaient à l'époque la bourgeoisie et le prolétariat, respectivement. Je vous invite à lire l'histoire complète du club ici. En 2005, après plus de 70 ans riches d'histoire, Red Bull rachète le club. Il n'y a, au début, aucune raison de s'affoler. Le nouveau propriétaire est même le bienvenu chez les supporters. Mais avec le temps, ses intentions sont de plus en plus claires: le club délaissera le mauve et blanc traditionnels pour adopter le rouge et blanc, le nom du club sera changé, pour devenir Red Bull Salzburg et l'histoire du SV Austria Salzburg sera ignorée, les nouveaux propriétaires affirmant que le Red Bull Salzburg est un nouveau club fondé en 2005. Les supporters du SV Austria Salzburg n'ont pas accepté pas ces changements et ont fondé un «nouveau» club nommé exactement comme celui qu'ils supportaient avant 2005.
Même histoire à Leipzig, où, après avoir tenté en vain de prendre le contrôle de deux clubs plus prestigieux de la région, la compagnie a acheté le club de cinquième division SSV Markranstädt en 2009. Les uniformes ont été changés, les couleurs et l'histoire de l'ancien club abandonnées. Seule différence, en Allemagne, il est interdit d'avoir le nom d'une compagnie dans le nom officiel du club. L'équipe s'appelle donc RasenBallsport Leipzig (RB Leipzig), qui veut littéralement dire sport de balle de terrain, mais on sait très bien ce que RB représente vraiment.
Plus proche de nous, à New York, les MetroStars ont été rachetés par la compagnie en 2006. Ce rachat ne suscite cependant pas autant de contestations qu'en Europe, où le sport est bien plus ancré dans les traditions et dans l'histoire. Mais il n'en reste pas moins que c'est une manifestation du même phénomène, l'envahissement du sport par l'argent, la commercialisation du sport.
Certains se demanderont: pourquoi est-ce une mauvaise chose, si les compagnies peuvent financer le sport? La qualité du jeu augmente, elles permettent aux sportifs d'assurer de meilleurs revenus et assurent une plus grande stabilité à n'importe quel club. Et c'est malheureusement là que réside tout le problème. Le sport n'est pas que spectacle, il est surtout passion et dévouement. N'est-il pas immensément satisfaisant d’être témoin d’une pièce de jeu spectaculaire, après 80 minutes de jeu ennuyant? N’est-il pas tout aussi satisfaisant de pouvoir s’identifier à des joueurs qui sont là par passion, au lieu de stars qui ne veulent que récolter leur chèque de paie? Tout l'argent du monde ne pourra jamais motiver un athlète comme le fait le véritable amour de son sport. Et pour chaque club nouvellement sponsorisé ou racheté se trouvent deux ou trois autres clubs qui s'enlisent dans leurs dettes. La stabilité économique (temporaire, il faut le souligner) pourvue par les riches propriétaires n'est en fait qu'une bombe à retardement, une contribution à l'inflation continuelle du marché sportif.
Si vous ne saisissez pas l'idéal du sport tel que je le décris, je conçois qu'il soit difficile de comprendre ces arguments. Mais si vous vous reconnaissez dans ces mots, il faut vous opposer au bulldozer Red Bull, et, par extension, à toutes les autres manifestations de la commercialisation du sport.