A un Ultras de Montréal
Publié : 27 octobre 2009 14:13
Pour toi
je devine tout le travail que tu fais avant chaque match.
Moi j'ai un toit sur la tête pour me protéger de la pluie lors des matchs, pas toi. Beau temps , mauvais temps tu chante, crie, danse en plus des Tifos , des drapeaux.
Je lève ma casquette et te rend hommage
Un gros merci mon frere Ultra
un beau texte touchant que je viens de lire de ton site
Match retour de la finale avec l’Impact en avant par un but, un tifo hors norme, un match à une heure inhabituelle. Cette journée n’avait rien d’une journée comme les autres. Il fallait donc l’amorcer d’une façon tout aussi inhabituelle.
C’est donc à 9 h que le rendez-vous était donné pour un déjeuner ultra dans un sympathique resto de la rue Ontario. L’heure matinale n’empêchera pas certains motivés d’y aller avec une pinte de bière en avalant leurs œufs tournés. En sortant, sur le trottoir, une petite shot de vodka pour faire descendre le tout et on est prêts à aller installer le tifo au stade…
Crochet par le 99 pour déposer la boutique UM02 et la journée est déjà bien lancée quand nous nous présentons au stade pour installer le plus imposant et coûteux tifo de notre histoire, le tout sous haute surveillance (nous serons même fouillés avant de rentrer au stade). Difficile mise en marche des préparatifs, puis nous récupérons nos repères et le tifo est installé. Une quarantaine de minutes après notre arrivée, nous repartons avec le sentiment d’avoir lancé les dés et d’attendre le résultat. Le travail est fait, il ne reste plus qu’à espérer que tout se passe comme prévu.
Retour au 99 vers midi. L’endroit est déjà bien rempli. La tension monte d’un cran… Les supporters arrivent par dizaines, le bar est rapidement complet… Déconnade intense, commando stickers en action, on rigole. Plus l’heure du départ du cortège approche, plus l’anticipation monte. Les médias sont présents, même RDS, c’est dire si le moment est important. On entonne quelques chants pour ajouter un peu à l’ambiance survoltée.
13 h 25. Cinq minutes avant le départ, le bar se vide lentement, on range ce qui ne nous servira pas au stade, on s’amasse devant le bar, on chantonne un peu et puis le départ est donné et tout le monde part d’un pas décidé vers le stade rangé derrière la bâche UM02. Au menu, le programme habituel de chants, drapeaux et fumigènes. Quelques torches seront craquées… Bien chouette cortège qui met tout le monde en voix. On arrive au stade, deux braves donnent un entrevue légendaire à CKAC, les autres foncent en tribune. De nombreux « touristes », « ultras » à la carte et autres curieux ont pris une bonne partie de la place. On s’en fout. Avec un peu de réorganisation rapide, on prend possession de l’espace, de notre espace, de notre maison…
Il ne reste plus qu’à se préparer à lever le tifo. Étape cruciale. On saura bientôt si tout le travail accompli portera ses fruits. La confiance est de mise, mais il reste quand même ce petit doute au fond de nous qui, comme chaque fois, rend les dernières minutes avant la levée d’un tifo si enivrantes. Un tifo sur une section, ça va, tu tapes sur l’épaule du voisin pour lui donner des instructions. Sur trois sections, ça prend une plus grande coordination; nous établissons rapidement un système pour bien coordonner la montée de la voile. Reste plus qu’à savoir quand y aller… Un des nôtres donnera le signal. À lui de choisir le meilleur timing… On y est presque, il reste 5 minutes, ou 45 secondes, on sait plus trop, l’anticipationomètre est dans le rouge, l’aiguille est tombée, on tient plus en place et en plus, on dirait que ça prend une éternité pour que le club mette la machine en marche… et puis ça y est, un vidéo commence à jouer, mais on a les yeux rivés sur la sortie du vestiaire… et puis la vidéo fini (sur la question « Comment se terminera notre histoire? », ce que nous remarquerons le lendemain seulement) et le signal est donné, la voile monte et quand les lettres d’une taille monstrueuse épellent le mot VICTOIRE, le stade rugit d’un bloc et dans les 2 secondes suivantes, les joueurs mettent le pied sur le terrain dans une ambiance énorme avec face à eux le mot d’ordre de la journée : victoire. Le tifo est montré à l’écran, il est géant, superbe, parfait. La toile tiendra en place tout au long de la présentation des joueurs et redescendra au moment d’entonner l’hymne national, après nous avoir donné tout ce qu’elle pouvait nous donner. Timing parfait de A à Z.
Euphorie soudaine de ceux qui avaient pris à cœur de réussir ce tifo. Accolades, joie, on est sur un nuage. Mais tout ça est de courte durée parce que maintenant, faut faire chanter tous ces gens. La 114 est pleine comme jamais, les coutures vont lâcher avant la fin, c’est pas possiblesûr. Y’ a presque pas moyen de se déplacer. Les capos, en grande forme tout au long du match, soulignons-le, se mettent au travail. La motivation est tellement présente qu’on n’a qu’à lever le petit doigt pour que tout le monde réagisse. C’est trop facile. Trop facile, hein? Ben profitons-en, pour toute les fois qu’on en a bavé depuis 2002, pour toutes ces fois où l’un ou l’autre de nous s’est dit « merde, mais qu’est-ce que je fous encore ici, moi? », pour tous ceux qui sont venus, ont vu et sont repartis, parce que ça rimait pas Ultras et Montréal. Cette finale et surtout ce tifo, c’est un coup de chapeau à tous ceux qui nous ont précédés et surtout à tous ceux qui sont restés et qui ont continué de faire avancer la machine, beau temps mauvais temps, à 3, 7, 15, 50 à 700, car ils avaient une vision. Ils savent qui ils sont.
Et on y va pour 90 minutes de folie. Le kop répond à tout ce que leur balancent les capos, qui se relaient, s’épaulent, se retiennent mutuellement pour ne pas sombrer dans les limbes du stade Saputo. Le kop chante, que dis-je, il expulse les chants du plus profond de son âme; l’énergie retournée aux hommes armés de mégaphones est grandiose, c’est un plaisir sans nom. Si le kop a la pédale dans le fond, sur le terrain, on sent une certaine nervosité des hommes en bleu… Mais ils se ressaisissent et commencent à prendre le contrôle. Personne ne peut nous battre, c’est l’évidence même. Nous serons champions. Il faut y croire.
Les occasions commencent à arriver, on contrôle le ballon, on passe, on coupe, on les fait tourner en rond… et à la 30e minute une incursion de Donatelli force Nolly à la faute, et sur la séquence le ballon va vers Brown qui se fait faucher violemment. Deux penaltys sur la même séquence, faut bien que l’arbitre en ait vu un… Et il l’a vu. Folie. Carton rouge au zouave qui a fauché Brown. Refolie. On le met, on est champions, c’est clair… Silence de mort dans le kop, Donatelli s’élance et le raz-de-marée ultra déferle. Nous menons 4-2, nous jouons à 11 contre 10, nous sommes l’Impact de Montréal et nous sommes la meilleure équipe du au monde. Bon, peut-être que dans les faits, il y a possiblement une ou deux équipes européennes qui sont devant nous (je dis bien « peut-être »), d’accord, mais à ce moment précis, si vous revenez en arrière et que vous y réfléchissez comme il faut, à l’instant même où le ballon a franchi la ligne du but des Whitecaps, dans votre tête, il n’y avait rien d’autre qui existait. Et donc, nous étions champions du monde, voire de l’univers. On ne peut pas s’obstiner avec ça, c’est la grandeur du moment et c’est tout.
Où en étions-nous donc? Ah oui, nous étions donc en avant 4-2 (et champions de l’univers pendant une fraction de seconde, par défaut). Et cette avance combinée à l’avantage d’un homme donne des ailes à l’Impact qui assaillit la surface de réparation de Vancouver comme les Ultras se jettent sur la première rangée après un but. L’Impact veut tuer le match, tuer cette finale. L’Impact veut ce titre. Jamais on n’aura vu un Impact aussi inspiré sur notre terrain. Légendaire. Constructions géniales, passes savantes, implication physique hors pair; champions de l’univers, quoi. On bouffe Vancouver et on en redemande; on a faim. Et l’assaut porte ses fruits : Gjertsen fait exploser le stade en plantant le second but du match à la 40e. Ouf. C’est la frénésie dans le kop, les corps s’enchevêtrent, ça craque dans tous les coins, on ne survivra pas, pas cette fois. Tiens si. On a survécu et comme la mi-temps arrive dans quelques minutes, ça tombe bien pour… BUUUUUUUUT. BROWN! 3-0! Chaos, fin du monde, mort soudaine, ressuscitation, délire collectif incontrôlable, torche… euh… torche?!? Putain une torche! Une vraie torche qui fume bien qui éclaire les visages même si on joue en plein après-midi. Wow. Elle traîne là, inoffensive, ça fait joli. Puis arrive un agent de sécurité. Chaos, fin du monde, mort soudaine. L’énergumène débaroule joyeusement face aux capos ont sait fucking trop pas pourquoi et, ce faisant, botte la torche dans un sac à dos qui traînait là, sans même se rendre compte de quoi que ce soit. Un des capos réagit vite et dégage du pied la torche d’un bord, tout ce qui peut brûle de l’autre, mais Einstein, lui, qui n’a toujours rien vu, a vraiment décidé d’entamer la conversation et le fait, le pied sur la torche (!), qui commence à lui brûler la semelle du soulier. On se croirait dans les belles années des films de Buster Keaton, où un geste anodin fait débouler une série de trucs loufoquement irréels. Et ce n’est que le début. Nous passerons sur le détail des événements, mais disons qu’une fois que notre éloquent agent de sécurité a finalement décidé de s’occuper de la torche, il a vite fait de se trouver un side-kick armé d’un extincteur qui, du terrain, et vers la tribune, a décidé d’envoyer une petite shot de poudre dans la gueule de tout le monde. Grandiose. Faut vraiment être salement incompétent pour parvenir à ça…
Sur ces entrefaits, Vancouver marque, mais évidemment, on était trop en train d’asphyxier pour avoir vu quoi que ce soit. Mi-temps, bière, vite.
La 114 est toujours aussi pleine, voire plus pleine, au coup d’envoi de la seconde mi-temps. C’est presque impossible de circuler, et ça prend un bon deux minutes pour parcourir le chemin de la 4e à la 1re rangée. Ok, c’est moins facile une bière à la main, mais en tout cas, ça donne une idée de comment c’était tissé serré dans les premiers rangs… Bref. Si les plateaux penchent nettement du côté de l’Impact (une avance de 6-3 avec 45 minutes à faire), il reste que notre leçon, on l’a eue au Mexique, et on ne la connaît que trop bien. Alors y’ a personne qui ose le dire. Pas encore. On reprend à fond avec les gestuelles, les chants à répondre et tout l’attirail habituel. On balance tout ce qu’on a. Des Allez Montréal à droite et à gauche. Debout, assis, en sautant, en se tenant par les épaules. C’est la folie, on le sait, même si on n’ose pas le dire. On égraine les minutes. Elles passent lentement, trop lentement, mais d’un autre côté Vancouver bouge plus. Vancouver est à l’agonie. Dans les grands moments, on notera un crowd surf absolument génial qui se termine dans la 15e rangée, immédiatement suivi d’un « qui ne saute pas » parti du haut de la tribune par le surfeur, pour descendre jusqu’au noyau. Moment inoubliable. Aussi, un « Aaux armes » pète-coche absolument savoureux autant pour celui qui l’a lancé que pour ceux qui y ont répondu. Le reste est un peu flou, vous nous excuserez, mais un championnat, ça dérègle le système. On ne mentionne toujours pas le mot clé, mais le match avance… 75e… 80e… À la 83e, sti, on n’en peut plus, on mène par trois, on a un homme en plus, voire deux avec la foule. On est champions. Disons-le! En intro au dale caveseProche des arrêts de jeu, on le dit : Vancouver, le champion en titre, est mort, Montréal est champion… S’en suivra un dale cavese des grands jours, même si certains ont de la difficulté à chanter sous le coup de l’émotion. L’Impact est champion. Champion. Les frissons envahissent le stade, qui se lève, finalement (même si en 113 et 115, ils sont restés debout un long moment en deuxième mi-temps). Il ne reste plus qu’à attendre le coup de sifflet final. L’attente est longue, mais ça y est. C’est maintenant officiel… Et le joueur foncent vers Jordan, juste devant la 114 pour fêter.
Le filet qui nous sépare du terrain tombe, certains tenteront une petite course sur le terrain, mais on avait prévu le coup après l’envahissement de terrain de 2004 et autant Best que la police sont préparés. Certains spectateurs se feront joliment bardasser par les gens supposés assurer leur sécurité, ce qui créera un climat de tension. Insultes, projectiles… Ça ne dégénère pas trop, car on attend avec fébrilité la venue de la coupe devant le kop. Petit tour rapide devant la tribune principale, célébration prononcée devant les ultras qui lanceront quelques écharpes et drapeaux en cadeau et la coupe repart… On n’en croit toujours pas nos yeux, on a gagné le championnat… Puis, comme ce fut le cas contre Olimpia l’an passé pour souligner la qualification pour les quarts de finale de la Lligue des champions, les joueurs se prennent par la main et malgré la présence d’un cordon policier entre nous et eux, ils se lancent vers nous pour venir glisser sur le ventre devant la tribune… Et on repart pour une célébration soutenue de quelques minutes.
Nous passerons sur les détails du reste de la soirée, car il faut bien arrêter quelque part, mais notons tout de même cette (intense) rencontre par hasard entre Ultras et Impact, nous sur le trottoir, eux derrière la vitre du resto où ils fêtaient sur St-Laurent, comme s’ils étaient dans un aquarium, et surtout cet ordre les empêchant de même songer à sortir du bar pour nous serrer la pince. C’était d’un ridicule irréel.
Nous nous permettons en guise de conclusion de citer notre compte-rendu du 19 juin, au lendemain de l’âpre défaite contre l’ignoble club torontois : « Le seul moyen de récupérer un tant soit peu de crédibilité aux yeux des supporters d’ici comme d’ailleurs, c’est de gagner le championnat de la D1 des USL. Nous n’accepterons rien de moins. »
Mission accomplie.
Merci Ultras de montréal
Mission accomplie les gars et les filles Ultras
je devine tout le travail que tu fais avant chaque match.
Moi j'ai un toit sur la tête pour me protéger de la pluie lors des matchs, pas toi. Beau temps , mauvais temps tu chante, crie, danse en plus des Tifos , des drapeaux.
Je lève ma casquette et te rend hommage
Un gros merci mon frere Ultra
un beau texte touchant que je viens de lire de ton site
Match retour de la finale avec l’Impact en avant par un but, un tifo hors norme, un match à une heure inhabituelle. Cette journée n’avait rien d’une journée comme les autres. Il fallait donc l’amorcer d’une façon tout aussi inhabituelle.
C’est donc à 9 h que le rendez-vous était donné pour un déjeuner ultra dans un sympathique resto de la rue Ontario. L’heure matinale n’empêchera pas certains motivés d’y aller avec une pinte de bière en avalant leurs œufs tournés. En sortant, sur le trottoir, une petite shot de vodka pour faire descendre le tout et on est prêts à aller installer le tifo au stade…
Crochet par le 99 pour déposer la boutique UM02 et la journée est déjà bien lancée quand nous nous présentons au stade pour installer le plus imposant et coûteux tifo de notre histoire, le tout sous haute surveillance (nous serons même fouillés avant de rentrer au stade). Difficile mise en marche des préparatifs, puis nous récupérons nos repères et le tifo est installé. Une quarantaine de minutes après notre arrivée, nous repartons avec le sentiment d’avoir lancé les dés et d’attendre le résultat. Le travail est fait, il ne reste plus qu’à espérer que tout se passe comme prévu.
Retour au 99 vers midi. L’endroit est déjà bien rempli. La tension monte d’un cran… Les supporters arrivent par dizaines, le bar est rapidement complet… Déconnade intense, commando stickers en action, on rigole. Plus l’heure du départ du cortège approche, plus l’anticipation monte. Les médias sont présents, même RDS, c’est dire si le moment est important. On entonne quelques chants pour ajouter un peu à l’ambiance survoltée.
13 h 25. Cinq minutes avant le départ, le bar se vide lentement, on range ce qui ne nous servira pas au stade, on s’amasse devant le bar, on chantonne un peu et puis le départ est donné et tout le monde part d’un pas décidé vers le stade rangé derrière la bâche UM02. Au menu, le programme habituel de chants, drapeaux et fumigènes. Quelques torches seront craquées… Bien chouette cortège qui met tout le monde en voix. On arrive au stade, deux braves donnent un entrevue légendaire à CKAC, les autres foncent en tribune. De nombreux « touristes », « ultras » à la carte et autres curieux ont pris une bonne partie de la place. On s’en fout. Avec un peu de réorganisation rapide, on prend possession de l’espace, de notre espace, de notre maison…
Il ne reste plus qu’à se préparer à lever le tifo. Étape cruciale. On saura bientôt si tout le travail accompli portera ses fruits. La confiance est de mise, mais il reste quand même ce petit doute au fond de nous qui, comme chaque fois, rend les dernières minutes avant la levée d’un tifo si enivrantes. Un tifo sur une section, ça va, tu tapes sur l’épaule du voisin pour lui donner des instructions. Sur trois sections, ça prend une plus grande coordination; nous établissons rapidement un système pour bien coordonner la montée de la voile. Reste plus qu’à savoir quand y aller… Un des nôtres donnera le signal. À lui de choisir le meilleur timing… On y est presque, il reste 5 minutes, ou 45 secondes, on sait plus trop, l’anticipationomètre est dans le rouge, l’aiguille est tombée, on tient plus en place et en plus, on dirait que ça prend une éternité pour que le club mette la machine en marche… et puis ça y est, un vidéo commence à jouer, mais on a les yeux rivés sur la sortie du vestiaire… et puis la vidéo fini (sur la question « Comment se terminera notre histoire? », ce que nous remarquerons le lendemain seulement) et le signal est donné, la voile monte et quand les lettres d’une taille monstrueuse épellent le mot VICTOIRE, le stade rugit d’un bloc et dans les 2 secondes suivantes, les joueurs mettent le pied sur le terrain dans une ambiance énorme avec face à eux le mot d’ordre de la journée : victoire. Le tifo est montré à l’écran, il est géant, superbe, parfait. La toile tiendra en place tout au long de la présentation des joueurs et redescendra au moment d’entonner l’hymne national, après nous avoir donné tout ce qu’elle pouvait nous donner. Timing parfait de A à Z.
Euphorie soudaine de ceux qui avaient pris à cœur de réussir ce tifo. Accolades, joie, on est sur un nuage. Mais tout ça est de courte durée parce que maintenant, faut faire chanter tous ces gens. La 114 est pleine comme jamais, les coutures vont lâcher avant la fin, c’est pas possiblesûr. Y’ a presque pas moyen de se déplacer. Les capos, en grande forme tout au long du match, soulignons-le, se mettent au travail. La motivation est tellement présente qu’on n’a qu’à lever le petit doigt pour que tout le monde réagisse. C’est trop facile. Trop facile, hein? Ben profitons-en, pour toute les fois qu’on en a bavé depuis 2002, pour toutes ces fois où l’un ou l’autre de nous s’est dit « merde, mais qu’est-ce que je fous encore ici, moi? », pour tous ceux qui sont venus, ont vu et sont repartis, parce que ça rimait pas Ultras et Montréal. Cette finale et surtout ce tifo, c’est un coup de chapeau à tous ceux qui nous ont précédés et surtout à tous ceux qui sont restés et qui ont continué de faire avancer la machine, beau temps mauvais temps, à 3, 7, 15, 50 à 700, car ils avaient une vision. Ils savent qui ils sont.
Et on y va pour 90 minutes de folie. Le kop répond à tout ce que leur balancent les capos, qui se relaient, s’épaulent, se retiennent mutuellement pour ne pas sombrer dans les limbes du stade Saputo. Le kop chante, que dis-je, il expulse les chants du plus profond de son âme; l’énergie retournée aux hommes armés de mégaphones est grandiose, c’est un plaisir sans nom. Si le kop a la pédale dans le fond, sur le terrain, on sent une certaine nervosité des hommes en bleu… Mais ils se ressaisissent et commencent à prendre le contrôle. Personne ne peut nous battre, c’est l’évidence même. Nous serons champions. Il faut y croire.
Les occasions commencent à arriver, on contrôle le ballon, on passe, on coupe, on les fait tourner en rond… et à la 30e minute une incursion de Donatelli force Nolly à la faute, et sur la séquence le ballon va vers Brown qui se fait faucher violemment. Deux penaltys sur la même séquence, faut bien que l’arbitre en ait vu un… Et il l’a vu. Folie. Carton rouge au zouave qui a fauché Brown. Refolie. On le met, on est champions, c’est clair… Silence de mort dans le kop, Donatelli s’élance et le raz-de-marée ultra déferle. Nous menons 4-2, nous jouons à 11 contre 10, nous sommes l’Impact de Montréal et nous sommes la meilleure équipe du au monde. Bon, peut-être que dans les faits, il y a possiblement une ou deux équipes européennes qui sont devant nous (je dis bien « peut-être »), d’accord, mais à ce moment précis, si vous revenez en arrière et que vous y réfléchissez comme il faut, à l’instant même où le ballon a franchi la ligne du but des Whitecaps, dans votre tête, il n’y avait rien d’autre qui existait. Et donc, nous étions champions du monde, voire de l’univers. On ne peut pas s’obstiner avec ça, c’est la grandeur du moment et c’est tout.
Où en étions-nous donc? Ah oui, nous étions donc en avant 4-2 (et champions de l’univers pendant une fraction de seconde, par défaut). Et cette avance combinée à l’avantage d’un homme donne des ailes à l’Impact qui assaillit la surface de réparation de Vancouver comme les Ultras se jettent sur la première rangée après un but. L’Impact veut tuer le match, tuer cette finale. L’Impact veut ce titre. Jamais on n’aura vu un Impact aussi inspiré sur notre terrain. Légendaire. Constructions géniales, passes savantes, implication physique hors pair; champions de l’univers, quoi. On bouffe Vancouver et on en redemande; on a faim. Et l’assaut porte ses fruits : Gjertsen fait exploser le stade en plantant le second but du match à la 40e. Ouf. C’est la frénésie dans le kop, les corps s’enchevêtrent, ça craque dans tous les coins, on ne survivra pas, pas cette fois. Tiens si. On a survécu et comme la mi-temps arrive dans quelques minutes, ça tombe bien pour… BUUUUUUUUT. BROWN! 3-0! Chaos, fin du monde, mort soudaine, ressuscitation, délire collectif incontrôlable, torche… euh… torche?!? Putain une torche! Une vraie torche qui fume bien qui éclaire les visages même si on joue en plein après-midi. Wow. Elle traîne là, inoffensive, ça fait joli. Puis arrive un agent de sécurité. Chaos, fin du monde, mort soudaine. L’énergumène débaroule joyeusement face aux capos ont sait fucking trop pas pourquoi et, ce faisant, botte la torche dans un sac à dos qui traînait là, sans même se rendre compte de quoi que ce soit. Un des capos réagit vite et dégage du pied la torche d’un bord, tout ce qui peut brûle de l’autre, mais Einstein, lui, qui n’a toujours rien vu, a vraiment décidé d’entamer la conversation et le fait, le pied sur la torche (!), qui commence à lui brûler la semelle du soulier. On se croirait dans les belles années des films de Buster Keaton, où un geste anodin fait débouler une série de trucs loufoquement irréels. Et ce n’est que le début. Nous passerons sur le détail des événements, mais disons qu’une fois que notre éloquent agent de sécurité a finalement décidé de s’occuper de la torche, il a vite fait de se trouver un side-kick armé d’un extincteur qui, du terrain, et vers la tribune, a décidé d’envoyer une petite shot de poudre dans la gueule de tout le monde. Grandiose. Faut vraiment être salement incompétent pour parvenir à ça…
Sur ces entrefaits, Vancouver marque, mais évidemment, on était trop en train d’asphyxier pour avoir vu quoi que ce soit. Mi-temps, bière, vite.
La 114 est toujours aussi pleine, voire plus pleine, au coup d’envoi de la seconde mi-temps. C’est presque impossible de circuler, et ça prend un bon deux minutes pour parcourir le chemin de la 4e à la 1re rangée. Ok, c’est moins facile une bière à la main, mais en tout cas, ça donne une idée de comment c’était tissé serré dans les premiers rangs… Bref. Si les plateaux penchent nettement du côté de l’Impact (une avance de 6-3 avec 45 minutes à faire), il reste que notre leçon, on l’a eue au Mexique, et on ne la connaît que trop bien. Alors y’ a personne qui ose le dire. Pas encore. On reprend à fond avec les gestuelles, les chants à répondre et tout l’attirail habituel. On balance tout ce qu’on a. Des Allez Montréal à droite et à gauche. Debout, assis, en sautant, en se tenant par les épaules. C’est la folie, on le sait, même si on n’ose pas le dire. On égraine les minutes. Elles passent lentement, trop lentement, mais d’un autre côté Vancouver bouge plus. Vancouver est à l’agonie. Dans les grands moments, on notera un crowd surf absolument génial qui se termine dans la 15e rangée, immédiatement suivi d’un « qui ne saute pas » parti du haut de la tribune par le surfeur, pour descendre jusqu’au noyau. Moment inoubliable. Aussi, un « Aaux armes » pète-coche absolument savoureux autant pour celui qui l’a lancé que pour ceux qui y ont répondu. Le reste est un peu flou, vous nous excuserez, mais un championnat, ça dérègle le système. On ne mentionne toujours pas le mot clé, mais le match avance… 75e… 80e… À la 83e, sti, on n’en peut plus, on mène par trois, on a un homme en plus, voire deux avec la foule. On est champions. Disons-le! En intro au dale caveseProche des arrêts de jeu, on le dit : Vancouver, le champion en titre, est mort, Montréal est champion… S’en suivra un dale cavese des grands jours, même si certains ont de la difficulté à chanter sous le coup de l’émotion. L’Impact est champion. Champion. Les frissons envahissent le stade, qui se lève, finalement (même si en 113 et 115, ils sont restés debout un long moment en deuxième mi-temps). Il ne reste plus qu’à attendre le coup de sifflet final. L’attente est longue, mais ça y est. C’est maintenant officiel… Et le joueur foncent vers Jordan, juste devant la 114 pour fêter.
Le filet qui nous sépare du terrain tombe, certains tenteront une petite course sur le terrain, mais on avait prévu le coup après l’envahissement de terrain de 2004 et autant Best que la police sont préparés. Certains spectateurs se feront joliment bardasser par les gens supposés assurer leur sécurité, ce qui créera un climat de tension. Insultes, projectiles… Ça ne dégénère pas trop, car on attend avec fébrilité la venue de la coupe devant le kop. Petit tour rapide devant la tribune principale, célébration prononcée devant les ultras qui lanceront quelques écharpes et drapeaux en cadeau et la coupe repart… On n’en croit toujours pas nos yeux, on a gagné le championnat… Puis, comme ce fut le cas contre Olimpia l’an passé pour souligner la qualification pour les quarts de finale de la Lligue des champions, les joueurs se prennent par la main et malgré la présence d’un cordon policier entre nous et eux, ils se lancent vers nous pour venir glisser sur le ventre devant la tribune… Et on repart pour une célébration soutenue de quelques minutes.
Nous passerons sur les détails du reste de la soirée, car il faut bien arrêter quelque part, mais notons tout de même cette (intense) rencontre par hasard entre Ultras et Impact, nous sur le trottoir, eux derrière la vitre du resto où ils fêtaient sur St-Laurent, comme s’ils étaient dans un aquarium, et surtout cet ordre les empêchant de même songer à sortir du bar pour nous serrer la pince. C’était d’un ridicule irréel.
Nous nous permettons en guise de conclusion de citer notre compte-rendu du 19 juin, au lendemain de l’âpre défaite contre l’ignoble club torontois : « Le seul moyen de récupérer un tant soit peu de crédibilité aux yeux des supporters d’ici comme d’ailleurs, c’est de gagner le championnat de la D1 des USL. Nous n’accepterons rien de moins. »
Mission accomplie.
Merci Ultras de montréal
Mission accomplie les gars et les filles Ultras