Inspiré par la lettre d’Alain Soucy-Sergerie sur Mount Royal Soccer, j’ai moi aussi décidé d’écrire au club de mon cœur.
J'ose croire que tu te rappelles. C'est durant l’été 2004 qu'on s'est vus pour la première fois, toi et moi. J'avais entendu parler de toi, mais je n'avais eu la chance d'apprendre à te connaître. Je revenais du Portugal, où des filles canons mais un peu artificielles m’avaient fait les beaux yeux quelques semaines durant. Inutile de te dire que, de mon côté, ce ne fut pas nécessairement le coup de foudre quand on s’est croisés la première fois à Ahuntsic. J’avais encore un peu la tête à Lisbonne.
Mais grâce à des amis communs, j’ai de nouveau croisé ta route et j’ai saisi tout ton charme. Et soudainement, on s'appelait, on clavardait, je n'en avais que pour toi. Puis, début mai 2005, on a finalement commencé à sortir ensemble. On a commencé fort : une petite virée à Toronto, pourquoi pas? J'étais obnubilé par tes beaux yeux bleus, ton teint pâle et tes cheveux noirs. Bref, j'étais conquis.
Ça allait si bien et ça a continué un bon moment. Même si beaucoup de gens ne voulaient pas qu’on se fréquente, on a persévéré. Chaque rendez-vous était magique et attendu avec grande impatience. On ne ratait pas une occasion pour passer du temps ensemble, on ne voulait pas gaspiller une seule minute, même quand il fallait se parler par les ondes radio quand tu t’en allais travailler à l’étranger.
Et puis, tu as commencé à me parler de bâtir pour demain. C’était quelque part en 2006, et tu m’avais même montré les plans de la maison de tes rêves. Bon, ok, il a fallu revoir quelques détails, mais début 2008, ça y était, la maison était construite, et on emménageait enfin.
Et comme tu as de la suite dans les idées, il n’a pas fallu de temps pour que tu confirmes tes intentions : trois ans après notre première escapade à Toronto, c’est dans cette même ville qu’on s’unissait pour le meilleur et pour le pire, mais surtout pour la vie. C’était le 22 juillet. Je m’en souviendrai pour toujours. Et pour fêter notre union, on a enchaîné avec un voyage de noces mémorable en Amérique centrale et dans les Caraïbes.
De retour à la maison, on a loué la grande salle de bal du voisin pour se faire un méga party avec tous nos amis de longue date (et beaucoup de nouveaux, surtout). On a peut-être un peu exagéré, et le retour immédiat au Mexique était peut-être de trop, mais quand tu t’es cassé la pipe en scooter dans le désert, j’étais là pour te ramasser. Ensemble, on a fait disparaître la douleur.
Ensuite, fin 2010, tu m’as annoncé que tu étais enceinte. C’est là que c’est devenu plus difficile. Il a fallu agrandir la maison pour que le petit puisse s’épanouir pleinement. Du coup, plein de gens sont venus sonner à notre porte. Entre les préparatifs pour accueillir bébé et les travaux dans la maison, on a un peu perdu notre couple de vue. On s’est même peut-être dit des choses qu’on n’aurait pas dû se dire. Heureusement, on a passé l’éponge et on s’est vite retrouvés.
Les deux premières années du petit ont filé à vive allure, et nous ont fait vivre plein de bons moments. Mais paradoxalement, si on se parle plus que jamais, on dirait qu’on a cessé de communiquer. Et ça nous a menés à des quiproquos, comme la fois où tu as jeté ce fromage suisse que j’aimais tant alors qu’il était encore bon. Tu insistais pour me dire qu’il était moisi, et j’ai jamais vraiment compris pourquoi.
Certains disent que notre couple ne marche plus, que tu t’es laissée aller, que tu n’es plus aussi attirante qu’il y a quelques années. Ils n’ont rien compris. Ils ne comprennent pas d’où on vient et ce par quoi on est passés. En plus, ils ne voient pas les efforts que tu fais. D’ailleurs, récemment, tu as même perdu du poids, un gros poids, en fait, ce que je te recommandais de faire depuis des années, car j’avais un peu peur pour ta santé.
Sache une chose, Impact. Peu importe ce que les voisins racontent, je t’aime toujours autant qu’avant. Même si parfois, c’est difficile, qu’il y a des silences un peu lourds ici et là qui n’étaient pas là avant. La fameuse flamme, elle est toujours là. En fait, elle sera toujours là. Et je sais que tout redeviendra comme avant.
P.S. : J’ai bien hâte de commencer nos cours de tango.
Eric Chenoix
