Supporters, revenons sur terre

Publié le 20 novembre 2014

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Supporters de l’IMFC, je serai clair : on a les yeux bouchés. Pire encore, on a les yeux bouchés et on se promène dans un univers parallèle. Dans notre monde teinté de bleu-blanc-noir, Montréal, et plus précisément l’Impact, est au centre de tout. À nous lire et à nous écouter, on dirait que Montréal, c’est la terre promise, c’est le club par excellence, celui qui a les moyens de ses ambitions. Montréal, c’est Los Angeles. Parfois, c’est même Barcelone. En tant que supporters d'IMFC, nous avons deux mauvais réflexes : 1) croire que l'Impact peut gagner tous les matchs et 2) imaginer que Montréal est une destination rêvée.

Malheureusement, le fait est qu'on n’est, pour être franc, nulle part. Dans l’univers de la réalité, Montréal, c’est un petit point qu’on ne voit pas toujours à l’œil nu. En fait, on n’est nulle part depuis que la concurrence en D2 a commencé à se prendre au sérieux quelque part entre 2009 et 2010. Oui, ça fait cinq ans qu'on n’est nulle part. Et avant ça, on était dans le top malgré nos erreurs de jugement, parce qu'on avait 100 fois plus de budget que les autres et qu’on jouait la moitié de nos matchs contre des équipes qui avaient à peine assez d’argent pour nourrir leurs joueurs en déplacement. Et encore là, on ne gagnait pas la coupe chaque année. Si vous êtes de ceux qui préfèrent les stats, depuis 2010 inclusivement, Coupe des Voyageurs et Ligue des champions inclus, l’Impact a cumulé une fiche de 83 victoires, 95 défaites et 54 nuls, avec une différence de buts de -11. Bref, on n’est nulle part. Sportivement, on est Barcelone, oui… l’Espanyol Barcelone. Malgré tout ça, ce qui découle des débats des supporters, c’est qu’on attend de notre équipe qu’elle batte régulièrement les ténors de notre championnat. Et parfois même en déplacement. C’est pas impossible, j’en conviens, mais un peu de réalisme ferait peut-être du bien à tout le monde.

Qui plus est, on n’est nulle part en matière de destination non plus. Certes, on arrive à attirer des gars qui n'ont peu ou pas de connaissance du contexte nord-américain avec notre fric. Les Di Vaio, c’est chouette, ça amène un plus, et des contacts ; honnêtement, il ne faut pas s’en priver. Mais si on arrive à attirer des joueurs d’un certain calibre qui ne savent pas trop qui on est, sur le long terme, ce qui va nous permettre de durer et d'obtenir du succès, c'est notre attrait aux yeux des acteurs (joueurs, entraîneurs, DG et tout le tralala) qui ont du succès dans notre championnat. Et là dessus, on accuse un grave retard. Déjà, la direction du club mentionnait cet été que l’Impact était, selon un sondage des joueurs de MLS, l’une des destinations les moins attirantes – la langue, les taxes, le froid, vous savez… Et la dernière saison, pour ne pas dire la rapide descente aux enfers après des débuts prometteurs en MLS, ne va certainement pas contribuer à susciter l’intérêt des cadres de notre compétition. Bref, on n’est nulle part. Point de vue destination, on n’est pas dans la liste. Demandez à Ching, Burling, Johnson et compagnie. Il y en a déjà même qui viennent jouer pour nous en pensant ouvertement à des destinations plus clémentes… Et malgré ça, quand Higuain commence à s’impatienter à Columbus, on le voit tout de suite dans le maillot bleu de nos favoris. Encore là, c’est pas impossible, j’en conviens, surtout avec notre filière argentine, mais, vous avez compris : un peu de réalisme ferait peut-être du bien à tout le monde.

Ce serait peut-être le temps de revenir sur terre. On n’est plus en D2. Nous avons perdu notre avantage de l’époque : celui d'être une des meilleures destinations de foot (sinon LA meilleure) pour les joueurs de notre championnat et de compter sur des ressources énormes pour le niveau auquel on évolue. Dans le temps, on offrait : 1) un stade largement supérieur aux standards de la ligue, 2) des salaires hautement compétitifs, 3) des conditions de vie plus qu’intéressantes (logements fournis dans certains cas), 4) une équipe compétitive qui pouvait aspirer aux plus grands honneurs chaque année et 5) une foule imposante ponctuée de supporters très vocaux (ce qui était loin d’être le cas pour toutes les équipes).

Dans le contexte de la MLS, tout ça a disparu. Notre stade est dans la moyenne, et inférieur à plusieurs autres dans la ligue. Nos salaires sont, règlement oblige, dans la moyenne eux aussi ; on peut avoir le même salaire à Columbus ou à Boston. Les conditions de vie sont égales à ce qu’on retrouve ailleurs, même si Montréal a des charmes que certaines villes ne peuvent offrir (mais en contrepartie, on a aussi notre langue barbare, nos taxes et nos satanés hiver). Aspirer aux plus grands honneurs… ça, on a vu où on en est. Et la foule, encore là, si en D2, on battait des records, maintenant, on est dans la moyenne, pour ne pas dire très moyens. Soyons honnêtes avec nous-mêmes : le nom « Impact de Montréal », s’il est plus largement connu, ne résonne plus autant qu’avant.

Malheureusement, nous ne sommes pas les seuls à ne pas encore avoir entièrement réalisé que les paillettes de notre blason avaient perdu de leur lustre. Ça se sent aussi dans le discours du président et dans les gestes posés par le club. Si l’environnement dans lequel l’Impact évolue a radicalement changé et que le travail de recrutement est devenu incommensurablement plus complexe, la structure technique du club, elle, hormis quelques changements plus esthétiques qu’autre chose, n’a pas bougé. En conclusion, le pari de l’Impact, en ce moment, c’est de s’élever aux rangs des ténors de la MLS avec à peu de choses près la même équipe technique qui n’a pas pu livrer la marchandise dans les dernières années de D2 malgré tous les avantages que nous avions. En somme, on ne peut déduire qu’une chose : Frank Klopas doit être un génie. Il n’y a pas d’autre explication possible. Non, Frank ne vit pas dans une bouteille ni n’en sort quand on la frotte pour nous accorder trois vœux. Plutôt, Frank, selon son patron, c’est le Sir Alex Mourinho de la MLS. Un mec qui va changer la donne, redistribuer les cartes et remettre le train sur les rails. C’est celui qui, pendant que Nick De Santis sera parti faire des tâches administratives en Argentine, va prendre notre club, maintenant dépouillé de ses avantages et muté dans une compétition nettement plus compétitive, et l’élever au rang des meilleurs. Si on met tous les discours ensemble, c’est ce qu’on semble vouloir nous dire.

Il y a de quoi disjoncter. Les lunettes roses, ça suffit. On n’est pas bons. On ÉTAIT bons. Il y a longtemps. Et parce qu’on était bons dans le temps de Gabriel Gervais, on semble croire qu’on l’est encore ou qu’on le sera encore très bientôt. Pour ma part, ça fait trop longtemps que j’attends pour croire qu’on sera, à moyen terme, compétitifs plus qu’une demi-saison de temps en temps. À moins qu’on ne se donne les moyens de l’être en embauchant dans les postes clés des gens qui possèdent l’expérience et les connaissances nécessaires pour faire de l’Impact le club… qu’il croit être. Sinon, il ne nous restera qu’à chercher un génie (dans une bouteille, celui-là) quand un de nos trois vœux sera de ne plus ressembler au Toronto FC…
Eric Chenoix
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