Après une année 2015 qui s’est finie en boulet de canon, l’optimisme a envahi le club et les supporters. La stabilité a donc été de rigueur cet hiver : le noyau a peu changé, même s’il ne faut pas minimiser les services rendus par Mapp, Duka et Reo-Coker, alors que Mauro Biello a été confirmé à son poste. Après le sprint pour sauver la fin de la saison dernière, le voilà désormais au départ d’un marathon lors duquel il doit imposer ses préceptes dès la préparation.
GARDIENS
Titulaire l’an dernier,
Bush ne s’est pas imposé tout de suite mais a progressé au fil des mois et en fin de saison, on s’est rendu compte qu’il avait sauvé de précieux points. Sa place n’est pas mise en péril, même si
Kronberg a montré de belles choses durant les stages. Quant à
Crépeau, il ambitionne de prendre place régulièrement sur le banc cette saison.
DÉFENSEURS
Copier-coller. Oh, mais quand même appuyer sur un bouton de rotation, sait-on jamais. Le quatuor qui a fini la saison 2015 est reconduit. Dans l’axe,
Ciman est indiscutable : après un an en MLS, on compte sur lui pour trouver le juste milieu entre le jeu flamboyant et la prudence qui permet d’éviter certaines erreurs. Il faut ajouter à cela son rôle de modèle, notamment pour faire la part des choses entre les moments où l’on peut se détendre et ceux où il faut se donner à fond. À ses côtés,
Cabrera s’est imposé en deuxième moitié de championnat au point que le club, qui l’avait loué, l’a acheté à River Plate. Du coup,
Lefèvre fait une nouvelle fois office de doublure de luxe. Il semble avoir une longueur d’avance sur
Fisher mais devra quand même jouer des coudes avec la recrue du SuperDraft pour être sur le terrain en cas d’absence d’un des deux titulaires. Ce qui pourrait arriver si l’international belge va à l’Euro avec son équipe nationale, actuellement en tête du classement mondial.
Sur les côtés,
Toia et
Oyongo conservent les préférences de l’entraîneur. Néanmoins, le Camerounais est retourné à gauche, son poste de prédilection, même s’il a démontré l’an dernier l’étendue de la polyvalence dont il fait preuve depuis le début de sa jeune carrière. Si cela apporte davantage d’équilibre entre son jeu défensif et offensif, son compère n’a pas encore convaincu sur le côté droit, qu’il découvre. Apprentissage ou mauvais casting ? Ce serait dommage qu’il régresse alors que l’an dernier, il était, pour une deuxième saison consécutive, une valeur on ne peut plus sûre à un poste où il est difficile de confirmer en MLS. En cas de pépin, il pourrait se faire damer le pion à droite par
Camara qui, après une année hantée par les blessures, aspire à retrouver la place de titulaire qui a toujours été la sienne lorsqu’il était apte à jouer. Défenseur depuis ses débuts chez les pros,
Tissot avait été replacé dans l’entrejeu par Klopas mais retrouve la ligne arrière, dont il peut occuper le flanc gauche, cette saison.
MÉDIANS
C’est sur les ailes qu’il y a eu le plus de modifications au cours de l’hiver, notamment en raison des départs de Mapp et Duka ainsi que de la blessure qui tiendra
Romero à l’écart plusieurs mois. Mais, confirmant ce qu’on avait vu de bon en fin de saison passée,
Piatti a été confirmé côté gauche, son poste de prédilection, à sa plus grande joie. Il n’y a aucun concurrent.
Venegas fait office de doublure par défaut et Alexander y a montré certaines belles choses lors de ses années new-yorkaises.
Côté droit,
Ontivero, un jeune dribbleur de poche argentin, a été loué à Galatasaray. Il espère trouver la stabilité à Montréal, lui qui a été souvent prêté mais a peu joué depuis ses débuts professionnels. Lorsque Drogba sera de retour, il composera avec le replacement d’
Oduro qui pourrait s’y sentir plus à l’aise dans un schéma très offensif. Venegas, à qui on peine à trouver un rôle qui lui convient, entre également dans cette équation, comme peut-être le jeune mais prometteur
Salazar.
Comme depuis le premier tiers de la saison 2012, Montréal évoluera avec un triangle dans l’entrejeu. Il ne semble pas posséder dans son effectif deux joueurs ayant assez de volume de jeu pour prendre tout en charge et permettre de rajouter un homme dans un autre secteur. Il faut dire que ces éléments sont des denrées rares. Comme de coutume, les tâches sont réparties, avec un élément principalement en charge du travail défensif, un autre du travail offensif et un dernier faisant office de relais.
Le boulot défensif incombe à
Donadel, qui a trouvé ses marques après une première moitié de saison 2015 difficile. Plus affûté, il a montré lors de la préparation qu’il pouvait en prendre beaucoup sur les épaules. Il n’a toutefois pas perdu sa propension aux bêtes fautes à des endroits inutiles qui lui valent des cartons jaunes. Comme en début de saison dernière,
Mallace est sa doublure, même si l’an dernier il a parfois joué un peu plus avancé.
Gagnon-Laparé, revenu d’un prêt à Ottawa, a aussi envie d’avoir un rôle à jouer dans ce compartiment.
Le rôle offensif est occupé par le transfert hivernal le plus attendu,
Shipp, venu en droite ligne de Chicago. Doté d’une très bonne passe aussi bien au sol que dans les airs, il retrouve un rôle qui lui plaît énormément et pourrait écarteler les défenses lorsque les automatismes se seront mis en place avec les attaquants. En cas de problème, Biello pourrait être tenter d’y replacer Piatti, qui occupait ce poste l’an dernier, ou de confier la mission à Venegas (décidément).
Bekker, qui peut assumer différents rôles dans l’axe de l’entrejeu, aura fort à faire pour se trouver une place au sein de toute cette concurrence.
Le rôle du joueur entre les deux sera plus offensif que l’an dernier, ce qui n’est pas pour déplaire à celui à qui il semble promis, le capitaine
Bernier, bridé sous Klopas, un cran plus bas sous Schällibaum, et qui avait pu offrir beaucoup de bons ballons aux attaquants dans une position similaire en 2012 lors de l’ère Marsch. Cela conviendra aussi mieux à
Alexander, que beaucoup sont encore surpris de voir au club, pas toujours à l’aise quand il faut défendre mais capable de donner de bons ballons à ses attaquants.
ATTAQUANTS
Oui, au pluriel, même si, quand il est en forme, il n’y a qu’un titulaire indiscutable :
Drogba. Malgré les 38 ans qu’il fêtera le 11 mars, il est toujours bon pied bon œil comme le prouvent les 12 buts qu’il a inscrits en 14 apparitions la saison dernière. Sa présence sur le terrain rassure et offre des solutions à ses coéquipiers, qui ne devront toutefois pas tout miser sur lui, mais terrorise également les défenses… et les arbitres. Il est aussi un des garants de l’ambiance détendue qui règne dans le groupe.
Le principal hic est qu’en son absence, personne ne répond au même profil et l’animation offensive doit donc être différente. Plus expérimenté que ses autres coéquipiers à l’avant, Oduro a la préférence d’autant que sa vitesse est dévastatrice… même si parfois elle est la cause de déchets techniques. S’il est épargné par la malchance,
Porter souhaitera reprendre sur l’élan qui a suivi son but en Ligue des champions. La concurrence entre jeunes sera rude puisque Salazar, auteur d’une excellente préparation, en est déjà à l’étape où il veut faire ses preuves lors d’un match officiel. Quant à
Jackson-Hamel, il compte bien surmonter leur concurrence pour faire honneur aux joueurs formés au club.
Reste enfin le cas de Venegas, qui est surtout à l’aise en soutien de l’homme de pointe dans un schéma à deux attaquants que l’équipe n’utilise jamais ou presque.
CONCLUSION
La disponibilité de Drogba sera importante, non seulement à cause de son influence sur le terrain, mais aussi pour offrir aux autres joueurs de la stabilité dans l’animation offensive. Il faudra également voir comment, en son absence, l’équipe pourra être menaçante dans le jeu aérien.
L’entrejeu, remanié, devra démontrer qu’il est capable de conserver le ballon et de combiner avec les joueurs à vocation défensive pour construire le jeu, puisque ce sont les volontés exprimées par Biello. Ce dernier devra prouver que quand il tente quelque chose, comme inverser les positions de ses arrières latéraux, c’est fructueux. Autres points à surveiller de près : le jeu sur les flancs, tant offensif que défensif, qui a souvent été une faiblesse par le passé, ainsi que la discipline derrière.
Malgré la sixième place au classement général la saison dernière, le club évite d’être trop gourmand et son objectif affiché est une place dans le top 5 de sa conférence, en plus d’une victoire en Coupe du Canada. Il semble paré pour passer une bonne partie de la saison dans la première moitié du classement et se qualifier sans anicroches. Reste à le prouver sur le terrain.