Après une saison 2017 loin des espérances, l’annonce de l’embauche de Rémi Garde et d’un staff avec un bagage solide a ravivé l’enthousiasme des supporters. Pour sa première saison à la barre du club, le Rhodanien aura toutefois fort à faire avec un effectif chamboulé et encore léger à de nombreux égards. Plus qu’un changement de cap, ce début d’année 2018 a toutes les allures d’un vaste chantier.
Gardiens
Tel la tribune qui jouxtait la piste d’athlétisme avant la construction du stade Saputo,
Bush est un des rares pans à résister aux différentes vagues de changement. La saison dernière, il fut toutefois moins solide dans son but, commettant davantage d’interventions erratiques que salvatrices. La concurrence a été attisée avec l’arrivée de
Diop, promu premier gardien du LA Galaxy après quelques journées la saison dernière mais retourné sur le banc en fin d’année. Fait inusité, il y a cette année quatre gardiens dans le noyau, où les jeunes
Pantemis et
Beaulieu ont été intégrés.
Défenseurs
Le premier geste effectué durant l’intersaison fut aussi le plus spectaculaire : envoyer Ciman à Los Angeles. Avec les départs de Boldor et Lefèvre qui ont suivi, la défense centrale était aussi dégarnie que le crâne de l’international belge. Pour compenser son départ, le club a acquis
Diallo, un des meilleurs défenseurs de D2 française il y a un an. Il aurait pu jouer aux côtés de
Fisher, l’une des satisfactions de la saison dernière, mais le jeune américain a dû se contraindre à une opération suite à une fracture de stress et sera à l’écart durant les premiers mois. Comble du malheur, Diallo s’est blessé à quelques jours du premier match de championnat, et pourrait rater une bonne partie de la saison. Il ne reste qu’un défenseur central de métier dans l’effectif :
Cabrera. Celui qui était considéré comme le maillon faible de la défense, voire de l’équipe, lors de ses beaux moments en 2015 et 2016 doit en devenir, pour ce début de saison, le patron. En attendant du renfort, il pourrait être épaulé par Raitala, Duvall voire Donadel.
Sur chaque côté, un joueur est parti - Camara à la retraite, Oyongo à Montpellier - et l’autre est resté. Les départs ont été compensés avec l’objectif d’attiser la concurrence. À droite,
Duvall, l’un des joueurs les plus utilisés en 2017, devra faire preuve de résilience pour récupérer une place désormais prise par
Petrasso, un international canadien habitué à jouer plus haut sur le terrain et qui revient au pays après cinq ans des les divisions inférieures anglaises. À gauche, le nouveau venu s’appelle
Raitala, un Finlandais qui arrive de Columbus et a beaucoup bourlingué en Europe avant ça, en Scandinavie, mais aussi en Allemagne, aux Pays-Bas et en Espagne. Des arguments pour faire de l’ombre à
Lovitz, dont le club parlait en 2017 comme son meilleur défenseur malgré tous les buts venus de son côté en deuxième moitié de saison.
MÉDIANS
Le retour de Dzemaili à Bologne et la retraite de Bernier ont laissé un trou dans l’entrejeu, où Garde conserve un système à trois éléments axiaux. Le plus défensif d’entre eux sera
Piette, dont la fougue a rapidement conquis le public montréalais à son arrivée en milieu de saison dernière. Durant la préparation, on l’a vu jouer plus bas, ce qui laisse présager de la position du bloc en début de saison. Pour le suppléer,
Donadel reste une valeur d’expérience. S’il couvre moins de terrain que son jeune coéquipier et que sa condition physique va en déclinant, sa longue relance a déjà fait souffrir plus d’un adversaire.
Le nouveau poumon de l’entrejeu s’appelle
Taïder : il a impressionné par son volume de jeu dans la préparation, et a montré certaines facultés offensives moins attendues qui feront du bien à l’équipe. Arrivé de Bologne, il a le statut de joueur désigné et remplace numériquement Bernier.
Vargas est censé être le successeur de Dzemaili, mais dans un rôle différent, plus offensif et plus proche des attaquants, lui qui peut aussi occuper un flanc. Lié au club depuis plusieurs années, il a enfin débarqué cet hiver suivi d’une réputation mêlant talent et frasques.
À leurs côtés, quelques jeunes peuvent tirer leur épingle du jeu.
Shome et
Krolicki ont été essayés dans diverses rôles durant la préparation : à eux de s’adapter rapidement aux tâches qu’on leur assignera… et au niveau de la MLS. N’oublions pas non plus
Béland-Goyette, malchanceux d’être blessé durant les stages alors qu’il y avait pour lui une opportunité à saisir.
Si les options dans les rôles de récupérateur et relayeur sont assez nombreuses, ce secteur a quand même un cruel manque de créativité. Beaucoup dépendra dans un premier temps du rendement de Vargas, mais s’il est insuffisant ou que le joueur est indisponible, il pourrait rapidement y avoir un chaînon manquant dans la construction du jeu.
AILIERS ET ATTAQUANTS
Rare valeur sûre au coup d’envoi de la saison,
Piatti fera encore office de bougie d’allumage sur l’aile gauche… et probablement de cible devant le but, lui qui a retrouvé le chemin de filets qu’il a rempli à profusion depuis qu’il a été repositionné sur son flanc de prédilection. Un modèle pour le jeune
Choinière, son remplaçant attitré qui peut apprendre à ses côtés tout en voulant se perfectionner grâce à davantage de temps de jeu.
De l’autre côté, la place est promise à
Edwards, remplaçant de luxe à Toronto l’an dernier qui voudra rapidement prouver qu’il a sa place dans quasiment n’importe quelle équipe de MLS n’ayant pas des vedettes à pratiquement tous les postes. Il ne semble pas réellement avoir de concurrent,
Oduro étant au ban de l’équipe. En cas de besoin, Petrasso pourrait monter d’un cran ou Vargas être décalé.
En pointe, cela devait se jouer entre
Mancosu et
Jackson-Hamel, mais le
Bombardier de Limoilou s’est occasionné une blessure musculaire en fin de préparation. L’Italien a donc toute la latitude de prouver que son réel apport est davantage celui de la fin de saison 2016 que celui de l’année 2017 au complet. En cas de pépin, Vargas pourrait dépanner en pointe, où il y aura quand même rapidement besoin de garanties.
CONCLUSION
Avec un effectif composé de 24 joueurs au coup d’envoi de la saison, Montréal a encore beaucoup d’espace pour aller chercher des renforts dont il aurait bien besoin. Le noyau manque beaucoup d’équilibre et le onze de base tient à peine la route quand tout le monde est disponible. À l’heure d’écrire ces lignes, l’entrejeu est le plus consistant mais sa créativité reste incertaine, le poids de l’attaque repose sur les épaules de Mancosu et Cabrera est l’homme-clef de la défense.
Même si quelques rares joueurs sont au club depuis plusieurs années, l’impression qui domine est la même que pour la plupart des équipes qui font leur entrée en MLS : un vaste chantier. Dès lors, les attentes sont très basses de la part de nombreux supporters, à juste titre. Cette année à Montréal, vaut mieux ne pas trop penser aux résultats - toute bonne surprise sera un bonus. Les progrès constatés dans le jeu entre le début et la fin de l’année importeront plus que tout. Histoire d’entamer 2019 du bon pied et sur un élan constructif.