MONTRÉAL : Ricketts, Valentin, Thomas, Ferrari, Wahl, Arnaud, Warner, Felipe, Mapp (57
e Neagle), Nyassi (68
e Ubiparipovic), Corradi (89
e Sebrango)
PORTLAND : Perkins (67
e Bendik), Purdy (20
e Braun), Mosquera, Brunner, Smith, Palmer, Jewsbury, Nagbe, Chara, Perlaza (59
e Songo’o), Boyd
ARBITRE : M. Gonzalez
AVERTISSEMENTS : Nyassi, Boyd
LES BUTS : 76
e Corradi (pen., 1-0), 84
e Ubiparipovic (2-0)
Montréal a remporté son deuxième succès de la saison contre Portland, en exploitant bien les points faibles d’un adversaire dans des domaines dans lesquels l’équipe n’a pourtant pas excellé depuis le début de la saison.
Après dix jours sans match, un peu de repos et quelques entraînements servant à autre chose que spécifiquement préparer un match, Jesse Marsch confirma qu’il faisait entière confiance au onze de base aligné lors des rencontres précédentes, en le reconduisant. Portland de son côté était toujours privé du dangereux Alhassan, blessé au genou, une bonne nouvelle pour Wahl…
Bien du monde avant la rencontre criait haut et fort que ce serait un duel physique et qu’il fallait se méfier comme la peste de Portland sur les coups de pied arrêtés. Et pourtant, en faisant mes devoirs sur
visiondujeu.com, chiffres et vidéos à l’appui, je ne m’attendais vraiment pas à ça. Les pensionnaires de l’Oregon n’avaient marqué que deux fois cette saison sur phases arrêtées (et chaque fois face à un Philadelphie à la rue lors du premier match de l’année) et seulement quatre fois l’an dernier après fin juillet. Quant à la rencontre, elle fut tout sauf physique !
On pouvait davantage s’attendre à un “duel de points faibles”, si je puis m’exprimer ainsi. Par exemple, les buts encaissés par Portland : 8 sur 11 venaient du flanc gauche adverse ! Mais l’Impact n’avait jamais encore marqué cette saison en passant par ce côté-là… Autre exemple : la propension des deux formations à s’effondrer en fin de match, elles qui font partie de celles encaissant le plus dans le dernier quart d’heure.
Mais le contrôle du ballon et son paradoxe montréalais pouvaient avoir un impact non négligeable sur le résultat. Avec seulement un but inscrit sur contre-attaque, Portland éprouve bien des difficultés quand il est privé du ballon. De quoi plaire à des Montréalais qui aiment le garder en leur possession… mais ont surtout marqué en reconversion rapide. Oui mais voilà : Portland est une des équipes les moins bien en place défensivement de la MLS et qui encaisse le plus sur attaque posée…
Le début de match fut long à se décanter et la première occasion tomba peu avant le quart d’heure, quand Mapp effectua un raid sur le flanc gauche, se joua de Brunner avant de centrer au cordeau pour Arnaud qui rata le plus facile en envoyant le ballon très loin au-dessus. C’était le seul danger notable de cette partie de match et donc, aucune des deux équipes n’a encore marqué cette saison avant que le chronomètre n’affiche quinze minutes.
Le niveau n’atteignait pas des sommets et tôt dans la partie, les visiteurs furent privés de leur arrière droit Purdy. Une chance pour le jeune Braun, médian de formation, de saisir sa chance du côté où son équipe avait encaissé près de 80% de ses buts cette saison… ou pour l’Impact d’enfin marquer son premier but en MLS en passant par le côté gauche.
Après un tir de loin de Felipe sur Perkins, Mapp montra à Braun qu’il comptait lui faire passer une après-midi difficile, avant de céder à Warner qui tenta de dribbler toute la défense adverse dans le rectangle : il enthousiasma la foule en réussissant le début de sa mission avant de s’enferrer dans les arrières qui s’étaient regroupés devant lui.
Quelques tirs sans conviction, notamment de Perlaza, vinrent donner un peu de travail à Ricketts qui n’avait que quelques dégagements comme rares efforts à produire. Portland, tellement plus à l’aise quand il fait le jeu – ce qui peut expliquer l’écart entre ses résultats chez lui et en déplacement – était privé de ballon et montrait que la reconversion offensive n’est vraiment pas sa force. L’Impact prouvait une nouvelle fois ses capacités à conserver le ballon mais à ne pas être capable d’en faire une utilisation efficace.
Il y eut un peu plus de spectacle en fin de mi-temps, quand Arnaud profita d’un long ballon pour surprendre la défense, devancer Perkins mais ne pas résister au retour de Smith, puis quand Ricketts dut sortir un arrêt plus spectaculaire que difficile suite à un tir de Jewsbury qui s’était infiltré côté droit et avait été laissé seul, enfin quand un Arnaud déborda sur la droite avant de servir Corradi incapable de cadrer sa reprise. Ça n’empêcha pas les deux équipes de regagner les vestiaires sans que la marque ne soit déflorée.
Les vingt-deux mêmes acteurs remontèrent sur la pelouse après le repos où le rythme ne changea guère non plus. Arnaud se créa la première occasion de cette deuxième mi-temps, envoyant au-dessus une passe en retrait bondissante de Nyassi, et maudissant certainement la surface artificielle après coup…
Pour le reste, c’était très statique, avec un ballon qui semblait toujours voyager à la même vitesse : manque d’imagination, incapacité à infléchir le rythme des échanges, on voyait une domination stérile dans toute son excellence et l’animation venait principalement des tribunes, sonnant pourtant largement creux mais où le kop montréalais – qui réclamait Sebrango – ne manquait pas à sa tâche.
Un tir de Nagbe suite à un une-deux avec Jewsbury, facilement capté par Ricketts, suscita quelque émoi à l’heure de jeu. Bien moins que quand Perkins resta au sol après être sorti aux devants de Nyassi, bien lancé par Warner, ce qui força le remplacement du portier local par son remplaçant Bendik, sous les applaudissements très fair-play du public.
La fin du match approchait et on se demandait qui allait s’écrouler. On eut un premier indice quand un tir de loin de Felipe dévié provoqua un corner qu’un visiteur faillit bien envoyer dans son but et que Bedik dut repousser à même la ligne.
Ce fut ensuite au tour de Smith de jouer au gardien de but en arrêtant de la main une frappe de Warner sur un centre de la gauche de Wahl. Eh oui, ces fameux centres de la gauche sur lesquels Portland est tellement friable… Il y eut ensuite une période de flottement avec l’arbitre qui parla à deux de ses assistants avant de confirmer le penalty, mais ne sanctionna pas le fautif du moindre carton. Corradi garda son calme et ouvrit la marque pour Montréal (1-0).
Menant au score, l’Impact devait absolument continuer à garder le ballon et ne pas reculer afin d’empêcher son adversaire de construire. Il s’y attela et fut récompensé rapidement en doublant son avance face à une défense visiteuse qui confirma son fléchissement de fin de partie. Ainsi, elle eut le rôle de spectatrice quand Corradi et Arnaud préparèrent le deuxième but qu’Ubiparipovic n’eut plus qu’à pousser au fond des filets.
La messe était dite même si Valentin dut sauver les meubles durant les arrêts de jeu alors qu’un adversaire était à l’affût pour reprendre une frappe de Songo’o repoussée par Ricketts.
Ah oui, tiens, et ces fameux coups de pied arrêtés ? Eh bien Portland en a eu quelques-uns, très bien placés, et fut nullement menaçant lors de ces phases. De quoi rappeler certains à leurs devoirs d’avant-match.
Sur le terrain, les Montréalais, de leur côté, ont bien effectué leur travail et repartent avec les trois points pour la deuxième fois de la saison, alors que, première, Ricketts n’a pas dû aller rechercher aucun ballon au fond de ses filets. De quoi gonfler le moral des troupes avant l’importantissime demi-finale aller de Coupe du Canada de mercredi prochain contre Toronto, la seule autre équipe battue par l’Impact cette saison.