TORONTO : Frei, Richter, Califf, Henry, Morgan, Bostock, Bekker (72e Silva), Osorio, Welshman, Wiedeman, Braun (72e Ephraim)
MONTRÉAL : Bush, Brovsky, Camara, Ouimette, Tissot, Bernier, Nyassi (77e Pisanu), Warner, Mallace (60e Paponi), Mapp (60e Romero), Wenger
ARBITRE : M. Ward
AVERTISSEMENTS : Mallace, Wiedeman
LES BUTS : 49e Henry (1-0), 81e Wiedeman (2-0)
Deux équipes laissant la plupart de leurs cadres au repos ont offert un spectacle déplorable en demi-finale aller de la Coupe du Canada. Toronto s’en est le mieux sorti en battant Montréal 2-0.
Encore une tâche pour l’Association canadienne de soccer : revaloriser sa coupe nationale (qu’elle appelle erronément championnat). Dès qu’on a vu la composition des équipes, cet état de fait a sauté aux yeux : les deux entraîneurs ont décidé de laisser la plupart de leurs titulaires au repos. Tant et si bien que parmi les 12 joueurs à avoir disputé le plus de minutes cette saison de chaque côté, ils n’étaient que quatre sur le terrain pour Montréal et trois pour Toronto.
Si l’Impact en avait un de plus, c’était toutefois compensé par le fait que deux d’entre eux (Camara et Brovsky) évoluaient à un poste où on ne les voit généralement plus, même s’ils y ont beaucoup d’expérience. Les deux autres étaient Bernier, évidemment, et Ouimette. On peut quand même ajouter que Mapp et Nyassi sont des titulaires en puissance, alors que Warner l’était de façon indiscutable la saison dernière, et que tout le monde savait que Bush serait le gardien pour ce match.
Ajoutons-leur Tissot, à l’arrière gauche, Mallance, dans l’axe de l’entrejeu, et Wenger devant, et on obtient un onze qui ne manque pas de qualités, certes, mais où de trop nombreux cadres de l’équipe faisaient défaut. Pas de Nesta, Di Vaio, Arnaud… mais la constatation était la même en face, en l’absence de Lambe, Earnshaw ou O’Dea.
Avant l’arrivée de l’Impact en MLS, beaucoup de monde au club disait souvent que la différence entre la D1 des USL (de l’époque) et la MLS (de l’époque, quand même moins forte qu’à présent), c’était simplement trois ou quatre joueurs importants. À de nombreux égards, le match de ce mercredi soir leur a donné raison, tant on s’est souvent cru revenu quelques années en arrière. La plupart des joueurs étaient quand même plus talentueux, et la réalité était quelque part entre ça et le début de saison dernière.
Sur le terrain, ça se reflétait par de flagrants manques d’automatismes, beaucoup de déchets dans le jeu, très peu de construction et des actions qui n’allaient pas à leur terme. Alors, comme du temps des passionnants duels contre le Miami FC, les occasions arrivaient sur coups de pieds arrêtés. Comme ce coup franc des 25 mètres légèrement excentré sur lequel Bostock tenta sa chance directement mais que Bush détourna en corner, ou un corner repris par Henry d’une tête trop croisée. Ou elles donnaient l’impression de tomber par hasard, comme quand un ballon de Wenger arriva à Mapp tout surpris de le recevoir au petit rectangle, et qu’il ne put envoyer au fond des filets. C’en était tout pour la première mi-temps, extrêmement pauvre.
La seconde n’a pas tardé à offrir ce qui pouvait débloquer la situation : un but. Mais il était à l’image de ce qu’on avait vu jusqu’à ce moment-là, un mélange de phase arrêtée, de hasard et de n’importe quoi. Un corner pas très bien donné, mal dégagé et mal repris à plusieurs reprises, jusqu’à ce qu’il arrive dans les pieds d’Henry, qui a relevé le niveau en envoyant une belle frappe imparable pour Bush (1-0).
L’Impact semblait complètement prostré depuis la reprise de ce qu’on pouvait difficilement appeler des hostilités. En quelques minutes, Toronto a eu deux belles occasions de doubler son avance. Osorio a pris le dessus sur Tissot avant de centrer vers Wiedeman dont la déviation au petit rectangle ne put être correctement ajustée. Un coup franc de Bekker trouva ensuite Braun qui avait devancé Bush, lequel avait complètement raté sa sortie, mais la reprise de la tête de l’ancien protégé de Jesse Marsch échoua hors-cadre.
Les montées au jeu de Romero mais surtout Paponi ont permis aux Montréalais de reprendre un peu de poil de la bête. Dans le sens où après leur arrivée, le match a davantage ressemblé à la première mi-temps qu’au calvaire subi par l’Impact après la pause. Et donc, question occasions, on retombait quasiment dans le néant. Soulignons un tir de Wiedeman, au-dessus, tout comme la reprise de Camara suite à un coup franc donné par Bernier : rien pour inquiéter les gardiens, mais c’est ce qu’on avait de mieux à se mettre sous la dent…
Toronto aussi avait une ressource intéressante sur le banc : Luis Silva. Ajoutez Paponi et vous avez quelques remplaçants qui ont permis de relever le niveau des débats, loin cependant d’atteindre des sommets. Mais Silva nous a gratifiés de ses qualités : après avoir récupéré une mauvaise passe de Ouimette, il a superbement lancé Wiedeman entre Camara et Tissot. L’homme le plus dangereux sur le terrain s’est présenté seul face à Bush et ne s’est pas fait prier pour marquer le but du 2-0.
C’était suffisant pour les Torontois, alors que l’Impact a essayé, en vain, de réduire le score mais sans arriver à se montrer le moindrement menaçant. C’est au contraire Wiedeman qui est parvenu à se présenter seul face à Bush et il fallut que le gardien visiteur repousse son envoi des poings pour empêcher le score de prendre des proportions dramatiques en vue du match retour.
Car malgré le retard de deux buts, il y aura moyen de renverser la situation dans une semaine au stade Saputo. Mais pour cela, il faudra se présenter dans d’autres dispositions et avec les cadres de l’équipe sur le terrain. Ils devront s’arracher pour remonter ce retard… et peut-être puiser bien davantage dans leurs réserves que s’ils avaient joué ce soir. À moins qu’on les laisse encore au repos, ce qui prouverait bien que les beaux discours sur la volonté de retourner en Ligue des champions étaient simplement des paroles en l’air.