MONTRÉAL : Bush, Reo-Coker, Lefèvre, Toia, Tissot, Mallace, Donadel, Mapp (87e Oduro), Piatti (70e Duka), Romero (75e Alexander), Drogba
CHICAGO : Johnson, Cochrane, Larentowicz, Gehrig, Palmer, Stephens, Cocis (75e Watson), Shipp, Nyarko (83e Johnson), Igboananike, Gilberto (75e Magee)
ARBITRE : M. Petrescu
AVERTISSEMENTS : Tissot, Gilberto, Bush
LES BUTS : 27e Drogba (1-0), 36e Larentowicz (pen., 1-1), 42e Lefèvre (2-1), 44e Gilberto (2-2), 59e Igboananike (2-3), 61e Drogba (3-3), 65e Drogba (4-3)
Pendant que des hordes d’adolescentes pré-pubères assistaient à un concert de One Direction au Stade olympique, les supporters massés au stade Saputo ont assisté à un match qui a été dans toutes les directions, remporté 4-3 par Montréal et marqué par le premier triplé de Didier Drogba en MLS pour entamer de la meilleure des façons l’ère Mauro Biello.
Après 50 secondes à peine, Donadel envoyait un long ballon aérien vers Drogba qui, juste avant l’entrée du petit rectangle, l’a repris de la tête mais l’a envoyé juste au-dessus. Le ton était-il donné ? Oui et non… Oui, dans la mesure où l’attaquant ivoirien a presque systématiquement été cherché par ses coéquipiers. Non, dans la mesure où dans un premier temps, les occasions se firent rares, et les intentions furent rarement concrétisées, car les habitudes avec Oduro sont différentes. On y reviendra.
Le début de rencontre était plutôt stérile, avec pas grand-chose à voir et beaucoup d’imprécisions de part et d’autre. Les deux équipes étaient crispées, et dans un autre championnat, on aurait parlé de rencontre typique entre deux adversaires luttant pour leur maintien. Bush a attendu dix minutes avant de voir du danger dans ses parages. Igboananike était l’adversaire le plus remuant, et sema un premier simili-trouble, mais Toia était bien placé pour le contrer et dévier son tir en corner.
L’occasion suivante allait, avant de se transformer en danger, être symptomatique du début de soirée offensive montréalaise. Après avoir débordé, Mapp a levé la tête pour constater qu’il n’y avait personne dans le rectangle. Que ce soit lui, Romero ou d’autres, on voyait clairement qu’ils attendaient à un endroit précis un joueur lancé à toute vitesse. Oduro… Sauf que le joueur en question n’était pas là, car Drogba ne joue pas du tout de la même manière, et les plans étaient souvent contrecarrés. Une question d’automatismes, évidemment, pas question ici de pointer du doigt un joueur en particulier.
Nous disions donc qu’après avoir débordé, Mapp n’a vu personne dans le rectangle où il souhaitait envoyer le ballon en première intention. Ça ne l’a pas empêché de centrer plus en retrait, vers Mallace, qui a tenté un contrôle subtil pour faire passer le ballon au-dessus de la défense. Le geste n’était pas mal, mais le ballon est allé un petit peu trop loin et Johnson a pu s’en emparer.
Le premier quart de rencontre ennuyeux a pris fin avec un beau travail sur la droite d’Igboananike dont le centre est passé devant tout le monde avant d’arriver de l’autre côté du rectangle et d’être repris par Shipp, mais il y avait trop de monde sur la trajectoire de la frappe, qui ne pouvait qu’être contrée. C’est alors que l’animation a commencé. Jusqu’à la pause, faute d’action, il y eut des buts, avant un début de deuxième mi-temps on ne peut plus spectaculaire.
C’est en fait l’ouverture du score qui a sonné la charge. Monté sur la droite en toute quiétude, Reo-Coker a centré pour Drogba qui, dos au but, s’est appuyé sur Gehrig. Le défenseur s’est fait prendre comme un amateur et s’est retrouvé au sol, pendant que l’Ivoirien continuait son mouvement, se retournait et se retrouvait seul face à Johnson, qu’il trompait sans peine pour ouvrir le score (1-0). Les supporters ont pensé pouvoir bondir une deuxième fois de joie quelques minutes plus tard, quand un corner était repris de la tête par Lefèvre juste à l’extérieur du deuxième poteau.
Mais on a au contraire eu droit à un moment de stupeur quand Shipp, en pleine course, s’est emparé d’un ballon qui traînait dans le rectangle, puis fut accroché par Tissot. Celui qui était aligné ce soir au poste d’arrière gauche avait tendu la jambe pour jouer le ballon et, sur le coup, la faute était peu évidente, mais les images TV ne laissent planer aucun doute : il y avait bel et bien penalty. Larentowicz l’a concrétisé en prenant Bush à contre-pied (1-1).
La pluie de buts allait se poursuivre. Un corner, tiré côté gauche cette fois, s’est dirigé vers Lefèvre, complètement oublié, dont la reprise de la tête a fini de l’autre côté du poteau, le bon, pour faire 2-1. Mais alors que tout le monde était encore un train de fêter, Igboananike nous a gratifiés de quelques arabesques sur la droite du rectangle avant d’envoyer un centre au cordeau pour Gilberto, mal tenu, qui a égalisé d’une reprise en un temps (2-2).
Il a bien fallu s’accrocher pour suivre les évènements après la pause. Avant que les occasions ne commencent à tomber, on a rapidement constaté que Mapp et Romero avaient eu la consigne de rentrer davantage dans le jeu. L’Argentin piquait quelques sprints, et comblait de la sorte l’absence d’Oduro. C’était différent, mais moins perturbant pour les autres, qui ne cherchaient plus de solution alternatives après un effort. Le jeu offensif était plus fluide, mais il a fallu attendre quelques minutes avant que ça ne porte ses fruits. Chicago a été le premier à porter le danger en deuxième mi-temps, un puissant tir d’un angle fermé de Gilberto sur la droite du rectangle, obligeant Bush à dévier en corner cette frappe qui partait bien.
On vit ensuite les premiers signes de l’animation offensive améliorée. D’abord quand Mapp lança dans l’intervalle Romero qui était rentré dans le jeu. Après un crochet pour effacer son adversaire direct, l’Argentin envoya une frappe bien placée qui obligea Johnson à effectuer un superbe arrêt. Ce fut ensuite au tour de Mapp de plonger dans un espace dans l’axe, pour reprendre en un temps un centre de Reo-Coker, mais une fois de plus, Johnson s’est interposé.
Le match était de plus en plus animé. Bien que jouant à l’extérieur, Chicago ne se résignait pas à rester à onze derrière et à attendre son adversaire. Il tentait par moments de s’installer dans le camp montréalais et, à tout le moins, de conserver le ballon. Shipp était particulièrement actif. Tout comme Igboananike. Et ces deux-là ont joué un bien mauvais tour aux supporters locaux quand le premier nommé a envoyé un corner au premier poteau où a émergé son partenaire qui, de la tête, a fait 2-3.
Mais là encore, pas le temps de respirer que l’égalisation tombait. Suite à une erreur d’arbitrage, il faut le reconnaître. Montréal a hérité d’un coup franc bien placé et Piatti a voulu le jouer rapidement. Il avait le ballon en mains et l’a envoyé au sol, avant de faire une passe alors que le cuir roulait, ce qui est interdit. Drogba ne s’est pas posé de question et a envoyé un puissant tir croisé pour porter les chiffres à 3-3.
C’était peut-être le tournant du match, car dès cet instant, Chicago n’a presque plus jamais semblé en mesure d’inquiéter son adversaire, qui se sentait pousser des ailes, mais devait toutefois encore marquer un but pour remporter les trois points de la rencontre. Il a failli tomber quand, après une superbe sortie de défense pour récupérer un ballon, Toia a trouvé Piatti dans le dos la défense de Chicago, mais Johnson était encore à la bonne place pour empêcher le tir d’arriver au fond de ses filets.
C’est du côté droit montréalais que la délivrance est tombée. C’était d’un côté le plus actif de l’équipe locale, mais aussi, et de loin, le plus poreux des visiteurs, qui ont souvent la coutume d’y organiser une soirée portes ouvertes. À la grande joie de Reo-Coker, à la source du premier but, de Mapp, qui y a pris un malin plaisir toute la soirée, mais aussi de Mallace, qui est allé y chercher un ballon qui traînait sans qu’aucun adversaire ne s’y intéresse. Il a ensuite eu tout le temps de centrer vers Drogba dont la volée a été dans un premier temps contrée par Johnson, avant que le ballon ne cherche à atteindre la lune puis ne retombe : cette fois, le gardien visiteur allait être battu, d’une tête de l’attaquant Ivoirien, qui marquait ainsi un triplé pour sa première titularisation (4-3).
La nouvelle vedette montréalaise venait de faire changer le match de cours, l’autre joueur désigné a eu l’occasion de creuser l’écart. Mais Johnson a encore été fabuleux, effectuant deux interventions clefs en deux minutes. La première, un superbe arrêt suite à un petit ballon que Piatti avait tenté de placer dans le plafond, alors qu’il était à 20 mètres du but. La seconde, sur un tir à distance de l’Argentin, repoussé dans un premier temps par la transversale.
Mapp, qui, durant ce match, a montré à de nombreuses reprises tout ce qu’il pouvait apporter à cette équipe, a également semé la panique dans la défense de Chicago, d’un effort solitaire qui l’a vu tenter sa chance de loin après être rentré dans le jeu, mais son tir, contré, a fini au-dessus.
Dans le dernier quart d’heure, Chicago voulait mais ne pouvait plus. Il a tenté de presser, tenté de s’installer dans la moitié de terrain de l’Impact, tenté de garder le ballon, mais même lorsque ça fonctionnait, ça ne se transformait presque jamais en occasion. En fait, il n’y en eut qu’une digne de ce nom, un centre de la droite que Gehrig, monté, a repris de la tête droit dans les bras de Bush.
Si la suite des évènements fut animée, ce fut surtout en raison de l’excitation qui régnait dans le stade suite à ce match qui a été dans tous les sens. Dès qu’un joueur semblait en position de tir, les spectateurs s’agitaient dans toutes les directions. Mais il n’y eut plus d’occasion avant les arrêts de jeu. Johnson s’interposa encore, sur un tir au sol bien placé par Duka, concédant un corner sur lequel Drogba dribbla tout le monde, y compris la ligne de fond, avant d’envoyer un centre-tir qui a longé la ligne de but.
Il n’en fallait pas plus pour que les célébrations, tant de la victoire que du nouveau joueur désigné, n’atteignent leur apogée. L’arbitre pouvait mettre fin aux débats, et au premier match officiel de l’ère Mauro Biello, qui ne pouvait rêver meilleurs débuts.