MONTRÉAL : Bush, Toia, Camara, Cabrera, Oyongo, Mallace (67e Donadel), Bernier, Salazar, Piatti (89e Ontivero), Shipp, Drogba (79e Mancosu)
PHILADELPHIE : Blake, Rosenberry, Yaro, Marquez, Gaddis, Carroll, Barnetta, Alberg (57e Herbers), Le Toux (57e Restrepo), Pontius, Sapong (78e Fernandes)
ARBITRE : M. Elfath
AVERTISSEMENTS : Salazar, Barnetta, Mallace, Gaddis, Bernier
LES BUTS : 19e Drogba (1-0), 42e Drogba (2-0), 52e Drogba (3-0), 73e Pontius (3-1), 87e Piatti (4-1), 90e Mancosu (5-1)
Trois buts de Drogba, une toute grande prestation de Piatti : Montréal a mangé Philadelphie tout cru, s’imposant 5-1 en montrant à tout le monde comment mettre en pièces un adversaire qui avait pourtant reçu de nombreux compliments depuis le début de la saison.
Privé de Ciman et de Lefèvre, blessés, et d’Alexander, parti, mais réjoui des retours de Toia et de Piatti, Mauro Biello a forcément apporté quelques changements dans son équipe. Camara passait dans l’axe de la défense, alors que Toia évoluait à droite, laissant le couloir gauche à Oyongo. Bernier relayait Alexander, alors qu’Ontivero et Oduro étaient sur le banc, tout profit pour Salazar.
À Philadelphie, malgré la disponibilité de tout le monde sauf du blessé de longue date Edu, Jim Curtin avait réservé la même surprise qu’au printemps lors du premier match entre les deux équipes au stade Saputo en laissant son arrière gauche Fabinho sur le banc. Même si les deux équipes se connaissaient déjà bien en raison de ce duel préalable, le début de rencontre fut un long round d’observation.
Il fallut attendre près de 20 minutes pour voir une occasion… et ce fut immédiatement un but. Avec une dose de régal donnant le ton de la soirée. Oyongo a pu déborder suite à une-deux avec Piatti, auteur d’une belle talonnade sur l’action, avant d’envoyer un centre très mal jugé par Yaro et Blake. Le ballon leur est passé sous le nez, et derrière eux, en fin renard, Drogba a conclu facilement (1-0).
L’ouverture du score a donné confiance à Montréal, qui a joué plus haut, n’a pas laissé Philadelphie développer son jeu, entrer dans ses 15 derniers mètres et encore moins envoyer des ballons au petit rectangle. Le seul bémol, temporaire, résidait dans quelques fautes offrant des coups francs potentiellement dangereux. Comme celui sur lequel Barnetta a trouvé Le Toux, qui s’était faufilé entre deux défenseurs mais dont la reprise de la tête était trop molle pour inquiéter Bush.
Dans l’incapacité de jouer ses atouts habituels, Philadelphie ne parvenait pas à développer un plan B. Dès lors, le match était entre les mains d’un Montréal en contrôle, qui ne sortait cette fois pas de son plan. Les occasions étaient rares, et l’animation venait surtout d’un Piatti très inspiré nous gratifiant de nombreux gestes techniques, sans toutefois tomber dans l’excès d’individualisme. Il effectuait le bon choix au bon moment. Parfois, évidemment, cela pouvait être la frappe. Comme celle de loin, sans problème pour Blake, qu’il a envoyée peu après la demi-heure.
Moins à la recherche du deuxième but à tout prix, davantage maître de son sujet : Montréal était plus patient, et cela a payé. Face à une équipe qui n’a pas besoin de vitesse pour marquer mais en manque parfois pour défendre, il était important de saisir les occasions de contre. Ce fut chose faite juste avant la mi-temps, quand Bernier a surgi sur une passe molle de Rosenberry vers Barnetta, permettant à Piatti de s’engouffrer seul dans l’axe. Après avoir gagné son duel avec Marquez, l’Argentin a filé seul vers Blake qui a certes remporté le face à face mais n’a pu que repousser le ballon vers Drogba, qui a doublé l’avance (2-0).
2-0 au repos, c’était de bon augure, surtout quand on connaît les débuts de deuxième mi-temps fulgurants de Montréal cette saison. Et celui-ci n’a pas échappé à la règle. Profitant encore d’un espace monumental dans l’axe visiteur, Piatti a servi Drogba qui s’était faufilé entre Marquez et Gaddis. Pendant que les deux défenseurs se regardaient avec dépit voire colère réciproque, tout le stade saluait le troisième but de l’Ivoirien (3-0).
Il y avait quand même une légère injustice dans cette rencontre. Auteur de trois buts, Drogba signait une toute bonne prestation, cela va sans dire, mais elle faisait de l’ombre à celle de Piatti, meilleure encore. Quelques instants après le but, l’Argentin est passé bien près du but qu’il aurait tant mérité : ayant profité d’un ballon qui traînait, il s’était mis en bonne position sur le côté droit du rectangle mais son tir est passé peu à côté.
Après un ralentissement compréhensible compte-tenu de la situation, on a assisté au bouquet final du feu d’artifice dans les 20 dernières minutes. Une action développée sur la droite est arrivée à Salazar, dont le tir était trop croisé. Quelques instants plus tard, servi par Shipp plein axe, Piatti a tenté une pichenette en un temps, hors-cadre.
Philadelphie tentait vaille que vaille de jouer son jeu. Avec moult difficultés, certes, mais l’Union continuait de taper sur les mêmes clous. Et cela a payé à un peu plus d’un quart d’heure du terme quand un centre de la droite est arrivé à Pontius qui a voulu remettre le ballon au deuxième poteau vers Sapong… mais l’a envoyé directement dans le but. 3-1, le match était-il relancé ?
À 3-2, il l’aurait été sans le moindre doute. Et on en est passé tout près suite à un nouveau centre de la droite qui est passé devant tout le monde jusqu’à ce que Camara se jette sur le ballon et l’envoie droit sur Bush qui a eu toutes les difficultés du monde à maîtriser ce qui s’apparentait à une savonnette (on ne peut pas reprocher au gardien d’avoir eu du mal), faisant passer une sueur froide dans tout le stade. Plus de peur que de mal, finalement.
Cela donnait évidemment espoir aux visiteurs, qui faisaient preuve de davantage de témérité, ce qui a ouvert le match dans les derniers instants… et ce dont Montréal a pleinement profité. Oyongo a envoyé un centre en direction de l’entrée du rectangle : le ballon est passé au-dessus de tout le monde avant d’arriver à la destination visée, les pieds de Piatti. Le grand bonhomme de la soirée a contrôlé, frappé et enfin marqué ce but qu’il méritait tant (4-1).
Ce n’était pas fini. On était dans les arrêts de jeu quand Bernier s’est enfoncé dans l’axe avant de lancer Mancosu qui a gagné son face à face avec Blake pour fixer les chiffres à 5-1.
Si le résultat est peut-être sévère pour les visiteurs, il va sûrement attirer les regards de ses futurs adversaires, et c’est une bien mauvaise nouvelle pour Philadelphie car Montréal a montré, d’un bout à l’autre du terrain, comment le mettre en pièces. Si les autres équipes s’en inspirent, l’Union peut prévoir quelques mauvaises soirées d’ici la fin de la saison à moins de se trouver l’un ou l’autre plan B pour ce genre de moments.
À l’inverse, le résultat est bien entendu idéal pour requinquer le moral de Montréalais qui peinaient trop souvent à s’imposer depuis de longues semaines, malgré un classement tout sauf alarmant. Bien entendu, on retiendra les trois buts de Drogba et la prestation trente-six carats de Piatti. Mais il ne faut pas oublier que collectivement, tout a bien tourné également : sans cela, le score n’aurait pas pris une telle ampleur et on ne serait pas sortis du stade Saputo avec cette impression de match à sens unique face à un adversaire qui dispute une bonne saison.