par louvressac » 17 novembre 2008 6:34
Pendant que la France décidera de son futur champion de France à Gerland
dans une ambiance policée, la Lazio et la Roma se battront comme des
chiffonniers. Une certaine idée du football.
Difficile de dire si c’est une bonne nouvelle ou non, mais le constat est
implacable : le championnat italien constitue aujourd’hui le dernier
refuge du football tel qu’on l’a connu pendant un siècle – comprendre mal
élevé, passionné et populaire. Des preuves ? Les stades sont en mauvais
état. Les supporters se tapent sur la gueule quand ils en viennent par
hasard à se croiser sur une aire d’autoroute. Les polémiques secouent le
pays dès qu’un joueur se brosse les dents dans le mauvais sens. Les
présidents de club sont des patrons d’entreprise complètement baisés et
pas des anonymes placés là par des fonds d’investissement tristes sans un
jour sans Cassanate. Même les retransmissions télévisées ne ressemblent
plus à rien. Alors que regarder un match de Premier League donne
l’impression de jouer à un jeu vidéo – prises de vue ultra modernes,
couleurs saturées, pelouses impeccables – les retransmissions en
provenance de l’autre côté des Alpes semblent postées depuis youtube :
caméra fixe, loin du terrain, lumière dégueulasse. Parfois, il faut
plisser les yeux pour reconnaître le joueur qui a le ballon. Comme à la
vieille époque.
Logiquement, les derbys ritaux sont ce qui se fait de plus old school en
Europe. Pas de marketing nostalgique à la Rangers-Celtic, pas de crunch
indécent façon anglaise (sans rire, Manchester United-Arsenal un choc
historique ?), pas de fête du passement de jambes sauce Barça-Real. Et
évidemment pas de cheaperie à la PSG-OM. A Turin, Milan, Gênes ou Rome, le
derby, en Italie, est une affaire trop sérieuse pour rester dans le cadre
sportif. Michel Platini avait un jour plutôt bien résumé le topo : «
Souhaiter la relégation du Torino ? Jamais de la vie. Pour un supporter de
la Juve, ce serait se priver des deux meilleurs moments de l’année ».
Sinon, il y a Fachetti, l’âme de l’Inter : « Après avoir serré la pogne
d’un type du Milan AC, mon premier réflexe est d’aller me laver les mains
» (1).
De telle sorte qu’il ne faut pas trop s’inquiéter si le Roma-Lazio de ce
week-end n’est pas une grosse affiche sportive. La Roma est en crise, la
Lazio est pas mal, ni l’une ni l’autre ne seront championnes, ni l’une ni
l’autre ne descendront en Serie B, ni l’une ni l’autre n’achèteront Karim
Benzema l’an prochain. Et alors ? C’est pour ces moments que Totti a en
partie flingué sa carrière et que De Rossi s’apprête à faire de même. Ce
sont ces matchs que Nesta, parti de la Lazio au Milan gonfler son palmarès
et se casser la santé, regrettera à jamais. C’est pour ces occasions que
Paolo Di Canio, devenu une idole laziale après avoir planté un but contre
la Roma en 89 à même pas 20 ans, tendait le bras le plus loin possible en
direction de son kop. Buts à la dernière minute, bâches scandaleuses,
tacles à la carotide : le stade Olympique de Rome, ce 15 novembre, ne sera
pas exactement un endroit à recommander aux enfants. Parions néanmoins
qu’ils seront en nombre dans les tribunes.
Ennio Gnocchi
1 - La deuxième partie de la phrase est encore plus savoureuse : « et
quand je serre la main à quelqu’un de la Juve, je compte mes doigts
Pendant que la France décidera de son futur champion de France à Gerland
dans une ambiance policée, la Lazio et la Roma se battront comme des
chiffonniers. Une certaine idée du football.
Difficile de dire si c’est une bonne nouvelle ou non, mais le constat est
implacable : le championnat italien constitue aujourd’hui le dernier
refuge du football tel qu’on l’a connu pendant un siècle – comprendre mal
élevé, passionné et populaire. Des preuves ? Les stades sont en mauvais
état. Les supporters se tapent sur la gueule quand ils en viennent par
hasard à se croiser sur une aire d’autoroute. Les polémiques secouent le
pays dès qu’un joueur se brosse les dents dans le mauvais sens. Les
présidents de club sont des patrons d’entreprise complètement baisés et
pas des anonymes placés là par des fonds d’investissement tristes sans un
jour sans Cassanate. Même les retransmissions télévisées ne ressemblent
plus à rien. Alors que regarder un match de Premier League donne
l’impression de jouer à un jeu vidéo – prises de vue ultra modernes,
couleurs saturées, pelouses impeccables – les retransmissions en
provenance de l’autre côté des Alpes semblent postées depuis youtube :
caméra fixe, loin du terrain, lumière dégueulasse. Parfois, il faut
plisser les yeux pour reconnaître le joueur qui a le ballon. Comme à la
vieille époque.
Logiquement, les derbys ritaux sont ce qui se fait de plus old school en
Europe. Pas de marketing nostalgique à la Rangers-Celtic, pas de crunch
indécent façon anglaise (sans rire, Manchester United-Arsenal un choc
historique ?), pas de fête du passement de jambes sauce Barça-Real. Et
évidemment pas de cheaperie à la PSG-OM. A Turin, Milan, Gênes ou Rome, le
derby, en Italie, est une affaire trop sérieuse pour rester dans le cadre
sportif. Michel Platini avait un jour plutôt bien résumé le topo : «
Souhaiter la relégation du Torino ? Jamais de la vie. Pour un supporter de
la Juve, ce serait se priver des deux meilleurs moments de l’année ».
Sinon, il y a Fachetti, l’âme de l’Inter : « Après avoir serré la pogne
d’un type du Milan AC, mon premier réflexe est d’aller me laver les mains
» (1).
De telle sorte qu’il ne faut pas trop s’inquiéter si le Roma-Lazio de ce
week-end n’est pas une grosse affiche sportive. La Roma est en crise, la
Lazio est pas mal, ni l’une ni l’autre ne seront championnes, ni l’une ni
l’autre ne descendront en Serie B, ni l’une ni l’autre n’achèteront Karim
Benzema l’an prochain. Et alors ? C’est pour ces moments que Totti a en
partie flingué sa carrière et que De Rossi s’apprête à faire de même. Ce
sont ces matchs que Nesta, parti de la Lazio au Milan gonfler son palmarès
et se casser la santé, regrettera à jamais. C’est pour ces occasions que
Paolo Di Canio, devenu une idole laziale après avoir planté un but contre
la Roma en 89 à même pas 20 ans, tendait le bras le plus loin possible en
direction de son kop. Buts à la dernière minute, bâches scandaleuses,
tacles à la carotide : le stade Olympique de Rome, ce 15 novembre, ne sera
pas exactement un endroit à recommander aux enfants. Parions néanmoins
qu’ils seront en nombre dans les tribunes.
Ennio Gnocchi
1 - La deuxième partie de la phrase est encore plus savoureuse : « et
quand je serre la main à quelqu’un de la Juve, je compte mes doigts