par Igor » 14 décembre 2008 9:57
Un article paru dans le journal Le Monde:
Le foot espagnol dans la tourmente
"Il est impossible de gagner au Camp Nou." Par cet aveu d'impuissance à la presse espagnole, Bernd Schuster, l'entraîneur allemand du Real Madrid, a cloué son propre cercueil. Pour affronter le Barça dans le "clasico", samedi 13 décembre à Barcelone, le coach globe-trotter Juande Ramos (12 clubs en dix-sept ans) sera sur le banc madrilène. Il n'est pas certain que cet échange de fusibles suffise à protéger longtemps le président du club merengue, Ramon Calderon, particulièrement malmené par les "socios" au cours d'une assemblée générale houleuse le 7 décembre. Les supporters affiliés au club lui reprochent notamment d'avoir présenté des comptes aussi boiteux que son équipe (une quinzaine de joueurs sont passés par l'infirmerie) et encore moins transparents que le jeu produit depuis le début de la saison.
S'il est distancé au championnat, le Real Madrid pointe toujours en tête du hit-parade des clubs les plus endettés. Quand les dirigeants annoncent une dette de 200 millions d'euros, les chiffres publiés à partir des registres du commerce font état de 527 millions de dettes en 2007, soit plus que le budget du club (366 millions).
Le bénéfice brut de 52 millions d'euros annoncé par M. Calderon est bien mince pour masquer une situation inquiétante. D'autant que, pour rattraper un recrutement estival raté, le club sera tenté de creuser un peu plus le bilan à l'occasion du mercato de janvier. Le Real apparaît comme l'emblème d'un football espagnol efficace sur le terrain avec quatre équipes qualifiées pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions, mais dont la santé économique chancelle.
CESSATION DE PAIEMENT
Au pays champion d'Europe des nations, l'endettement cumulé des vingt clubs de première division atteint 2,8 milliards d'euros, selon une récente étude de l'université de Barcelone. A ce jeu, le Real Madrid est talonné par son voisin de l'Atletico (430 millions de dettes), Barcelone (388 millions) et Valence (286). Ce dernier, actuel troisième de la Liga, serait au bord de la cessation de paiement.
La mise sous administration judiciaire est une étape déjà franchie par le Sporting Gijon, Malaga et la Real Sociedad.
Depuis deux ans en deuxième division, le Celta Vigo, aujourd'hui dans le collimateur des tribunaux de commerce, n'aurait évité la dissolution pure et simple qu'au prix d'un maquillage de ses comptes. "La majorité des dirigeants du football ne géreraient jamais leurs entreprises comme ils le font avec leurs clubs", résume l'économiste catalan José Maria Gay, l'auteur de l'enquête sur les finances de la Liga. Dans un Livre blanc qui sera remis au gouvernement, une commission parlementaire préconise une réforme de l'organisation du football professionnel.
"Il faut vérifier si le modèle actuel des sociétés anonymes sportives est encore viable", a admis au mois de juin, lors d'une audition devant les députés, le secrétaire d'Etat aux sports, Jaime Lissavetsky. Selon un porte-parole du ministère cité par la presse, la loi qui régit le sport professionnel depuis dix-huit ans serait "amplement dépassée" par les pratiques des clubs, dont certains ont alimenté la chronique des scandales ces dernières années. Pour réussir les contorsions financières permettant à certains clubs de rester compétitifs ou tout simplement en vie, il a parfois fallu enfreindre les règles.
Des affaires de corruption supposée viennent de le rappeler. Fin novembre, dans une conversation enregistrée à son insu par le président de la Real Sociedad, un ancien joueur de Ténérife a avoué avoir touché de l'argent du club de Malaga pour perdre le dernier match du championnat de deuxième division 2007-2008, saison à l'issue de laquelle Malaga avait été promu.
Quelques jours plus tard, un autre enregistrement a révélé un "arrangement" entre l'Athletic Bilbao et Levante lors de la dernière journée de la Liga 2006-2007. Grâce à sa victoire 2 à 0, le club basque avait alors échappé à la relégation.
Une pluie de démentis s'efforce, depuis, d'effacer le soupçon. Mais le président de la Real Sociedad a affirmé, jeudi 11 décembre, dans le quotidien El Mundo, qu'il avait des preuves : "Seulement 10 % est sorti pour l'instant", menace-t-il. Dans un sondage, 40 % des Espagnols se disent convaincus qu'il y a de la corruption dans le football.
Jean-Jacques Bozonnet
http://www.lemonde.fr/sports/article/20 ... id=1116590
Si l'UEFA (et notamment Platini) se décidait à instaurer un contrôle de gestion, le foot européen serait un peu plus rééquilibré.
Un article paru dans le journal Le Monde:
[quote][b]Le foot espagnol dans la tourmente[/b]
"Il est impossible de gagner au Camp Nou." Par cet aveu d'impuissance à la presse espagnole, Bernd Schuster, l'entraîneur allemand du Real Madrid, a cloué son propre cercueil. Pour affronter le Barça dans le "clasico", samedi 13 décembre à Barcelone, le coach globe-trotter Juande Ramos (12 clubs en dix-sept ans) sera sur le banc madrilène. Il n'est pas certain que cet échange de fusibles suffise à protéger longtemps le président du club merengue, Ramon Calderon, particulièrement malmené par les "socios" au cours d'une assemblée générale houleuse le 7 décembre. Les supporters affiliés au club lui reprochent notamment d'avoir présenté des comptes aussi boiteux que son équipe (une quinzaine de joueurs sont passés par l'infirmerie) et encore moins transparents que le jeu produit depuis le début de la saison.
S'il est distancé au championnat, le Real Madrid pointe toujours en tête du hit-parade des clubs les plus endettés. Quand les dirigeants annoncent une dette de 200 millions d'euros, les chiffres publiés à partir des registres du commerce font état de 527 millions de dettes en 2007, soit plus que le budget du club (366 millions).
Le bénéfice brut de 52 millions d'euros annoncé par M. Calderon est bien mince pour masquer une situation inquiétante. D'autant que, pour rattraper un recrutement estival raté, le club sera tenté de creuser un peu plus le bilan à l'occasion du mercato de janvier. Le Real apparaît comme l'emblème d'un football espagnol efficace sur le terrain avec quatre équipes qualifiées pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions, mais dont la santé économique chancelle.
CESSATION DE PAIEMENT
Au pays champion d'Europe des nations, l'endettement cumulé des vingt clubs de première division atteint 2,8 milliards d'euros, selon une récente étude de l'université de Barcelone. A ce jeu, le Real Madrid est talonné par son voisin de l'Atletico (430 millions de dettes), Barcelone (388 millions) et Valence (286). Ce dernier, actuel troisième de la Liga, serait au bord de la cessation de paiement.
La mise sous administration judiciaire est une étape déjà franchie par le Sporting Gijon, Malaga et la Real Sociedad.
Depuis deux ans en deuxième division, le Celta Vigo, aujourd'hui dans le collimateur des tribunaux de commerce, n'aurait évité la dissolution pure et simple qu'au prix d'un maquillage de ses comptes. "La majorité des dirigeants du football ne géreraient jamais leurs entreprises comme ils le font avec leurs clubs", résume l'économiste catalan José Maria Gay, l'auteur de l'enquête sur les finances de la Liga. Dans un Livre blanc qui sera remis au gouvernement, une commission parlementaire préconise une réforme de l'organisation du football professionnel.
"Il faut vérifier si le modèle actuel des sociétés anonymes sportives est encore viable", a admis au mois de juin, lors d'une audition devant les députés, le secrétaire d'Etat aux sports, Jaime Lissavetsky. Selon un porte-parole du ministère cité par la presse, la loi qui régit le sport professionnel depuis dix-huit ans serait "amplement dépassée" par les pratiques des clubs, dont certains ont alimenté la chronique des scandales ces dernières années. Pour réussir les contorsions financières permettant à certains clubs de rester compétitifs ou tout simplement en vie, il a parfois fallu enfreindre les règles.
Des affaires de corruption supposée viennent de le rappeler. Fin novembre, dans une conversation enregistrée à son insu par le président de la Real Sociedad, un ancien joueur de Ténérife a avoué avoir touché de l'argent du club de Malaga pour perdre le dernier match du championnat de deuxième division 2007-2008, saison à l'issue de laquelle Malaga avait été promu.
Quelques jours plus tard, un autre enregistrement a révélé un "arrangement" entre l'Athletic Bilbao et Levante lors de la dernière journée de la Liga 2006-2007. Grâce à sa victoire 2 à 0, le club basque avait alors échappé à la relégation.
Une pluie de démentis s'efforce, depuis, d'effacer le soupçon. Mais le président de la Real Sociedad a affirmé, jeudi 11 décembre, dans le quotidien El Mundo, qu'il avait des preuves : "Seulement 10 % est sorti pour l'instant", menace-t-il. Dans un sondage, 40 % des Espagnols se disent convaincus qu'il y a de la corruption dans le football.
Jean-Jacques Bozonnet[/quote]
http://www.lemonde.fr/sports/article/2008/12/12/le-foot-espagnol-dans-la-tourmente_1130446_3242.html#ens_id=1116590
Si l'UEFA (et notamment Platini) se décidait à instaurer un contrôle de gestion, le foot européen serait un peu plus rééquilibré.