par Bxl Boy » 04 décembre 2003 0:11
Le SK Beveren vient d'éliminer, dans une Irlande du Nord sous tension politique, le modeste club de Ballymena, au premier tour de la Coupe des Coupes 1978-79. Jean-Marie Pfaff, son gardien, s'adonne à son activité favorite: il enchaîne les autographes devant le stade. Un bateleur complice le dépeint à ses fans d'un soir comme le meilleur gardien du monde. Déjà! Zen-Marie se pâme d'aise, son visage s'illumine: qu'il est agréable d'être apprécié selon ses mérites!
Sa carrière, vite remarquable, s'emballait à peine. Il n'était pas encore devenu El Simpatico mais il n'allait pas tarder à se considérer comme Il numero uno, qu'il deviendra en 1987.
Ce soir, dans l'ancien hangar Sabena de Zaventem, Jean-Marie Pfaff fêtera avec faste son demi-siècle d'existence. Il a trié sur le volet cinq cents invités qui lui souhaiteront un bon anniversaire.
Comédien dans l'âme, pitre parfois involontaire, narcissique sympathique, metteur en scène infatigable de son propre personnage mais coeur sur la main - «Un copain en panne dans la campagne peut le réveiller à trois heures du matin, Jean-Marie Pfaff accourra pour le secourir », assurent ses proches -, l'ancien gardien, non encore oublié, du Bayern Munich transparaît surtout comme un bourreau du travail. Un dingue de l'effort, qui s'est façonné lui-même, sans jamais ménager sa peine.
Urbain Braems le connaît mieux que personne. L'ancien professeur de Sottegem, septuagénaire depuis le mois dernier, l'a entraîné à trois reprises, dont une saison à Trabzonspor, en Turquie. Il fut son mentor, son confident, le témoin admiratif de sa progression: «Jean-Marie m'est toujours apparu comme un monstre d'entraînement. De modeste extraction, il s'était juré de s'élever jusqu'à l'apogée de son art. Il voulait devenir le meilleur de sa corporation. Il l'est devenu. Je le revois encore, lesté d'une charge pesant le dixième de son corps, travailler comme un forcené, seul, dans la salle de gymnastique que je possédais à Sottegem. Il avait vingt ans, tout au plus.»
Dès sa prime jeunesse, Jean-Marie Pfaff s'est ainsi érigé en perfectionniste modèle, outrance pardonnable qui, dans le vestiaire, le rendait souvent individualiste: «Pour un entraîneur, il constituait une aubaine car il voulait toujours travailler plus. Son ambition viscérale le guidait. De mon temps, il est arrivé une seule fois en retard à un entraînement individuel. Pour le tester, je l'avais envoyé dans le noyau B. Je revois encore l'effarement qui avait figé son visage...»
Jean-Marie Pfaff est resté longtemps à Beveren. Les sollicitations d'Anderlecht, de l'Espanyol Barcelone, d'AZ 67 et de l'Ajax ne l'ont pas perturbé. C'est toutefois pendant sa période bavaroise, qui l'a également hissé en demi-finale de la Coupe du Monde 1986, qu'il s'est transcendé. La rigueur germanique lui seyait à merveille. Il l'a même exportée en Turquie: «A Trabzonspor, nous nous mouvions dans un vaste complexe qui abritait, notamment, vingt-sept chambres et une immense salle à manger. Les journalistes venus solliciter une interview étaient obligés de respecter l'interdiction nicht rauchen que Jean-Marie avait spécialement accrochée à l'entrée de la salle. Même à l'entraînement, quelqu'un qui fumait à vingt mètres de son but l'incommodait.»
Aujourd'hui, homme d'affaires et personnage central de la sitcom De Pfaff's, produit marketing et gage d'audience, Jean-Marie multiplie les tournées de représentation pour cultiver son image. Il compte parmi les trois anciens grands joueurs les plus populaires du Bayern Munich. Il suscite l'émeute quand il retourne en Turquie.
A cinquante ans, Jean-Marie Pfaff est un footballeur qui a réussi.
Le SK Beveren vient d'éliminer, dans une Irlande du Nord sous tension politique, le modeste club de Ballymena, au premier tour de la Coupe des Coupes 1978-79. Jean-Marie Pfaff, son gardien, s'adonne à son activité favorite: il enchaîne les autographes devant le stade. Un bateleur complice le dépeint à ses fans d'un soir comme le meilleur gardien du monde. Déjà! Zen-Marie se pâme d'aise, son visage s'illumine: qu'il est agréable d'être apprécié selon ses mérites!
Sa carrière, vite remarquable, s'emballait à peine. Il n'était pas encore devenu El Simpatico mais il n'allait pas tarder à se considérer comme Il numero uno, qu'il deviendra en 1987.
Ce soir, dans l'ancien hangar Sabena de Zaventem, Jean-Marie Pfaff fêtera avec faste son demi-siècle d'existence. Il a trié sur le volet cinq cents invités qui lui souhaiteront un bon anniversaire.
Comédien dans l'âme, pitre parfois involontaire, narcissique sympathique, metteur en scène infatigable de son propre personnage mais coeur sur la main - «Un copain en panne dans la campagne peut le réveiller à trois heures du matin, Jean-Marie Pfaff accourra pour le secourir », assurent ses proches -, l'ancien gardien, non encore oublié, du Bayern Munich transparaît surtout comme un bourreau du travail. Un dingue de l'effort, qui s'est façonné lui-même, sans jamais ménager sa peine.
Urbain Braems le connaît mieux que personne. L'ancien professeur de Sottegem, septuagénaire depuis le mois dernier, l'a entraîné à trois reprises, dont une saison à Trabzonspor, en Turquie. Il fut son mentor, son confident, le témoin admiratif de sa progression: «Jean-Marie m'est toujours apparu comme un monstre d'entraînement. De modeste extraction, il s'était juré de s'élever jusqu'à l'apogée de son art. Il voulait devenir le meilleur de sa corporation. Il l'est devenu. Je le revois encore, lesté d'une charge pesant le dixième de son corps, travailler comme un forcené, seul, dans la salle de gymnastique que je possédais à Sottegem. Il avait vingt ans, tout au plus.»
Dès sa prime jeunesse, Jean-Marie Pfaff s'est ainsi érigé en perfectionniste modèle, outrance pardonnable qui, dans le vestiaire, le rendait souvent individualiste: «Pour un entraîneur, il constituait une aubaine car il voulait toujours travailler plus. Son ambition viscérale le guidait. De mon temps, il est arrivé une seule fois en retard à un entraînement individuel. Pour le tester, je l'avais envoyé dans le noyau B. Je revois encore l'effarement qui avait figé son visage...»
Jean-Marie Pfaff est resté longtemps à Beveren. Les sollicitations d'Anderlecht, de l'Espanyol Barcelone, d'AZ 67 et de l'Ajax ne l'ont pas perturbé. C'est toutefois pendant sa période bavaroise, qui l'a également hissé en demi-finale de la Coupe du Monde 1986, qu'il s'est transcendé. La rigueur germanique lui seyait à merveille. Il l'a même exportée en Turquie: «A Trabzonspor, nous nous mouvions dans un vaste complexe qui abritait, notamment, vingt-sept chambres et une immense salle à manger. Les journalistes venus solliciter une interview étaient obligés de respecter l'interdiction nicht rauchen que Jean-Marie avait spécialement accrochée à l'entrée de la salle. Même à l'entraînement, quelqu'un qui fumait à vingt mètres de son but l'incommodait.»
Aujourd'hui, homme d'affaires et personnage central de la sitcom De Pfaff's, produit marketing et gage d'audience, Jean-Marie multiplie les tournées de représentation pour cultiver son image. Il compte parmi les trois anciens grands joueurs les plus populaires du Bayern Munich. Il suscite l'émeute quand il retourne en Turquie.
A cinquante ans, Jean-Marie Pfaff est un footballeur qui a réussi.