par Bxl Boy » 03 juillet 2004 10:29
Plus qu'une inédite et inattendue apothéose, la finale de dimanche soir à Lisbonne sera, aussi et surtout, l'affrontement de deux styles de football. Portugais et Grecs recèlent des caractéristiques différentes et, parfois, originales, que nous avons passées en revue...
<B>Leur entraîneur</B>
<B> Portugal: </B>arrivé avec un titre de champion du monde en poche, Luiz Felipe Scolari est passé par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Sévèrement critiqué pour ses choix tactiques, il a insidieusement reconnu ses erreurs en changeant la moitié de son équipe et en mettant des joueurs caractériels, comme Luis Figo, à <I> sa main</I>. Ses choix sont désormais salués par tout un peuple qui ne cesse de louer ses principes offensifs comme s'il était subitement devenu un véritable savant. L'entraîneur brésilien a été reconduit dans ses fonctions, avec un salaire mensuel de 170.000 €... revu à la hausse. C'est pourtant contre cette même Grèce qui avait déjoué ses plans que Luiz Felipe Scolari devra démontrer s'il est réellement devenu un maître tacticien.
<B> Grèce: </B>aux yeux des Hellènes, Otto Rehhagel est devenu le roi puis le dieu Otto II. À tel point d'ailleurs que les politiciens du pays envisagent de lui offrir sa naturalisation. Au Portugal, au lendemain de sa victoire face aux Tchèques, il a déclaré: <I> "ce ne sont pas toujours les meilleures équipes qui gagnent."</I> L'entraîneur allemand n'a pratiquement pas changé son équipe depuis le début de la compétition. Fidèle à ses principes d'un football à vocation très défensive, il serait pressenti pour diriger la <I> Nationalemannschaft</I> allemande depuis qu'Otmar Hitzfeld a poliment décliné l'invitation.
<B>Leur système de jeu</B>
<B> Portugal: </B>le potentiel offensif lusitanien est énorme et il faut en tirer la quintessence. Dans le dispositif portugais (4-2-3-1), pas moins de quatre éléments (Figo, Deco, Ronaldo, Pauleta) sont plus réputés pour leurs qualités offensives que défensives. Le jeu des Portugais est résolument tourné vers l'avant (29%). Les Lusitaniens utilisent la largeur du terrain et pénètrent par les flancs (Figo et Ronaldo). Ils aiment donc prendre l'initiative en imposant leur jeu à l'adversaire. La maîtrise technique et la vivacité de ses attaquants leur permettent de placer des banderilles redoutables.
<B> Grèce: </B>depuis le début de l<I> 'Euro</I>, les Hellènes s'appuient sur un football très défensif (4-5-1 ou 5-4-1) dont l'unique but est de neutraliser le jeu de l'adversaire. En alignant pratiquement les mêmes joueurs depuis le début de la compétition, la Grèce s'adapte donc à son adversaire pour en contrôler ses forces. Raul, Figo et Zidane ont d'ailleurs tous sombré face aux Hellènes qui sont passés maîtres de la reconversion défensive en perte de balle. Il suffit de constater la vitesse avec laquelle ils se repositionnent dans leur camp aussitôt qu'ils ont perdu le contrôle du ballon. Tantôt très techniques, les Grecs se sont aussi découvert un potentiel mental et physique hors du commun grâce à l<I> 'Otto-discipline</I> imposée par leur entraîneur.
<B>Leurs atouts</B>
<B> Portugal: </B>les Lusitaniens ont les défauts de leurs qualités. En verve offensivement, l'équipe portugaise a, en revanche, démontré beaucoup de fébrilité en défense au travers d'interventions ou de relances parfois hasardeuses. Deco n'hésite d'ailleurs jamais à prêter son concours pour défendre chaque ballon. Depuis sa qualification pour les quarts de finale, les Portugais se sont trouvé des ressources mentales et physiques inexplorées jusqu'alors. Ils sont, en outre, portés par un public fanatique qui les incite à repousser leurs limites encore plus loin à chacune de leur sortie.
<B> Grèce: </B>les Grecs n'ont encaissé que quatre buts depuis le début de la compétition portugaise. Ils évoluent avec pratiquement le même effectif depuis le premier match contre le Portugal et ont donc eu le temps de tisser certains automatismes, déjà bien rodés durant les éliminatoires. Ils peuvent, en outre, compter sur le précieux travail de sape de Basinas, le médian défensif, pour consolider une défense qui campe déjà sur de solides appuis. La rapide circulation de balle des Grecs en un temps et en une touche prend l'adversaire de cours. Mais un tel système de jeu requiert une débauche d'énergie considérable. Et comme les joueurs grecs auront eu un jour de récupération de moins que les Portugais, qualifiés depuis mercredi, ils pourraient éprouver des difficultés dans ce domaine en fin de partie notamment.
<B>Les hommes clés</B>
<B> Portugal: </B>naturalisé portugais, Deco a rapidement conquis le coeur de tous ses nouveaux compatriotes. Le maître à jouer de Porto s'est mué en meneur de jeu de son pays d'adoption. Le public n'hésite pas à l'aduler dans les tribunes pour tirer les phases arrêtées. Au contraire de joueurs comme Figo ou Ronaldo plus irréguliers, Deco n'a jamais démérité alors qu'il ne figurait même pas dans la première équipe alignée par Scolari face à la Grèce! Plus de 75% des passes du joueur ont été réussies depuis le début du tournoi. Voilà une statistique qui démontre l'importance du rôle tenu par le meneur de jeu. Ses deux <I> assists</I> réussis face aux Pays-Bas en sont la meilleure preuve. Il est cité à Barcelone, à Chelsea et au Bayern Munich.
<B> Grèce: </B>la meilleure vertu des Hellènes est de défendre. Même s'il paraît un peu <I> lourd</I>, Traianos Dellas s'est érigé en patron de la défense. Son expérience internationale (Sheffield Utd, Pérouse, AS Roma) en a fait un des défenseurs les plus respectés et les plus imperturbables du tournoi. Il se chuchote que Sir Alex Ferguson rêverait de l'associer à Rio Ferdinand à Man Utd. Mais le Grec préférerait rester à la Roma d'autant que les départs de l'entraîneur Fabio Capello à la Juventus et de Walter Samuel au Real Madrid lui offrent la perspective de quitter le banc des réservistes romains.
<B>Leurs talents cachés</B>
<B> Portugal: </B>Ricardo est surtout connu dans le monde du foot. Appelé à succéder à un mythe, Vitor Baia, entre les perches portugaises, le fantasque gardien du Sporting Portugal s'est illustré, notamment, face à l'Angleterre lorsqu'il enleva ses gants pour arrêter le coup de réparation de Vassel avant d'inscrire le sien. Ce somnambule s'était aussi retrouvé en caleçon dans la rue avec son coussin sous le bras! Mais, actuellement, le portier se distingue différemment. <I> "Sou Jogador de futebol"</I>, sa chanson, fait mouche auprès des Portugais. <I> "J'aime la musique"</I>, avoue-t-il. <I> "J'ai d'ailleurs rencontré mon épouse il y a 10 ans dans une discothèque..."</I> Le gardien espère faire danser les foules, au moins, durant tout cet été.
<B> Grèce: </B>à 30 ans, Themistoklis Nikolaïdis est en pleine force de l'âge pour un footballeur pro. L'attaquant de l'Atletico Madrid pourrait cependant mettre prématurément un terme à sa carrière de joueur pour embrasser celle de... dirigeant. Themistoklis aimerait, en effet, reprendre les rênes et devenir le président de l'AEK Athènes, pourtant endetté de 20 millions€ et menacé de relégation en D 4 si le gouvernement grec ne pose pas un geste envers ce club mythique. <I> "Ma démarche n'est pas logique"</I>, a-t-il avoué. <I> "Mais j'en ai envie."</I> Il aimerait réduire de moitié le salaire des joueurs. Ses actuels partenaires de l'AEK en équipe nationale grincent déjà des dents...
Plus qu'une inédite et inattendue apothéose, la finale de dimanche soir à Lisbonne sera, aussi et surtout, l'affrontement de deux styles de football. Portugais et Grecs recèlent des caractéristiques différentes et, parfois, originales, que nous avons passées en revue...
<B>Leur entraîneur</B>
<B> Portugal: </B>arrivé avec un titre de champion du monde en poche, Luiz Felipe Scolari est passé par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Sévèrement critiqué pour ses choix tactiques, il a insidieusement reconnu ses erreurs en changeant la moitié de son équipe et en mettant des joueurs caractériels, comme Luis Figo, à <I> sa main</I>. Ses choix sont désormais salués par tout un peuple qui ne cesse de louer ses principes offensifs comme s'il était subitement devenu un véritable savant. L'entraîneur brésilien a été reconduit dans ses fonctions, avec un salaire mensuel de 170.000 €... revu à la hausse. C'est pourtant contre cette même Grèce qui avait déjoué ses plans que Luiz Felipe Scolari devra démontrer s'il est réellement devenu un maître tacticien.
<B> Grèce: </B>aux yeux des Hellènes, Otto Rehhagel est devenu le roi puis le dieu Otto II. À tel point d'ailleurs que les politiciens du pays envisagent de lui offrir sa naturalisation. Au Portugal, au lendemain de sa victoire face aux Tchèques, il a déclaré: <I> "ce ne sont pas toujours les meilleures équipes qui gagnent."</I> L'entraîneur allemand n'a pratiquement pas changé son équipe depuis le début de la compétition. Fidèle à ses principes d'un football à vocation très défensive, il serait pressenti pour diriger la <I> Nationalemannschaft</I> allemande depuis qu'Otmar Hitzfeld a poliment décliné l'invitation.
<B>Leur système de jeu</B>
<B> Portugal: </B>le potentiel offensif lusitanien est énorme et il faut en tirer la quintessence. Dans le dispositif portugais (4-2-3-1), pas moins de quatre éléments (Figo, Deco, Ronaldo, Pauleta) sont plus réputés pour leurs qualités offensives que défensives. Le jeu des Portugais est résolument tourné vers l'avant (29%). Les Lusitaniens utilisent la largeur du terrain et pénètrent par les flancs (Figo et Ronaldo). Ils aiment donc prendre l'initiative en imposant leur jeu à l'adversaire. La maîtrise technique et la vivacité de ses attaquants leur permettent de placer des banderilles redoutables.
<B> Grèce: </B>depuis le début de l<I> 'Euro</I>, les Hellènes s'appuient sur un football très défensif (4-5-1 ou 5-4-1) dont l'unique but est de neutraliser le jeu de l'adversaire. En alignant pratiquement les mêmes joueurs depuis le début de la compétition, la Grèce s'adapte donc à son adversaire pour en contrôler ses forces. Raul, Figo et Zidane ont d'ailleurs tous sombré face aux Hellènes qui sont passés maîtres de la reconversion défensive en perte de balle. Il suffit de constater la vitesse avec laquelle ils se repositionnent dans leur camp aussitôt qu'ils ont perdu le contrôle du ballon. Tantôt très techniques, les Grecs se sont aussi découvert un potentiel mental et physique hors du commun grâce à l<I> 'Otto-discipline</I> imposée par leur entraîneur.
<B>Leurs atouts</B>
<B> Portugal: </B>les Lusitaniens ont les défauts de leurs qualités. En verve offensivement, l'équipe portugaise a, en revanche, démontré beaucoup de fébrilité en défense au travers d'interventions ou de relances parfois hasardeuses. Deco n'hésite d'ailleurs jamais à prêter son concours pour défendre chaque ballon. Depuis sa qualification pour les quarts de finale, les Portugais se sont trouvé des ressources mentales et physiques inexplorées jusqu'alors. Ils sont, en outre, portés par un public fanatique qui les incite à repousser leurs limites encore plus loin à chacune de leur sortie.
<B> Grèce: </B>les Grecs n'ont encaissé que quatre buts depuis le début de la compétition portugaise. Ils évoluent avec pratiquement le même effectif depuis le premier match contre le Portugal et ont donc eu le temps de tisser certains automatismes, déjà bien rodés durant les éliminatoires. Ils peuvent, en outre, compter sur le précieux travail de sape de Basinas, le médian défensif, pour consolider une défense qui campe déjà sur de solides appuis. La rapide circulation de balle des Grecs en un temps et en une touche prend l'adversaire de cours. Mais un tel système de jeu requiert une débauche d'énergie considérable. Et comme les joueurs grecs auront eu un jour de récupération de moins que les Portugais, qualifiés depuis mercredi, ils pourraient éprouver des difficultés dans ce domaine en fin de partie notamment.
<B>Les hommes clés</B>
<B> Portugal: </B>naturalisé portugais, Deco a rapidement conquis le coeur de tous ses nouveaux compatriotes. Le maître à jouer de Porto s'est mué en meneur de jeu de son pays d'adoption. Le public n'hésite pas à l'aduler dans les tribunes pour tirer les phases arrêtées. Au contraire de joueurs comme Figo ou Ronaldo plus irréguliers, Deco n'a jamais démérité alors qu'il ne figurait même pas dans la première équipe alignée par Scolari face à la Grèce! Plus de 75% des passes du joueur ont été réussies depuis le début du tournoi. Voilà une statistique qui démontre l'importance du rôle tenu par le meneur de jeu. Ses deux <I> assists</I> réussis face aux Pays-Bas en sont la meilleure preuve. Il est cité à Barcelone, à Chelsea et au Bayern Munich.
<B> Grèce: </B>la meilleure vertu des Hellènes est de défendre. Même s'il paraît un peu <I> lourd</I>, Traianos Dellas s'est érigé en patron de la défense. Son expérience internationale (Sheffield Utd, Pérouse, AS Roma) en a fait un des défenseurs les plus respectés et les plus imperturbables du tournoi. Il se chuchote que Sir Alex Ferguson rêverait de l'associer à Rio Ferdinand à Man Utd. Mais le Grec préférerait rester à la Roma d'autant que les départs de l'entraîneur Fabio Capello à la Juventus et de Walter Samuel au Real Madrid lui offrent la perspective de quitter le banc des réservistes romains.
<B>Leurs talents cachés</B>
<B> Portugal: </B>Ricardo est surtout connu dans le monde du foot. Appelé à succéder à un mythe, Vitor Baia, entre les perches portugaises, le fantasque gardien du Sporting Portugal s'est illustré, notamment, face à l'Angleterre lorsqu'il enleva ses gants pour arrêter le coup de réparation de Vassel avant d'inscrire le sien. Ce somnambule s'était aussi retrouvé en caleçon dans la rue avec son coussin sous le bras! Mais, actuellement, le portier se distingue différemment. <I> "Sou Jogador de futebol"</I>, sa chanson, fait mouche auprès des Portugais. <I> "J'aime la musique"</I>, avoue-t-il. <I> "J'ai d'ailleurs rencontré mon épouse il y a 10 ans dans une discothèque..."</I> Le gardien espère faire danser les foules, au moins, durant tout cet été.
<B> Grèce: </B>à 30 ans, Themistoklis Nikolaïdis est en pleine force de l'âge pour un footballeur pro. L'attaquant de l'Atletico Madrid pourrait cependant mettre prématurément un terme à sa carrière de joueur pour embrasser celle de... dirigeant. Themistoklis aimerait, en effet, reprendre les rênes et devenir le président de l'AEK Athènes, pourtant endetté de 20 millions€ et menacé de relégation en D 4 si le gouvernement grec ne pose pas un geste envers ce club mythique. <I> "Ma démarche n'est pas logique"</I>, a-t-il avoué. <I> "Mais j'en ai envie."</I> Il aimerait réduire de moitié le salaire des joueurs. Ses actuels partenaires de l'AEK en équipe nationale grincent déjà des dents...