3600 km en car

[Bxl Boy]

De quoi faire passer nos déplacements pour du tourisme de proximité, le voyage des Lettons !


Située sur la rive orientale de la mer Baltique, la Lettonie est un des trois états baltes. Enclavée entre l'Estonie au nord et la Lituanie au sud, cette ancienne république soviétique qui possède aussi des frontières avec la Russie et la Biélorussie compte un peu moins de 2.400.000 habitants. Pas moins de 3.600 kilomètres séparent donc Riga, la capitale lettonne, d'Anadia, la petite bourgade située au centre du Portugal et dans laquelle les Lettons ont posé leurs valises durant cet Euro.

« Plusieurs centaines d'entre nous ont rallié le Portugal en car », remarque Anna, une jeune supportrice lettonne qui a accompagné son petit ami dans ce fastidieux périple. «Le voyage a été long. Pour parcourir cet interminable trajet, nous avons roulé cinq jours en nous arrêtant uniquement dans les aires de parking situées en bordure d'autoroute. Nous sommes arrivés très fatigués mais très heureux aussi car il s'agit d'un événement historique pour notre pays. »

La Lettonie a, effectivement, fêté comme il se devait sa récente entrée (1er mai 2004) dans la Communauté européenne. Personne n'aurait, en effet, osé miser un sou sur les chances de voir la Lettonie franchir le cap du premier tour de cet Euro 2004. Or, après une courte défaite subie face aux Tchèques dans les cinq dernières minutes de jeu et un partage prometteur obtenu face à l'Allemagne, les Lettons peuvent encore se qualifier pour les quarts de finale s'ils battent les Pays-Bas et que, dans le même laps de temps, les Allemands ne gagnent pas face à une Tchéquie assurée d'être première de son groupe quoi qu'il arrive. «Nous y croyons encore, poursuit Anna. Nous avons déjà relevé bien d'autres défis pour être ici puisque notre équipe nationale a écarté la Turquie lors des barrages après les éliminatoires qualificatifs pour cet Euro au Portugal. Cette victoire prouve que tout est possible en football... »

C'est Maris Verpakovskis, véritable héros national, qui inscrivit le but de la qualification pour la Lettonie face aux Turcs. Ce fut d'ailleurs ce même buteur du Dynamo Kiev, que l'on dit convoité par Chelsea (c'est à la mode) qui creva l'écran, plus récemment, en ouvrant la marque face aux Tchèques lors du premier match des Lettons. Tous les espoirs des valeureux supporters lettons reposent donc sur ses épaules. D'autant que certains d'entre eux ont dépensé une petite fortune pour être de la partie. «Plusieurs voyages ont été organisés », remarque Maris Rimenis, le présentateur vedette de la télévision lettonne. «Une trentaine de personnes ont payé 1.400 € pour effectuer le voyage jusqu'au Portugal. Et cette somme comprend la nourriture, l'hébergement mais pas les billets d'entrée. »

Et quand on sait que le salaire mensuel moyen en Lettonie est d'environ 600 €, on mesure l'ampleur de l'effort financier fourni par les supporters lettons. «Je n'aurais voulu manquer cet événement pour rien au monde », poursuit Anna. «Je suis persuadée que tous nos joueurs sont très motivés à l'idée de réussir quelque chose face aux Pays-Bas. »

Tout le pays est en émoi. Même Indulis Emsis, le Premier ministre, a personnellement adressé ses félicitations à Janis Mezeckis, le secrétaire général de la Fédération. Quoi qu'il arrive ce soir, les joueurs seront accueillis en véritables héros dès leur retour à Riga. Et il n'y a pas que l'exploit sportif qui motive les troupes lettonnes. Pour leur participation au tournoi, les 23 joueurs ont récolté un pot commun de 660.000€. L'Uefa versera, en plus, à la fédération lettonne une prime de 330.000€ pour le match nul obtenu face à l'Allemagne. Une victoire face aux Hollandais rapporterait le double. Et une qualification pour le deuxième tour offrirait 2 millions€. La Fédération a déjà averti ses joueurs: elle leur offrira la moitié de tous les montants récoltés durant cet Euro 2004. On comprend, dès lors, pour quelles raisons la motivation des Lettons risque d'être décuplée...