De gros nuages s'accumulent sur l'avenir financier de grands clubs de football italien, à commencer par les deux équipes romaines, l'AS Rome et la Lazio, avec la remise en cause par la Commission européenne d'un décret dit sauve-calcio pris par Rome pour secourir ce secteur en crise.
Le commissaire européen à la concurrence Mario Monti devrait proposer la semaine prochaine à ses collègues d'ouvrir une enquête sur une disposition financière prise par le gouvernement italien et suspectée de troubler les règles de la concurrence. De nombreux clubs de la péninsule sont dans une situation financière plus que délicate, avec par exemple des charges salariales plus élevées que les recettes.
Aussi le gouvernement - dont le chef Silvio Berlusconi est également propriétaire et président du Milan AC - a, en février, fait un geste pour permettre aux clubs de présenter des comptes un peu plus reluisants et éviter à certains de lourdes recapitalisations, voire la faillite.
La disposition correspond en fait à un artifice comptable qui permet aux clubs d'étaler sur dix ans les pertes liées à la dépréciation de leurs joueurs. Quatre grands clubs (l'AS Rome, la Lazio, le Milan AC et l'Inter Milan AC) ont utilisé la mesure pour présenter des comptes 2002/2003 en un peu meilleur ordre.
Seul le grand club turinois, la Juventus, contrôlé par la famille Agnelli, propriétaire du groupe Fiat, jouissant de finances un peu plus solides, a préféré ne pas faire usage de cet artifice douteux, soupçonné à Bruxelles de bafouer les normes comptables européennes et de s'apparenter à une aide d'Etat déguisée.
«Beaucoup de clubs vivent au-dessus de leurs moyens et au jour le jour, s'endettant et faisant une concurrence déloyale à ceux qui gèrent avec prudence», a critiqué cette semaine le patron de la Juve, Antonio Giraudo.
Selon un quotidien spécialisé, sans cette disposition, les deux clubs romains et les deux clubs milanais devraient passer dans leur prochain bilan une perte exceptionnelle totale de 820 millions d'€.
La situation apparaît particulièrement périlleuse pour les deux clubs romains qui sont cotés en bourse - contrairement à leurs homologues milanais - et qui doivent rendre publiquement des comptes à leurs actionnaires.
Il ressort du bilan comptable de la Lazio que le club devait une centaine de millions d'euros au fisc italien et une cinquantaine de millions d'euros à ses joueurs comme arriérés de salaires au 30 septembre.
La société d'audit chargée de contrôler les comptes 2002/2003 du club - en bourse depuis mai 1998 -, a récemment conseillé la mise en oeuvre d'un nouveau plan de restructuration après une importante recapitalisation déjà effectuée en juillet.
«Les conditions sont telles qu'on peut douter de la poursuite de l'activité sans la mise en oeuvre de nouvelles et importantes mesures», résumait l'expertise.
Situation à peu près identique à l'AS Rome - coté depuis mai 2000 et contrôlé par Franco Sensi à travers Roma 2000 - dont l'ardoise fiscale s'est alourdie cette semaine pour atteindre une centaine de millions d'euros également.
La situation financière de l'AS Rome est tellement précaire que la société chargée d'expertiser les comptes 2002/2003 a refusé d'exprimer un avis, invoquant les «incertitudes qui entourent la situation financière et l'avenir de la société».
Les déboires financiers des deux clubs ne paraissent pas pour l'instant entamer leur solidité sportive et le derby romain, dimanche après-midi au stade olympique de la capitale, fait encore figure de duel au sommet entre le troisième (la Roma) et le cinquième (Lazio) du championnat italien.
Clubs italiens au bord de la faillite (encore...)
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