Les avis de Van Gaal et Strachan

[Bxl Boy]

Les salles de presse ne sont plus fréquentées uniquement par des journalistes. L'analyse du jeu et de ses phases est devenu un rite à la mode dans l'univers du ballon rond. En Belgique, ce rôle est dévolu à des anciens joueurs ou à des entraîneurs qui ont pratiqué leur métier à un haut niveau. Il n'est donc plus étonnant de se retrouver en face de l'une ou l'autre gloire à qui la télévision ou un quotidien respecté et respectable a fait appel.

Louis van Gaal est l'un d'entre eux. Consultant pour la télévision néerlandaise, l'ancien entraîneur de l'Ajax, de Barcelone et de l'équipe nationale hollandaise, il tire un bilan assez complet de la première phase de l' Euro 2004 qui s'est clôturée mercredi. «Je dois bien avouer que j'ai été agréablement surpris par le niveau général de la compétition», remarque le Batave. «Il ne faut pas s'étonner de l'élimination des grandes nations car le jeu développé par les nations dites plus modestes est très efficace. Je ne prendrais pour exemple que la Suède qui possède un subtil mélange de qualités techniques et athlétiques. Les Suédois sont capables d'aller très loin dans cette compétition car ils jouent en équipe et forment un véritable bloc homogène sur le terrain. Face aux Bulgares, ils n'ont jamais douté même s'ils éprouvèrent certaines difficultés avant d'ouvrir la marque. On parle encore moins des Danois. Or Morten Olsen est parvenu à imposer sa griffe sur le jeu des Scandinaves qui évoluent avec deux véritables ailiers de débordement. L'Allemagne possédait de sérieux atouts physiques mais manquait de génie. Elle était ennuyeuse à regarder. Les Italiens, quant à eux, se sont montrés trop calculateurs. Et cela leur a joué un bien vilain tour d'autant qu'on ne peut pas leur incriminer de mauvaises prestations. Que du contraire même. Mais au lieu de se replier après avoir ouvert la marque face à la Suède, elle aurait dû parachever son oeuvre au lieu de se replier devant son but. C'est à l'occasion de cette joute qu'elle a signé son élimination. J'aurais cru que l'Espagne franchirait le cap du premier tour car le style de son football n'est pas très éloigné de celui qui est prôné aux Pays-Bas. Il y a une certaine culture qui n'a malheureusement pas été totalement exploitée à cause d'attaquants qui étaient, visiblement, émoussés. L'Angleterre a, quant à elle, joué contre nature. Elle a manqué d'improvisation et son jeu défensif ne lui ressemble pas. Il lui a manqué cet instinct offensif qui faisait sa force naguère.»

Le Hollandais a, bien évidemment, suivi toutes les prestations de son équipe nationale. «Mes compatriotes étaient très nerveux au début de la compétition», remarque Louis van Gaal. «J'ai été très déçu par le manque d'homogénéité dans l'équipe. La Hollande a démarré très lentement et il aura fallu un incroyable concours de circonstances pour qu'elle puisse atteindre ce stade de l'épreuve.»

Gordon Strachan, pour sa part, est analyste pour la BBC. L'ancien joueur de Manchester United et de Leeds se montre aussi assez perplexe sur les chances de l'Angleterre. «J'ai été assez déçu par les prestations des Anglais, avoue l'Écossais. Avec la somme de talents qui composent son effectif, elle pourrait survoler la compétition. En revanche, j'ai été séduit par les plus petites nations. La Lettonie m'a d'ailleurs beaucoup plu."

Celui qui fut l'entraîneur de Southampton et de Cédric Roussel à Coventry ne regrette pas d'avoir pris sa retraite: «Le football reste ma raison d'être. Mais je n'avais plus envie d'être victime du stress inhérent à la fonction d'entraîneur. Je préfère analyser les matches pour la télévision. Ça me permet d'être plus souvent auprès de ma famille.»