L'apothéose

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Bxl Boy
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L'apothéose

Message par Bxl Boy »

Le poing serré, Otto Rehhagel s'est tourné le regard hagard vers la tribune d'honneur. Dimanche soir, à l'issue de la victoire de la Grèce face au Portugal, les yeux de l'Allemand laissaient transparaître un bonheur intense mêlé à un sentiment de rage qui l'habitait depuis que la Bundesliga avait renié, en bloc, ses principes.

Car l'Allemand a asséné une belle gifle au monde du football. Ceux qui prônent un football technique et donc spectaculaire en ont eu pour leurs frais. La victoire de la Grèce les a surpris d'un contre-pied dont le football a, lui seul, le secret. Tout le monde a loué le coaching audacieux de Luiz Felipe Scolari qui n'hésita pas à complètement modifier son équipe en cours de compétition pour lui offrir un visage plus cohérent avec la présence, dans son équipe de base, de six joueurs de Porto, champion du Portugal, mais, surtout, récent vainqueur de la Ligue des Champions.

Mais l'entraîneur champion du monde avec le Brésil n'aura pas réédité le miracle de Yokohama puisque son équipe se laissa engluer dans la tenaille grecque deux fois.

Otto Rehhagel n'est pas le dernier des abrutis quand il déclare que «notre adversaire nous était supérieur techniquement mais nous avons joué tous les coups à fond».

L'entraîneur allemand n'avait pas le choix. Il est parvenu à fédérer une équipe autour d'un seul objectif commun: la victoire.

La plupart des joueurs grecs sont d'illustres inconnus. Réservistes dans tous les championnats européens ou titulaires dans un des trois clubs de pointe (Panathinaïkos, Olympiakos, AEK Athènes) grecs, ils ont rangé leur rancoeur au placard pour rendre de l'éclat à une équipe nationale qui ne suscitait plus le moindre intérêt au pays vu ses résultats calamiteux.

Otto Rehhagel a formé son équipe autour de Dellas, Basinas, Katsouranis ou autre Karagounis qui disputèrent tout de même la finale du Championnat d'Europe des Espoirs en 1998. Il leur a adjoint des travailleurs de l'ombre comme Theodoros Zagorakis, capitaine de la Grèce et de l'AEK Athènes élu, hier, meilleur joueur du tournoi, ou Charisteas qui n'ont jamais rechigné à leur besogneux travail. Otto Rehhagel n'avait pas le choix: il devait miser sur la bonne vieille tactique du marquage individuel s'il voulait voir son équipe réaliser un coup d'éclat. Et c'est avec un certain fanatisme que ses joueurs s'impliquèrent dans une entreprise pour laquelle plus aucune star du ballon rond n'ose se dévouer depuis l'introduction de la défense en zone que Guy Roux qualifie de... «paresse et de fuite de responsabilités».

Peut-on reprocher aux Grecs leur parfaite organisation défensive et leur faculté à parfaitement procéder en contre? A quoi cela sert-il de posséder plus longtemps le ballon dans ses rangs si on n'en fait pas le meilleur usage?

Le meneur de l'AEK Athènes Tsiartas symbolise à merveille la réussite de son pays: il est le meilleur passeur grec (deux assists) pour 104 minutes de jeu seulement dans cet Euro. Le réalisme avec lequel les Grecs ont remporté cet Euro 2004 démontre, une fois de plus, qu'il ne suffit pas de posséder les plus grands joueurs pour gagner mais qu'il faut aligner la meilleure équipe. Les Grecs l'ont très bien compris. Ils n'ont pas écarté le Portugal, l'Espagne, la France et la République Tchèque par le plus grand des hasards.

La mythologie grecque connaît, elle aussi, l'histoire de David et Goliath... Place, désormais, aux Jeux Olympiques 2004 organisés par la Grèce et à la phase éliminatoire de la prochaine Coupe du Monde où les néo-champions d'Europe seront confrontés dans leur groupe à l'Ukraine, le Kazakhstan, la Géorgie, l'Albanie, la Turquie et le Danemark, comme elle, surprenant lauréat d'un Championnat d'Europe. Comme quoi l'histoire...


Source : dhnet.be


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