Les rémunérations des footballeurs vont chuter

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Bxl Boy
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Les rémunérations des footballeurs vont chuter

Message par Bxl Boy »

Sur son trône, le sport-roi vacille. Ses sujets l'entourent de toute leur attention, pour conserver ses faveurs. Mais ses favoris ne seront plus légion. Les quelques rares privilégiés, souvent porteurs de rentrées extra-sportives (publicité, merchandising, etc.), cachent la forêt. Derrière Zidane et Beckham (13 millions€ de rentrées financières par an, ous revenus bruts confondus), des milliers d'autres espèrent trouver un contrat à hauteur de leurs espérances. Une ambition qu'il faudra revoir inévitablement à la baisse. Le temps doré des contrats blindés est révolu. <br><br>Tous les clubs de la planète comptent leurs sous. En Belgique plus qu'ailleurs. Sur un marché en perpétuelle dépréciation, bon nombre resteront sur le carreau. L'offre sera supérieure à la demande, et les déçus foisonneront. Les clubs se retrouvent à nouveau en position de force au moment de négocier: si tu n'acceptes pas nos conditions, tu peux aller voir ailleurs... mais tu n'es pas certain de trouver. Alors qu'il y a peu on évoquait la possibilité de plafonner les salaires, le milieu va se régulariser naturellement. Et beaucoup vont connaître la précarité de l'emploi. Le footballeur va devenir un travailleur comme un autre. C'était somme toute le but de l'arrêt Bosman. Pour comprendre le phénomène, explorons quatre pistes.<br><br><br><B>L'arrêt Bosman</B><br><br><br>Lorsque, en décembre 1995, la cour de Luxembourg ouvrit grande la cage vers la liberté des footballeurs, la corporation se divisa. Les joueurs clamèrent leur joie d'enfin pouvoir choisir, à leur guise, l'orientation de leur carrière, en s'offrant au plus généreux une fois leur contrat expiré. Leurs employeurs, les clubs, grimacèrent... mais profitèrent du système. <br><br>Leur patrimoine joueurs fondit comme neige au soleil: leur noyau constitué de joueurs dont la valeur était constituée par la somme réclamée en cas de départ ne valut bientôt plus grand-chose une fois leur bail terminé. Mais les clubs exploitèrent l'arrêt Bosman en allant happer gratuitement chez leur voisin les joueurs convoités. Sur ce carrousel, virevolta l'agent, quittant un milieu qui s'en trouve aujourd'hui plus dépourvu. Il y a dix ans, en nos contrées, on avait coutume d'écrire que le marché des transferts démarrait lorsqu'un des trois grands du championnat amorçait ses emplettes. Anderlecht, Bruges et le Standard faisaient leur marché chez leurs rivaux de moindre envergure, remplissant les caisses de ces derniers qui réinvestissaient chez des clubs encore moins nantis. Cette cascade permettait à tout le monde de survivre. <br><br>Aujourd'hui, les propriétaires du Parc Astrid ont déjà acquis deux joueurs... gratuitement (Zetterberg et Willhemson étaient en fin de contrat) et le Standard a débauché Bangoura à Lokeren sans délier les cordons de sa bourse. La priorité de tous les clubs en matière de transferts est aujourd'hui de d'abord puiser dans les éléments en fin de contrat avec leur employeur actuel, donc gratis. La principale conséquence de l'arrêt Bosman a lentement mouliné les ressources financières des clubs ces dernières saisons. L'argent a quitté le milieu pour venir grossir les poches des joueurs et de leurs managers: puisqu'il n'y a pas d'indemnité de transfert à payer pour tel joueur, le club devra s'acquitter d'une grosse prime à la signature, d'un salaire plus important et d'une bonne commission à l'intermédiaire. Cet argent a quitté le milieu, il n'y reviendra plus... <br><br><br><B>L'inflation salariale</B><br><br><br>L'arrêt Bosman a donc provoqué une inflation salariale. En France, en 1997, le salaire moyen d'un footballeur était de 15.245€ par mois. Aujourd'hui, il approche les 30.500€! À Bordeaux, par exemple, en début de saison, quatre joueurs gagnaient plus de 120.000€ par mois: Dugarry, Pauleta, Savio, Darcheville. Les Girondins ont dû se séparer du premier nommé pour alléger leur masse salariale. En Angleterre, 10% des 500 plus riches citoyens du Royaume sont des footballeurs. Mais les clubs britanniques connaissent, eux aussi, des problèmes financiers.<br><br><br><B>La multiplication des matches</B><br><br><br>Pour augmenter les ressources des déjà pourtant plus nantis, on a vu pulluler les rencontres dans les plus grandes compétitions. Avec deux effets pervers qui ne furent pas assez anticipés: la perte d'intérêt (spectateurs et téléspectateurs) pour des matches jamais réellement décisifs et le gonflement des noyaux. Pour faire face aux cadences infernales et resté performants, les clubs les plus puissants doivent en effet tourner avec des effectifs quantitativement plus importants. Avec un budget identique voire revu à la baisse, il a donc fallu le répartir entre plus de joueurs...<br><br><br><B>La chute des rentrées financières</B><br><br><br>La manne céleste déversée par les plus grands <I>networks</i> de la planète est en chute libre. Les droits TV, sur qui se reposaient les clubs des plus grands championnats, sont en perpétuelle régression. Les audiences TV des première et deuxième phases de la Ligue des Champions 002/2003 ont confirmé un effritement de l'intérêt des téléspectateurs dont l'assiduité est avant tout conditionnée par la performance de leurs clubs nationaux. Selon une étude réalisée par Eurodata TV Worldwide, une société créée par Médiamétrie, seule l'Italie - dont les équipes avaient été particulièrement décevantes la saison précédente - a noté cette année un regain d'intérêt. Dans les quatre autres pays examinés (Allemagne, Angleterre, Espagne et France), la tendance globale est en revanche à la baisse. La crise économique frappe aussi de plein fouet le milieu: les sponsors se font moins généreux au moment de délier les cordons de leur bourse.<br>
<b>Vers un foot plus moral?</b>
<br><br>Le football est-il plus propre ou plus sale aujourd'hui qu'hier? Nous serions tenté de dire que, si la morale n'a, hélas! pas évolué en bien, la crise économique autorise paradoxalement certains espoirs. D'abord, parce que les salaires astronomiques que l'on trouvait, proportionnellement, de la provinciale aux plus grands d'Europe tendent, par la force des choses, à retrouver des moyennes plus logiques, davantage en phase avec ce que gagnent les gens normaux.
<br><br>Ensuite, parce que l'argent noir devrait sinon disparaître, du moins diminuer. Jusqu'il y a peu, le boucher du coin qui faisait du noir comme le mafieux qui voulait blanchir son argent payaient volontiers de la main à la main des joueurs qui ne demandaient pas mieux. Aujourd'hui, devant la somme astronomique des promesses non tenues, les joueurs floués se retrouvent sans le moindre élément de défense et commencent à réfléchir.
<br><br>Quant à l'entrée en Bourse des clubs, annoncée parfois comme la panacée universelle pour sortir de la crise, redresser leur situation et enrichir leurs actionnaires, c'est, jusqu'à preuve du contraire, la plus mauvaise des solutions. Un coup d'oeil sur ceux qui ont franchi le pas suffit à s'en convaincre: la cotation de la Juventus est de 2,27€, elle était, à la mi-juin, 2001 de 4€. L'AS Roma cote à 0,93€, elle était, à la même époque, de 7€. La Lazio ne vaut plus que 0,45€. Borussia Dortmund est passé, en deux ans et demi, de 10 à 3,1€. Leeds, qui cotait à 14, n'est plus qu'à 4. Tottenham a dégringolé, de 130 à 18; quant à Manchester United, contrairement à une idée reçue, il n'est pas le seul à s'en sortir: son titre vaut 136 et il vient de 440. Edifiant, non?

http://www.dhnet.be/dhsports/article.phtml?id=67585