Je trouve que ça permet de relativiser un peu ces coupe junior! Quoi que ici on est en présence d'un groupe qui était encore très jeune.
Tant d'espoirs déçus...
En 2001, l’équipe de France des 17 ans était championne du monde. En 2006, les mini-Bleus n’ont pas confirmé leurs promesses.
C’EST L’HISTOIRE de jeunes champions du monde du début de ce siècle. La seule équipe du football français avec, bien sûr, les A, trois années plus tôt, à s’être hissée à un tel niveau. Sacrés à Trinité-et-Tobago le 30 septembre 2001, ils
n’avaient que dix-sept ans. Ilsdevraient presque tous aujourd’hui se distinguer au plus haut niveau.Mais beaucoup se font attendre. Pour preuve, les deux seuls internationaux
A le sont dans leur pays d’origine, non sans avoir été appelés en équipe de France Espoirs. Le Nantais Emerse Faé, le seul des 18 champions du monde à être titulaire en
Ligue 1, et le Bastiais Chaouki Ben Saada défendent respectivement les couleurs de la Côte-d’Ivoire et de la
Tunisie. Ce dernier justifie sa démarche : « On savait qu’on aurait beaucoup plus de chances de disputer de grandes compétitions, ce qui a été le cas avec la CAN (Coupe
d’Afrique des nations) et la Coupe du monde. Les matches internationaux font progresser davantage. » C’est Roger Lemerre qui a insisté pour le récupérer. Le sélectionneur de ces jeunes champions du monde, Jean-François Jodar, apparaît à la fois surpris et déçu par le parcours d’un certain
nombre d’entre eux, rappelant préalablement quelques vérités. « Si on pouvait penser que tous feraient une
carrière en L 1, il y a forcément du déchet entre dix-sept et vingt et un ans, explique-t-il. Il y avait un bon équilibre dans ce groupe mais ni plus ni moins d’individualités que dans
d’autres promotions. Et avoir du talent ne suffit pas. Il faut franchir tous les paliers. Cela dépend des blessures, des clubs où la porte s’ouvre ou ne s’ouvre pas, des plans
de carrière, de l’entourage… » Jodar : « Certains ont
cru que c’était arrivé » Et c’est à propos de ces derniers
points que le technicien, aujourd’hui sélectionneur du Mali, nourrit le plus d’amertume et d’espoirs déçus.« De tous ces jeunes partis très tôt à l’étranger, je ne sais pas s’il y en a un qui a réussi », souligne-t-il, pensant à Mourad Meghni, exilé à Bologne, qu’il a retrouvé cet été en Division 2
italienne après un passage discret à Sochaux.Puis il évoque plus précisément Florent Sinama-Pongolle et Anthony Le Tallec, attaquants extrêmement précoces et promis à un avenir des plus radieux (*). Ils n’avaient pas dixhuit
ans quand ils s’engagèrent avec Liverpool, entraîné par Gérard Houllier, qu’ils rejoignirent la saison d’après. « Je ne suis pas sûr qu’ils aient fait de bons choix de carrière,
poursuit Jodar. Liverpool ne me semble pas une garantie de réussite pour parfaire sa formation. » Comme Sinama chez les modestes Espagnols de Huelva, Le Tallec, prêté à Sochaux, désire enfin se poser. Sans pour autant renier son passé. « Arriver à dix-sept ans chez les pros, je l’ai voulu et j’ai ensuite connu un club extraordinaire à Liverpool, se
défend-il. Je n’ai aucun regret, j’y ai gagné la Ligue des champions. J’ai décidé de revenir en France pour me
stabiliser et continuer à progresser. Le temps de jeu, c’est ce qui m’a manqué. » Comme le demi-aveud’un demi-échec.
L’entraîneur national, sans citer de noms, stigmatise aussi ceux « qui ont beaucoup changé. Certains ont
cru que c’était arrivé. Mais j’en veux davantage à leur entourage. » Une critique dont sera exempté Jérémy
Berthod, qui s’accroche intelligemment à Lyon. Il s’étonne ensuite de ces autres carrières, pas aussi belles qu’attendues – comme celle de Jacques Faty – voire en souffrance, celles de Samuel Piètre, Julio Colombo
ou Kevin Jacmot. Ce dernier a même rejoint le milieu amateur en 2005, à La Duchère (Championnat de France amateur), avant de signer à Saint-Priest (CFA) cet été. L’un de ses anciens coéquipiers n’a même jamais eu sa chance dans le
monde professionnel. Gaël Maia évolue à Sannois-Saint-Gratien, en National, pour la deuxième saison,
sans avoir pu séduire Bordeaux, son club formateur. « C’est un regret, d’autant que la plupart ont signé leur
premier contrat pro peu de tempsaprès le titre, témoigne-t-il. J’ai végété en CFA. J’ai vécu une période
de doute et je me suis remis dans le bain. J’ai toujours faim,même s’il ne faut pas être trop gourmand. »
À l’image de la majorité d’une génération encore ambitieuse. Comme s’ils sentaient qu’ils n’ont plus de
temps à perdre, beaucoup viennent de changer de club ou y songent. L’ancien Havrais Kevin Debris vient ainsi de signer, très heureux, son premier contrat pro en Division 2
espagnole (Ponferradina). Mais estil encore possible de se révéler au plus haut niveau ?« Il y a des joueurs
en stand-by, mais qui ont du talent, estime Jodar. Je pense que ça peut toujours passer pour certains,
comme Yebda. » Celui-ci n’a jamais pu franchir le cap
de la réserve d’Auxerre, si ce n’est lors d’un court prêt en Ligue 2 (Laval), alors que nombre d’observateurs
croient en ce milieu défensif. Lui le premier. « J’ai beaucoup de regrets, mais je ne peux en vouloir qu’à moi-même, avoue-t-il. Ce titre n’a pas toujours été facile à assumer,
mais je n’ai jamais non plus baissé lesbras. Si j’ai dutemps de jeu, je suis sûr que je peux y arriver. » À vingtdeux
ans, il est toujours temps de rêver pour une génération qui n’est pas encore perdue.
FRANCK LE DORZE
(*) Les deux attaquants sont
aujourd’hui, avec Faty et Berthod,
régulièrement sélectionnés en équipe
de France Espoirs.
Quelques joueurs:
Jérémy BERTHOD
Emerse FAÉ (8)
Mourad MEGHNI (10)
Chaouki BEN SAADA (13)
Anthony LE TALLEC (15)
Florent SINAMA-PONGOLLE