http://www.lemonde.fr/opinions/article/ ... _3232.htmlRonaldo, l'éternel retour
C'est un événement considérable pour le football brésilien, autant dire pour un peuple tout entier : Ronaldo est ressuscité. Rentré au pays l'an dernier, le corps meurtri et empâté, le "Phénomène" a retrouvé un club, les légendaires "Corinthians" de Sao Paulo, et surtout, très vite, le chemin des filets. Deux buts - une égalisation et une victoire - en trois matchs, dans le championnat local.
L'ancien avant-centre prodige a changé de look. Le crâne rasé a disparu sous les cheveux noirs et frisés. L'ombre d'une moustache et un début de barbiche ourlent le visage un peu trop bouffi. Le plus grand attaquant de sa génération a aussi, avec l'âge (32 ans), modifié son jeu. Finis les dribbles foudroyants, les longues chevauchées solitaires, les accélérations, tout en muscles et magie, qui lui valurent deux Ballons d'or (1997, 2002) et trois titres de meilleur footballeur de l'année (1996, 1997, 2002). Il joue plus collectif, moins spectaculaire, mais continue de chasser les buts, à l'instinct. Ce don inné a fait de lui le plus efficace artilleur de la Coupe du monde. Quinze buts. Un record qui sera dur à battre.
Ronaldo a entrepris sa résurrection, avec courage et ténacité, quelques mois avant son retour officiel sur les pelouses. En salle de musculation, sous l'oeil de son physiothérapeute, et dans les bacs à sable du parc Sao Jorge, le terrain d'entraînement de son club. Ces intenses exercices ont pour objectif de lui faire brûler des calories. Celui qu'on avait fini par appeler, sans tendresse excessive, "le Gros", tant sa silhouette avait enflé, doit encore impérativement perdre trois kilos pour regagner en agilité. Tout en ménageant ses articulations, notoirement fragiles. Car, au fil de sa carrière, Ronaldo a trop souvent quitté les stades sur une civière. Ses genoux abritent, si l'on ose dire, son talon d'Achille.
Le droit craque par deux fois (1999, 2000), et le gauche à son tour, en février 2008. Après chaque rupture de ses tendons rotuliens, le joueur passe entre les mains du professeur Saillant, à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. La dernière blessure le foudroie au Milan AC, où il est en fin de contrat. Depuis, il n'avait pas rejoué en match officiel.
Revenu à Rio de Janeiro, sa ville natale, Ronaldo fait parler de lui, deux mois plus tard, dans la rubrique faits divers. Il est surpris dans un motel en compagnie de trois travestis prostitués, dont l'un, bien connu de la police, sous son faux nom (Andreia Albertine), lui subtilise ses papiers et cherche à lui extorquer 30 000 dollars. Le joueur expliquera souffrir de "quelques problèmes psychologiques" et sera vite pardonné.
Aujourd'hui, Ronaldo enflamme le Brésil, à commencer par les tribunes du vieux stade municipal, style Art déco, de Pacaembu, bastion des "Corinthians", le club aux 25 millions de supporteurs - seul Flamengo, à Rio, fait mieux. Il porte le maillot blanc aux fines rayures noires qu'ont revêtu avant lui toute une lignée de champions : Garrincha, Gilmar, Rivellino, Socrates ou Rivaldo. Il a signé un contrat d'un an, éventuellement renouvelable.
Les jours de réservation, une file humaine interminable s'allonge devant les guichets du stade. Six mille personnes ont assisté à sa première séance d'entraînement. Parmi les spectateurs qui ont salué les buts de Ronaldo du long cri rituel "Goaaaaal", l'immense majorité ne l'avait jamais vu évoluer ailleurs qu'à la télévision.
Pour une raison toute simple : professionnel à 15 ans, le jeune Ronaldo Luis Nazario de Lima en a seulement 17 lorsqu'il s'exile en 1994 pour le PSV Eindhoven, après une saison lumineuse au Cruzeiro EC - 58 buts en 60 matchs, et après avoir joué seulement quatre fois à Sao Paulo.
Ronaldo vieillissant suscite donc auprès des supporteurs locaux une curiosité qui renforce l'enthousiasme de le voir marquer des buts. La moindre star naissante s'empressant de rejoindre l'Europe, aux salaires plus somptueux, le Brésil, en quête d'idoles, est trop heureux d'en admirer une chez lui, fût-elle sur le déclin.
Renaissance durable ou chant du cygne ? Ronaldo veut croire à son avenir. Il rêve de porter à nouveau le maillot national vert et or, de participer en 2010, en Afrique du Sud, à sa cinquième Coupe du monde, après en avoir déjà gagné trois, dont la première sur le banc des remplaçants en 1994.
Une perspective que le sélectionneur Carlos Dunga n'écarte pas, en ajoutant, prudent : "Ça dépendra de lui." De sa forme physique, mais aussi de sa conduite hors des stades. Volontiers noceur, Ronaldo fréquente un peu trop les night-clubs au goût de son entraîneur.
En attendant, Ronaldo, malgré son gros salaire, est une excellente affaire pour son club et ses sponsors. Les rencontres se jouent à guichets fermés et les ventes de produits dérivés s'envolent. Nike propose sur Internet 22 modèles du célèbre maillot numéro 9, à payer en sept versements mensuels sans intérêt. Le retour en forme du joueur, c'est également bon pour le moral des Brésiliens. Vieux fan des "Corinthians", le président Luiz Inacio Lula da Silva lançait, il y a quelques jours, à une foule d'ouvriers : "Face à la crise, faisons tous comme Ronaldo !"
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Re: Ronaldo le retour
Je me suis toujours senti proche de Ronaldo...on a le même âge. Par contre, je suis plus mince. Quel joueur !
