Montréal tient son nouvel homme chargé d’alimenter le marquoir : Giacomo Vrioni, 26 ans, qui portait les couleurs de New England depuis deux ans et demi après avoir fait ses classes en Italie avec, entre temps, un détour réussi par l’Autriche. Il aura le statut de joueur désigné.
De nationalité sportive albanaise, pays d’origine de ses parents, Vrioni est toutefois né et a grandi en Italie, dans la région des Marches, et a été formé à Matelica (à ne pas confondre avec le groupe de musique), qui évoluait en Serie D, soit la 4e division italienne.
Il y attire l’œil de la Sampdoria où, à 17 ans, il vient peaufiner sa formation, sans cependant jamais réussir à percer en équipe première. Il écume alors les clubs de divisions inférieures – Pistoiese (D3), Venise puis Cittadella (tous les deux en D2) – avant de changer de crémerie et pour une plus belle écurie… l’équipe réserve de la Juventus. Il a quand même déjà alors 22 ans.
Il n’y brille pas particulièrement, et les Piémontais le prêtent alors au WSG Tirol, club autrichien basé à Wattens dont l’histoire a été marquée par les fusions… et les défusions (phénomène assez rare pour être souligné), évoluant depuis 2019 parmi l’élite de son pays où il est un habitué de la deuxième moitié du classement.
Avec Vrioni, cela ne va guère mieux : neuvième (sur douze) à l’issue de la saison régulière, et septième après la phase finale, l’équipe reste dans ses eaux habituelles. Mais le néo-Montréalais s’y illustre particulièrement, puisqu’il termine à la deuxième place du classement des buteurs avec 17 buts. Il en inscrit en réalité deux autres en phase finale (mais comme ce n’est pas celle pour le titre, elle ne compte pas pour ledit classement).
Champion de MLS en titre mais ne parvenant pas à confirmer, et devant en plus compenser le départ d’Adam Buksa à Lens, New England cherche un nouvel oiseau rare et se dit qu’il tient peut-être en Vrioni le joueur capable de lui faire remonter la pente, car les hommes de Bruce Arena sont en très mauvaise posture (ils finiront la saison à la vingtième place). C’est un échec : un but, deux titularisations et sept maigres apparitions pour le nouvel attaquant, dont une au stade Saputo où il se fait surtout remarquer par un tir “à la David Testo” (les anciens comprendront la référence).
La saison suivante est à peine meilleure pour notre homme, avec 13 titularisations et 6 buts en 30 apparitions en championnat. Son club va bien mieux sportivement, mais reste dans la tourmente. Arena est suspendu au cours de l’été pour avoir effectué des “commentaires inappropriés” (on n’en saura guère plus) et ne terminera pas la saison. Une chance pour Vrioni ?
“C'est un joueur dynamique dans ses déplacements sans le ballon, qui excelle dans les appels en profondeur derrière la ligne défensive et qui crée des occasions grâce à des combinaisons de passes avec ses coéquipiers. Nous sommes confiants qu’il s’intégrera rapidement au groupe et à notre style de jeu comme attaquant central dans notre trident offensif. À seulement 26 ans, il a déjà une expérience significative”, a déclaré Gabriel Gervais à son sujet.
Effectivement, ce portrait reflète ce qu’on a pu voir de Vrioni durant sa carrière et notamment la saison dernière dans le Massachussetts sous Caleb Porter, un entraîneur qui aime quand ça court dans tous les sens afin que l’adversaire ne sache pas où donner de la tête. Un “désordre improvisé” dans lequel certains joueurs se retrouvent très bien, on n’a qu’à penser à un certain Maxi Urruti qui a brillé sous ses ordres à Portland avant un séjour à Montréal avec des instructions bien différentes… tout comme ce qu’il a montré sur le terrain.
Mais contrairement à l’ère Porter à Portland, New England n’attaquait pas tellement – sauf rare exception qu’on préfère oublier à Montréal – et jouait le bas de classement. Une combinaison qui semblait très bien convenir à Vrioni, qui a rapidement trouvé sa place dans l’équipe, étant titularisé 26 fois par son nouvel entraîneur, avec neuf buts à la clef ce qui en a fait le meilleur buteur… de la pire attaque du championnat.
Quand on regarde l’historique des buts marqués par Vrioni, son profil est assez clair : c’est un joueur qui adore la vitesse d’exécution, à commencer par celle de ses partenaires. De quoi le mettre sur orbite, notamment lors d’une reconversion rapide après une récupération de balle, mais aussi une phase de possession permettant de le lancer en profondeur seul face au gardien. Pas tout à fait la caricature du jeu développé sous Wilfried Nancy, donc (oui, on y revient, car on entend encore beaucoup que c’est le modèle à suivre par le club). Clark et Herbers devront aussi trouver leurs marques avec lui.
Il aime cela dit jouer haut, et avoir un partenaire auprès de lui pour qu’ils soient deux à monopoliser la défense, et en profiter au bout du compte pour se retrouver lui-même à la finition. Si Gervais a donc vu juste avec les appels en profondeur, il en est de même avec les occasions créées grâce aux combinaisons de passes avec les coéquipiers. Il aurait pu ajouter que son nouvel attaquant brille surtout quand le jeu se développe dans l’axe (ou est assez discret à la finition quand on a joué sur le côté au préalable) et n’est pas du genre à confectionner des buts marqués par ses coéquipiers, comme en témoignent son petit nombre de passes décisives (même lors de sa saison brillante en Autriche, il s’est limité à quatre), permettant plus difficilement d’analyser ses forces à la construction.
Dans la force de l’âge, Vrioni est en quête d’une deuxième saison parmi l’élite d’un championnat national au cours de laquelle il atteint la barre des dix buts. À Montréal, surtout vu son statut, on n’en attendra pas moins de lui. Y parviendra-t-il ? Réponse cet automne…
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