La saison étant terminée depuis peu, la valse des bilans est bien enclenchée avec, comme à l’habitude, les
bilans de l’entraîneur, des joueurs et de l’administration. Cette année, il y avait cependant un grand absent, dont très peu de gens ont mentionné le nom. Et je ne parle pas de Richard Legendre qui, si on s’en tient à son titre de vice-président exécutif,
Opérations soccer et stade Saputo, aurait normalement dû venir nous faire le bilan du travail de ses employés. Je ne parle pas non plus de Drogba, arrivé en retard sans qu’on nous dise pourquoi (mais je mentionne au passage que la Côte d’Ivoire jouait, ce matin-là…).
L’absent en question a pourtant joué un rôle prépondérant dans la majorité des matchs de l’Impact cette saison. Plus précisément, il a dû s’exprimer devant les médias avant et après 34 des 48 rencontres disputées cette saison. Il a dû rendre des comptes aux supporters lors de la rencontre avec les membres au mois de juillet. Il a aussi dû expliquer pourquoi ça n’allait pas bien quand ça n’allait pas bien. On l’a questionné sur plein de sujets : les renforts, Bernier, les choix tactiques. Il a même participé activement aux mouvements de personnel avant et pendant la saison. Bref, il a joué un rôle prépondérant, pour ne pas dire le premier rôle, durant 70 % de la saison.
Cependant, les divers bilans se sont déroulés comme s’il n’avait jamais été là. À part une brève mention de son prénom ici et là, du bout des lèvres, il ne faisait pas partie du programme. Comme si on l’avait oublié. Ou plutôt jeté aux oubliettes. Comme s’il n’avait, en somme, jamais existé. Et le bilan vidéo d’Impact Média ne fait qu’en rajouter : aucune image du bonhomme. C’est comme si la directive était claire…
Quand on y réfléchit, faire un bilan de la saison sans aborder l’existence du personnage en question, c’est un peu comme parler de foot sans jamais parler du jeu. Y a moyen, mais ça fait bizarre. Sauf à l’Impact de Montréal, évidemment. Dans les bureaux du stade Saputo, on a l’habitude de vite tourner la page sur les chapitres un peu plus sombres de l’histoire du club. On a aussi, et surtout, une certaine facilité à effacer les noms et les visages de ceux qui n’ont pas fait l’unanimité, qui ont trop parlé ou qui ont connu des démêlés avec l’état-major. Nombreux sont ceux qui pourraient vous en parler.
Pourtant, ce qui ressort des bilans et des images, c’est que l’Impact de Montréal 2015, c’est largement plus qu’une histoire de deux ou trois mois. Qu’une fin de saison en or. Que Mauro Biello, le sauveur. Que le roi Didier. Que le phénix brossardois. Nombreux sont les joueurs, entraîneurs et dirigeants qui ont parlé de la Ligue des champions, du but libérateur de Porter, de cette finale… On n’a pas oublié, loin de là.
Par contre, on a évité celui qui était au centre de tout ça, comme si tout ce qui avait été accompli l’avait été malgré lui. C’est peut-être le cas, loin de moi l’idée de faire l’évaluation du rendement de la personne en question. Peu importe. Il reste que l’homme est au cœur d’un pan important de l’histoire de l’Impact de Montréal, qu’on le veuille ou non, et ne pas en parler n’y changera rien.
A-t-on peur, en mentionnant son existence, de se retrouver face à l’échec ? De devoir admettre nos torts ? De devoir reconnaître que le choix, en 2014, n’était pas le bon ? Une chose est certaine, la suite de l’aventure aura donné raison à la direction du club. Alors, justement, n’aurait-il pas été plus facile de revenir sur les difficultés, en en parlant ouvertement, en les nommant, pour bien montrer à tous qu’on avait fait ce qu’il fallait pour redresser le cap ? Puisque l’ambiance était positive, le moment n’était-il pas tout indiqué pour faire le point sur ce qui n’a pas fonctionné ? Une certaine introspection n’aurait-elle pas été utile ?
Parce qu’un bilan, dans le fond, c’est un peu à ça que ça sert. Sauf à l’Impact de Montréal, évidemment.