Surprise de taille cet après-midi lorsque le club a annoncé la signature de l’attaquant Kei Kamara pour deux saisons. L’attaquant, qui fêtera ses 38 ans en 2022, a multiplié les buts en MLS au cours des dix dernières années… notamment contre Montréal.
Toye à nouveau blessé, Johnsen toujours pas à 100% après avoir souffert de la Covid pendant la trêve, Ibrahim lui aussi absent, il fallait à nouveau faire appel au seul Quioto pour prendre tout le poids de l’attaque sur ses épaules. Le club avait pourtant un autre espoir : Ivy Brisma, sélectionné lors du SuperDraft et qui s’était fort bien débrouillé lors de la préparation, mais lui aussi s’est ajouté sur la liste des éléments indisponibles…
“Nous devions agir et renforcer l’effectif, a déclaré Olivier Renard. Kei est un joueur avec beaucoup d’expérience en MLS dont les aptitudes offensives nous aideront autant sur le terrain qu'avec notre jeune groupe de joueurs. On lui souhaite la bienvenue avec nous.”
Ce n’est en effet pas l’expérience en MLS qui manque à Kamara, lui qui a déjà porté les couleurs de huit clubs différents du championnat, et passera donc bientôt à neuf ! Avec succès, puisque depuis la saison 2011 incluse, il en est le troisième meilleur buteur, derrière l’intouchable Wondolowski et Bradley Wright-Phillips.
Déjà brillant sous les couleurs de Kansas City au début de la dernière décennie, c’est à Columbus qu’il a connu son heure de gloire avec 26 buts en 2015. Si on en a moins entendu parler par la suite, il a quand même trouvé le fond des filets à 14 reprises en championnat tant avec Vancouver en 2018 qu’avec Colorado en 2019. Après un passage moins brillant à Minnesota en 2020, il a passé la dernière année à l’IFK Helsingfors (nom d’Helsinki en suédois) en D1 finlandaise, où il a inscrit 5 buts en 14 apparitions.
S’il a souvent changé de club en MLS, il s’est fait un nom à Montréal en tant que bourreau du club. Et pour cause : c’est celui contre lequel il a le plus souvent marqué depuis l’arrivée de l’équipe québécoise en MLS : 13 buts ! Il faut ensuite descendre aux 9 inscrits contre Orlando. Reste à voir si son âge, il fêtera ses 38 ans en septembre, ne pèsera pas trop sur ses performances.
À son meilleur, Kamara avait toutes les qualités requises d’un attaquant qui doit briller en MLS. Très fort lorsque son équipe fait le jeu et préférant quand elle joue haut, il est particulièrement excellent de la tête, avec laquelle il a marqué plus du tiers de ses buts, et est souvent au bon endroit pour recevoir les bons centres.
Il s’illustre aussi sur phase arrêtée mais est également capable de partir seul face au gardien adverse. En ce sens, il est un peu plus complet qu’un Johnsen, qui est toutefois plus à l’aise lorsque le jeu s’accélère. Mettons que la contre-attaque n’a jamais été le point fort de Kamara, et rarement l’ADN des équipes dans lesquelles il s’est le plus mis en valeur.
Pour un buteur tout ce qu’il y a de plus pur, Kamara est d’autant plus intéressant qu’il sait participer à la construction des actions et donner des passes décisives, même si ses meilleures années dans le domaine étaient à Kansas City. Il peut alors descendre un peu plus dans le jeu pour lancer un équipier en face-à-face ou se décaler pour distiller un centre. Reste à voir s’il est encore capable de cette débauche d’efforts à un âge avancé pour un attaquant.
Il est aussi intéressant de constater l’évolution de son comportement en match. En première mi-temps, on l’a souvent vu tenter de peser de tout son poids sur la défense adverse afin de faire lui-même trembler les filets. Mais en fin de rencontre, il est loin d’aller se planter devant le but en disant “Bon, j’ai bossé pendant plus d’une heure, maintenant j’attends le ballon.” Au contraire, c’est dans ces moments qu’il va encore davantage s’impliquer dans le collectif et tenter de construire le but dont son équipe a alors grandement besoin ou se mettre en position d’être une courroie de transmission pour une contre-attaque mettant ses couleurs définitivement à l’abri.
Bien entendu, nous dressons ici le portrait de ce que montrait le joueur dans la force de l’âge et au début de la trentaine. On verra si les qualités physiques sont encore au rendez-vous. Ce qui est certain, c’est que l’intelligence de jeu ne lui manque pas, et s’il n’est plus en mesure d’autant la faire parler sur le terrain, il en fera profiter à ses coéquipiers, qui apprendront de son expérience. Espérons que de leur côté, ils lui envoient des centres dignes de ce nom et de bons ballons aériens faute de quoi, en forme ou non, il ne pourra pas exprimer pleinement ses qualités.
Quant aux supporters montréalais, ils apprendront espérons-le aussi à connaître l’homme qui, en dehors des terrains, est très impliqué, entre autres par l’entremise d’une fondation, pour aider les habitants de son Sierra Leone natal (pour lequel il compte 38 sélections en équipe nationale) qu’il a quitté lors de l’adolescence, un pays longtemps englué dans une guerre civile dont on entendait très peu parler à l’étranger alors qu’on y armait massivement de jeunes enfants.
