Vainqueur du championnat la saison dernière, l’Impact ne pouvait avoir qu’un seul objectif avoué cette année : renouveler son titre. La grande satisfaction du début de saison était que le club n’a pas payé son succès puisque trois de ses fers de lance, Sandro Grande, Greg Sutton et Gabriel Gervais, avaient décidé de rester à Montréal malgré des convoitises venant de l’étranger. L’Impact avait bien renforcé son milieu de terrain, avec les acquisitions de Mert, Fukasawa et Lyssand mais dut s’empresser de se renforcer devant suite aux blessures de Commodore et Bailey.
La saison commençait par six matches à l’extérieur dont les premiers ont confirmé l’intérêt médiatique pour l’équipe, même s’il y eut un essoufflement compréhensible sur la fin car tout le monde attendait avec impatience le premier match à Montréal. Sur le terrain, la formation de Nick De Santis continuait sur son élan victorieux, prenant 14 points sur 18 et terminant ce périple par une victoire sur les terres de Rochester.
Si les débuts à domicile furent laborieux, cela n’empêcha pas la phalange montréalaise de poursuivre une belle série sans défaite qui allait durer plus d’une demi-saison : 15 matches exactement. Durant cette période, il y eut beaucoup d’agitation dans le noyau. Des départs, des arrivées, des blessures et des absences, pour cause de Gold Cup. Cela n’empêcha pas le jeu de devenir de plus en plus convaincant malgré les nombreuses absences.
C’est en fait suite à tout cela que l’Impact fut victime de son succès. Deux de ses meilleurs joueurs, Grande et Gerba (arrivé en cours de saison et qui n’a finalement joué que 8 matches) ont été transférés en Scandinavie et les acquisitions en dernière minute de Gbeke et Diplacido n’ont compensé que partiellement ces départs.
Guère épargné par divers aléas sportifs et extra-sportifs, Nick De Santis n’a que trop rarement pu aligner deux fois de suite la même équipe et encore moins son onze de base. Cependant, les remplaçants ont joué un rôle majeur cette saison, que ce soit en montant au jeu ou en commençant des matches à la place des absents et cette force collective a permis à l’Impact de terminer la saison régulière en tête avec dix points d’avance sur son dauphin.
Alors que l’optimisme régnait pour la suite des évènements, Seattle est venu calmer les ardeurs en demi-finale : en démarrant sur les chapeaux de roues au match aller, inscrivant deux buts rapidement et obligeant Montréal à courir après le score, égalisant in extremis, puis en contrecarrant parfaitement les plans montréalais au retour, faisant preuve d’un réalisme extrême qui leur a donné la qualification suite à un but de dernière minute.
Les tournants :
Mercredi 22 juin : Après un très bon début de championnat mais deux premiers matches à domicile guère convaincants (deux nuls blancs), l’Impact bat Charleston 4-2 et répond avec la manière sur le terrain à la question «Où sont les champions». Une grande bouffée de confiance.
Dimanche 3 juillet : Match très particulier entre Seattle, qui a joué la veille au soir à Minnesota, et Montréal privé de nombreux titulaires qui préparent la Gold Cup, dont Gerba, venu dare-dare de Vancouver pour jouer un grand match. Ce sera une victoire, comme trois jours plus tard contre Richmond.
Vendredi 29 juillet : Dure semaine pour l’Impact puisque Sandro Grande et Ali Gerba quittent le club pour la Scandinavie. Ce soir-là, la série de matches sans défaites s’arrêtera à 15 suite à une défaite concédée à Atlanta.
Dimanche 4 septembre : En battant Minnesota 1-0, Montréal réussit un exploit peu commun : avoir battu au moins une fois toutes les autres équipes du championnat. La première place a été assurée lors du match précédent, une victoire contre Vancouver.
Dimanche 25 septembre : Après être revenu du diable vauvert au match aller, marquant deux buts dans les dernières minutes, l’Impact se fait surprendre à domicile et est battu 1-2 par Seattle malgré une belle prestation. Cette défaite est synonyme d’élimination en demi-finale
Les joueurs :
Le noyau : Moins équilibré que la saison dernière, il a surtout été soumis à de nombreux changements en cours d’année. Défensivement, il n’y a toujours rien à redire et avec tout le monde présent et en santé, il y a plus de possibilités à l’attaque. C’est en fait au milieu où le bât blesse, même si des joueurs d’autres positions peuvent évoluer dans ce secteur. Cela se ressent encore plus depuis le départ de Grande.
Top : Mauro Biello. De retour à son poste de prédilection, deuxième attaquant, le capitaine de l’Impact a très vite retrouvé ses sensations de buteur, plantant neuf roses tout au long de la saison. A 33 ans, il se sent encore frais comme un gardon et dit vouloir continuer comme ça encore dix saisons si possible !
Flop : Kevin Wilson. Après des débuts prometteurs, il semble qu’il ne cadrait pas avec le reste de l’équipe. Ses prestations aux entraînements n’ont pas convaincu le staff technique et des considérations financières ont poussé la direction à rompre son contrat prématurément.
Le coach :
Nick De Santis : Pour lui, comme pour l’équipe, c’était la saison de la confirmation. Difficile de dire s’il l’a réussie pleinement car les conditions pour le juger valablement n’étaient pas présentes. Il a eu un travail différent de la saison dernière car il a souvent dû composer avec les moyens du bord. C’était harmonieux puisque l’équipe a terminé première avec dix points d’avance. On a hâte de le revoir travailler dans des conditions optimales.
Tendances :
Spectateurs (++) : Ca commence à devenir une habitude : la moyenne d’une saison est comparable au… record de la saison précédente. Si on excepte la finale, celui-ci était de 11019 en 2004 pour une moyenne de 2005 (incluant les matchs à Québec et Sherbrooke) de… 11104 spectateurs. Espérons que la part d’entre eux qui payent directement leur billet de leur poche soit de plus en plus nombreuse.
Ambiance (+) : Moins d’interventions sonores en plein match ont permis une plus grande participation du public, même si on aimerait l’entendre réagir plus souvent à ce qu’il se passe sur le terrain plutôt qu’aux lancers de t-shirts de Tac Tik. Au sein de l’équipe, tout semble aller bien aussi. Le fait de ne pas avoir eu de déclaration tapageuse après une élimination frustrante en est un bon signe.
Spectacle (=) : Un but de plus inscrit (37 contre 36), le même nombre encaissé et un style de jeu similaire. On a reconnu la marque de l’Impact 2004 qui a eu cependant quelques belles envolées, avec Gerba notamment, mais connu aussi quelques matches très moyens. Les nombreux changements dans l’équipe d’une rencontre à l’autre l’expliquent en partie, le manque de véritable chef d’orchestre aussi.
Finances (++) : Même si nous n’avons aucun chiffre officiel, difficile de croire que cette saison fut un flop financier. De plus en plus de spectateurs, et surtout deux gros transferts. Ali Gerba est, selon ses dires, parti pour 50,000$ alors que les médias norvégiens rapportent que le transfert de Grande a rapporté 187,500$ au club montréalais, le plus gros transfert de son histoire.
Adaptation (+) : Fukasawa a pris part à tous les matches cette saison, Lyssand, par sa polyvalence, a été très utile, encore plus compte tenu du fait des nombreuses absences et Mert, malgré des débuts plus difficiles, a montré de belles qualités en fin de saison. Matondo est reparti aussi vite qu’il était revenu, Wilson a rendu de précieux services mais ne fut qu’un feu de paille alors que Garcia semble trop léger pour jouer à Montréal. Gerba fut une étoile… filante alors que ses deux compères de Toronto, Diplacido et Gbeke, sont arrivés sur le tard, ce qui explique en partie leurs prestations en dent de scie.
Matthias Van Halst
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