MONTRÉAL : Perkins, Brovsky, Ouimette, Lefèvre, Tissot, Bernardello, Warner, Mapp, Felipe (69e Bernier), Nyassi (61e Romero), McInerney (69e Gonzalez)
KANSAS CITY : Kronberg, Myers, Collin, Besler, Sinovic, Rosell, Nagamura, Peterson (57e Dovale), Feilhaber, Zusi (76e Saad), Dwyer (69e Bieler)
ARBITRE : M. Marrufo
AVERTISSEMENT : Bernardello
EXCLUSION : 18e Warner
LES BUTS : 18e Dwyer (0-1), 34e Nagamura (0-2), 64e Dwyer (0-3)
L’agonie montréalaise s’est poursuivie avec une nouvelle humiliante défaite contre Kansas City, tant dans les chiffres (et pas seulement le score de 0-3) que dans la manière. C’est ce samedi, et non mercredi dernier, qu’il semblait y avoir une différence de division entre les deux équipes sur le terrain, ce qui n’a pas échappé à Joey Saputo qui a promis du changement.
En l’absence de Di Vaio et Ferrari, Frank Klopas avait aligné une équipe relativement jeune, notamment en défense où Ouimette, Tissot et Lefèvre (ressorti des oubliettes) étaient titularisés de concert. Si beaucoup de supporters s’inquiétaient devant tant d’inexpérience, il ne faut pas oublier que les trois avaient déjà commencé un match en même temps la saison dernière au LA Galaxy et s’en étaient honorablement tiré. C’était donc une bonne occasion de mesurer les progrès accomplis, d’autant que l’entraîneur a insisté dès le début de la saison sur le jeu défensif et donnerait, paraît-il, des instructions plus claires que son prédécesseur.
Vu la manière dont l’équipe joue depuis le début de la saison, il n’y avait rien de surprenant à la voir laisser le ballon à son adversaire. Sauf qu’elle arrivait très rarement à moins de 30 mètres du but de Kronberg, multipliait les relances approximatives, les mauvaises passes et les gestes totalement incompréhensibles. C’était déjà inquiétant… Il fallut à peine attendre plus d’un quart d’heure pour que ça se concrétise en problèmes plus sérieux.
Une longue touche de Besler est arrivée dans le rectangle où a régné une confusion totale avant que Warner ne touche volontairement le ballon de la main. La situation ne s’est guère éclaircie ensuite mais le ballon a fini dans le but, c’est alors qu’on a pu comprendre que l’arbitre était déjà intervenu. Il avait vu la faute, a donc sifflé penalty et a exclu le fautif. Dwyer ne s’est pas fait prier pour convertir le coup de pied de réparation (0-1).
Oui, une longue touche. Comme au match là-bas où Kansas City avait déjà marqué deux fois de la sorte. Ce n’est pas comme si l’Impact n’était pas prévenu. Certains entraîneurs, quand ils se vantent, disent qu’un bon coach fait ce qu’il faut pour ne pas commettre les mêmes erreurs la deuxième fois qu’il rencontre un même adversaire. Là, il est évident que le staff savait qu’il fallait travailler ce point pour aujourd’hui. Est-ce que ça n’a pas été fait ou a été mal fait ? Peu importe, ce fut insuffisant.
Avec un homme de plus, la domination des visiteurs repartait de plus belle, les occasions se faisaient toutefois encore attendre. Ça semblait même trop facile par moments pour des Ciel et Marine qui paraissaient réellement seuls sur le terrain. On notera une combinaison dans les petites espaces qui n’est pas arrivée à son terme, une sortie de Perkins dans les pieds de Peterson ou une intervention du portier montréalais qui s’est couché devant lui en tendant le bras pour empêcher un centre dangereux d’arriver à destination. En face, rien à signaler ou presque même s’il y avait quelques étourdissements de la défense, sans conséquence fâcheuse car Kronberg veillait au grain.
Petite accélération dans cette promenade de santé lors d’une combinaison sur la droite de Kansas City, qui a transité par Zusi avant que Myers ne centre ; les défenseurs de l’Impact ont eu la même réaction que les spectateurs en le regardant passer et arriver à Nagamura qui, facilement, a porté les chiffres à 0-2.
Et c’était reparti jusqu’à la mi-temps pour le scénario de domination sans occasion, avec un semblant d’éclair dans la grisaille quand McInerney a envoyé un long ballon vers Mapp qui, seul dans une marée adverse, a réussi à s’en sortir mais n’a pu faire mieux qu’envoyer un tir de loin mou, sans problème pour Kronberg. Mais quand même, au moins c’était un semblant de tir, et au moins c’était cadré. Ce qu’on avait vu de plus dangereux (si on peut le dire comme ça) de l’équipe en une mi-temps.
C’était la moindre des choses devant ses supporters. Sauf que depuis l’arrivée de Frank Klopas, jouer à Montréal n’a plus de quoi effrayer les adversaires. Ce n’est pas compliqué : lors de ses deux premières saisons en MLS, l’équipe n’a, en tout, été menée que trois fois chez elle à la mi-temps. Il a suffi de cinq rencontres à domicile au nouvel entraîneur pour égaler ce piètre record.
D’ailleurs, les supporters ont fait connaître leur ras-le-bol concernant l’ancien mentor de Chicago. Il y eut, à plusieurs reprises pendant le match, des chants à la gloire de Marco Schällibaum. S’ils se sont limités au kop avant la pause, une bonne partie du stade a scandé le nom du Suisse en deuxième mi-temps. Le message est clair : ils en veulent tant au nouvel entraîneur qu’à ceux qui ont décidé que l’ancien devait partir. Et en effet, la piètre situation actuelle est une œuvre collective et non celle d’un seul coupable, qui serait un bouc émissaire trop facile.
Un semblait d’espoir a fait surface à la reprise : un corner a été donné en retrait vers Bernardello dont le centre trouvait la tête de Lefèvre qui a envoyé le ballon droit dans les bras de Kronberg. Mais ce fut de courte durée, et Kansas City reprit sans domination sans partage. Différence avec la première mi-temps : un peu plus d’occasions, mais moins de buts.
La première possibilité des visiteurs après la pause trahissait quelque peu l’état d’esprit des deux équipes dans cette rencontre. Pas en raison du fait que c’était un contre de Kansas City, mais bien par son extrême lenteur (rare étant les joueurs, quelque soit l’équipe, à effectuer l’effort pour prêter main forte à leurs coéquipiers) qui ne l’a pas empêché de se rendre quasiment à son terme. Le centre-tir de Peterson touchait le talon de Perkins, qui pouvait s’estimer très heureux de ne concéder qu’un corner.
Cinq minutes plus tard, le même Peterson trouvait Zusi complètement seul dans le rectangle. L’international américain a cependant contrôlé le ballon avec trop de nonchalance et tellement tardé que Perkins a pu s’interposer. 120 secondes plus tard, suite à un coup franc en deux temps, Dwyer a envoyé un puissant tir hors-cadre, lui qui était rentré dans le jeu car il n’avait pas trouvé l’espace pour centrer.
Le danger se précisait, et c’est sans surprise qu’après une combinaison sans peine de Kansas City, Rosell trouvait Dovale qui a lancé Dwyer dans l’espace béant entre les défenseurs centraux. L’attaquant a filé inscrire son deuxième but de la journée, son sixième en championnat cette saison dont… quatre contre Montréal.
Après un peu de répit, Kansas City a eu quelques occasions d’alourdir la marque dans les 10 dernières minutes. Mais Bieler a d’abord envoyé un centre mal repoussé droit sur Lefèvre et Sinovic a ensuite manqué l’immanquable reprenant dans les nuages un centre venu de la droite alors qu’il était fin seul au deuxième poteau. La dernière occasion a néanmoins été montréalaise : un corner repoussé vers l’entrée du rectangle d’où Mapp a envoyé une frappe bien travaillée mais mal cadrée.
Lire ce compte-rendu vous a sans doute donné une idée de la domination des visiteurs. Voir les statistiques (d’un genre dont je ne suis habituellement pas très friand car elles peuvent parfois signifier tout et n’importe quoi) donne toute l’ampleur de l’humiliation subie ce samedi. La possession de balle a été de plus de 78% en faveur des visiteurs, donc à peine plus de 21% pour l’Impact. Rosell a effectué 160 bonnes passes (et 6 mauvaises) à lui tout seul alors qu’ensemble, les 14 Montréalais en ont réussi 143 !
Une domination digne d’une équipe qui joue contre un adversaire d’une division inférieure. En fait, ce match ressemble à celui qu’on aurait dû voir mercredi dernier à Edmonton, en faveur de Montréal évidemment. Mais c’est aujourd’hui qu’on a eu l’impression que sur le terrain, il y avait une équipe de D1 et une autre de D2.
Même si l’équipe a joué à dix pendant presque tout le match, la comparaison avec le match de l’an dernier au LA Galaxy est simple : pas question de progression, bien de régression. Et l’absence de Di Vaio n’explique pas tout, d’autant que McInerney n’a pas démérité. Avec un effectif qui n’a pas presque pas changé en un an et demi, il est facile et justifié de pointer du doigt le staff technique en place, responsable de ladite régression. Mais avec les nombreux changements à ce niveau ces dernières années, il fait reconnaître les insuffisances de ceux qui ont mis ce staff en place et évalué tant les joueurs que les besoins.
Ça a assez duré, et Joey Saputo semble du même avis. Avant le coup de sifflet final, il a déclaré sur Twitter : “Nos supporters méritent mieux. Il y aura des changements, je vous le garantis.” Il le faut, ça ne fait pas le moindre doute. Mais il faut également qu’ils soient bons, sinon on retombera dans cette situation tôt ou tard. Si c'est pour continuer à mal évaluer et à commettre les mêmes erreurs, le club n'avancera pas. Il faut sauver ce qui peut l’être cette saison (un beau parcours en Ligue des champions mettrait beaucoup de baume au cœur) et surtout préparer l’avenir et penser à long terme. Pas juste en engageant un gars qui dit qu’il travaille sur le long terme en lui offrant en contrat, mais en se basant, comme dans toute bonne entreprise, sur des critères d’évaluation objectifs pour prendre des décisions.