Drôle de saison 2024, qui avait commencé pleine d’espoir, fut ensuite une longue agonie avant de se terminer sur un rebond qui a rendu la confiance aux dirigeants du club. Des dirigeants qui, durant cette période, ont changé, puisque Olivier Renard a quitté la direction sportive, complètement recomposée. Cela dit, l’entraîneur Laurent Courtois a conservé son poste et, pour sa deuxième saison à la tête de l’équipe, les attentes sont plus élevées… d’autant que parmi ses nouveaux adjoints (là aussi, il y a eu pas mal de changements), on retrouve Marco Donadel, avec qui il était en concurrence directe pour le poste de T1 il y a un an.
L’hiver a été marqué par une refonte assez importante de l’effectif, avec pas moins de 9 départs, sans compter les joueurs en prêt à qui on a demandé de se trouver un nouvel employeur, et 12 arrivées (sans doute 13, car au moment d’écrire ces lignes, il manque toujours un troisième gardien). Cela dit, malgré ce renouvellement, le onze aligné par l’entraîneur pourrait être à peu de choses près celui de la fin de la saison dernière, car presque tous les cadres sont restés.
Les départs les plus majeurs sont ceux de Martinez et de Corbo. Dans une moindre mesure, Edwards, cela dit irrégulier, et Wanyama, qui n’avait néanmoins plus droit au chapitre sur le terrain mais dont l’expérience était utile dans le vestiaire, et Coccaro, cependant puni régulièrement et relégué hors de la feuille de match. Rayon arrivées, rien de bien flamboyant, même si Vrioni a le statut de joueur désigné. Owusu, enfin débarrassé du désordre torontois, pourra peut-être exprimer ses qualités, alors que l’expérience viendra d’Herbers. Sinon, des jeunes, beaucoup de jeunes, dont certains au profil quand même très intéressant. Revue des troupes.
GARDIENS
Aucun changement important à signaler, hormis le départ de Ketterer, qui sera vraisemblablement remplacé sous peu.
Sirois gardera sa place de titulaire,
Breza est toujours là même s’il n’a jamais vraiment convaincu. Leur futur compagnon devrait préciser les statuts et la hiérarchie.
DÉFENSEURS CENTRAUX
En fin de saison dernière, Courtois misait sur le trio
Waterman –
Alvarez –
Campbell… et les trois hommes sont toujours là, débarrassés de leur concurrent le plus sérieux, et loin d’être déméritant, Corbo. Ils risquent cependant d’avoir fort à faire avec
Neal, un jeune prometteur (et visiblement pressé d’avoir du temps de jeu) venu du LA Galaxy. Une blessure a compliqué sa préparation, il va donc peut-être falloir attendre un peu avant qu’il entre sérieusement en ligne de compte.
La défense était un gros point faible l’an dernier, même si en fin de saison, c’était plus solide. Le fait de ne pas y avoir apporté de cadre montre qu’on compte sur la progression des joueurs déjà présents : Waterman est apprécié de l’entraîneur, qui lui confie régulièrement le brassard, Alvarez est souvent considéré comme le jeune qui monte alors que Campbell fait partie des espoirs sur qui l’équipe nationale américaine compterait dans l’avenir. Toujours est-il qu’un mentor, à la Camacho en son temps, avec une solide expérience leur aurait apporté une plus-value indéniable.
En lieu et place, donc, des jeunes. Neal, dont on a déjà parlé,
Jabang, de retour de prêt après une saison à Las Vegas, et
Craig, arrivé d’El Paso à qui il était prêté par Philadelphie.
LATÉRAUX
Courtois continuera-t-il d’aligner un homme par flanc ? Vu qu’on n’a pas eu d’échos de la préparation, c’est dur à dire, mais s’il avait voulu changer, il l’aurait certainement fait l’an dernier d’autant que les transferts hivernaux ne laissent pas augurer de révolution.
Marshall-Rutty arpentait le flanc droit en fin de saison dernière et semble bien parti pour conserver sa place, même si
Bugaj, arrivé lui aussi en cours d’année, sera davantage concurrentiel et mieux adapté à son nouvel environnement.
De l’autre côté, exit Edwards, donc. Son remplaçant,
Pearce, souffle le chaud et le froid : on dit de lui qu’il fut défenseur, mais c’est difficile à croire tant il laisse des boulevards dans son dos et a mal géré ses opposants directs. En revanche, offensivement, il a constitué un régal à plusieurs reprises, notamment pour la qualité de ses centres (et de ses coups de pied arrêtés), ce qu’on n’avait plus vu depuis longtemps à Montréal. Son concurrent annoncé est (Luca)
Petrasso, frère de Michael brièvement ancien de la maison, venu en droite ligne d’Orlando et au profil plus défensif. On surveillera aussi
Sealy, qui a passé deux ans en réserves du PSV Eindhoven, mais a surtout été formé à Dallas (souvent un gage de qualité) où cet hiver, il y a eu une crise de dégagisme aigu, peu importe la qualité des joueurs.
Ajoutons à la liste
Adedokun, ailier arrivé du SuperDraft, dont on ne sait absolument rien… Même trouver sa date de naissance, sa taille et son poids représentait un défi de taille avant l’annonce officielle du club.
MÉDIANS
Abondance de biens ? Surprise du chef ? Ou continuité ? À la même hauteur que les latéraux, tout le monde voit en
Piette et
Saliba un duo indéboulonnable, avec un rôle plus défensif pour le premier… que le second peut reprendre, en témoigne le fait qu’ils se sont longtemps marché sur les pieds la saison dernière. Mais
Herbers, avec toute son expérience, n’est pas venu pour enfiler des chaussettes à un mille-pattes, et ceux qui ont suivi la préparation de l’équipe en Floride le présentent comme la carte cachée de l’entraîneur… Quant à
Loturi, arrivé d’Écosse et ancien équipier de Waterman en Alberta, il a aussi un profil défensif, mais aucun observateur extérieur ne le connaît vraiment.
Derrière les attaquants, idem : on pourrait bien recommencer avec le duo qui a terminé la saison dernière,
Clark et
Duke. Le premier semble intouchable, d’autant qu’avec Martinez, désormais sous le soleil californien, ils ont marqué tous (!) les buts en fin de saison dernière. Il apporte une touche créative et s’infiltre à bon escient pour se retrouver à la finition. Son compère, capable de prouesses mais aussi irrégulier, a davantage de souci à se faire. D’ailleurs, il pourrait être la victime de la surprise du polyvalent Herbers…
Yankov, qui n’a pas réellement reçu sa chance en 2024 sauf en début d’exercice, a pourtant montré de belles choses mais a besoin de trouver un compère avec qui développer des automatismes. On l’attend à la fois revanchard et avide de ne pas perdre sa valeur marchande s’il devait ne pas être conservé. L’atout inattendu pourrait être
Synchuk, arrivé de D2 ukrainienne mais pour lequel le club a délié les cordons de sa bourse. Reste à voir quand on veut qu’il soit opérationnel, mais il fait clairement partie des plans de ces joueurs recrutés jeunes et qu’on veut faire monter en grade pour les vendre à très bon prix.
ATTAQUANTS
Les paragraphes précédents partent du postulat que Courtois poursuivra avec le 3-4-2-1 adopté la plupart du temps depuis l’arrivée de Thierry Henry, et qu’il avait conservé la saison dernière alors qu’il aurait aisément pu changer. Le début de saison, puis le moment où tout le monde sera disponible, seront deux moments qui nous confirmeront, ou non, qu’il continue sur cette voie. Car si au milieu, les candidats sont nombreux, devant, ils le sont encore davantage !
Déjà, cet hiver, deux noms importants ont été recrutés… alors qu’il n’y a théoriquement qu’une place. On parle beaucoup de
Vrioni, notamment en raison de son statut de joueur désigné. Reste qu’il a encore tout à prouver malgré ses 26 ans et sa carrière déjà bien fournie… mais avec seulement deux saisons réellement réussies, dans des clubs de bas de tableau misant surtout sur les reconversions rapides. Loin du style de possession de l’ère Henry, Nancy et même Losada (ou faut-il l’attribuer à Renard ?) alors qu’on nous a présenté l’entraîneur actuel comme le fils spirituel de celui qu’il a connu à Columbus (à sa décharge, il ne l’a jamais lui-même affirmé aussi franchement).
L’autre est
Owusu, extrêmement difficile à évaluer puisque ses mois à Toronto l’ont été dans des conditions difficiles pour l’équipe tant sur le terrain qu’en dehors. Il jouait comme un affamé, bondissant sur tous les ballons comme un bulldozer, tentant de se mettre en valeur tant bien que mal. Les conditions ne semblaient pas se prêter au jeu collectif, il faudra qu’il s’y fasse, et rien ne dit qu’il n’en est pas capable.
Talentueux,
Opoku paraît être dans la situation la plus fâcheuse, car il semble à son meilleur quand l’équipe joue à deux devant et qu’il tourne autour de l’homme de pointe.
Ibrahim, désormais un des plus anciens du noyau (!) ambitionne sans le moindre doute de ne plus seulement se contenter du statut de remplaçant de luxe. Quant à
Vilsaint, il doit encore s’affirmer : il a alterné les hauts et les bas lors de son temps de jeu (limité) en 2024, mais peut jouer dans différents rôles, ce qui est à son avantage.
Enfin, le jeune
Graham-Roache sera sûrement content d’avoir quelques grappes de minutes, à 17 ans à peine, alors qu’il vient d’être parachuté des équipes de jeunes… sans être prêté, comme d’autres. Il ne serait pas le seul à bénéficier d’une équipe réserve digne de ce nom où il pourrait accumuler du temps de jeu à un bon niveau tout en gravitant autour de l’équipe première… mais c’est un autre débat !
CONCLUSION
Malgré les nombreux changements dans l’effectif, neuf des onze titulaires de la fin de la saison dernière sont toujours là, tout comme l’entraîneur, qui en était satisfait. Alors, misera-t-il sur la continuité ou les nouveaux auront-ils droit au chapitre ? Seule certitude, devant, le départ de Martinez, ô combien important, doit être compensé.
“Les bases sont là”, entend-on. Certes. Mais Clark ne peut pas porter l’équipe sur ses épaules toute la saison, il faut un buteur devant, et trouver un style qui convient à tout le monde… y compris au public. Et éviter, comme l’an dernier, de devenir rapidement prévisible, puis de tout chambarder à tout bout de champ… à mauvais escient.
Défensivement, ça reste assez mince, surtout quand on voit le nombre de buts encaissés la saison passée. Il faut espérer que chacun ait pris du coffre… et que tout le monde y mette du sien dans le reste de l’équipe, sans se retrouver à jouer bas en attendant l’adversaire, ce à quoi on n’est plus habitué au stade Saputo.
En dépit des discours convenus, la pression est sur Laurent Courtois : il a clamé haut et fort qu’il avait finalement ce qu’il voulait, tant sur le terrain qu’à ses côtés sur le banc. Il se doit donc de faire mieux qu’en 2024… d’autant que parmi ses adjoints, il y a peut-être un successeur tout désigné. Mais avant de regarder là, il faut aussi voir qui seront ses relais sur le terrain, qui prendra les choses en mains dans les bons, mais surtout dans les mauvais moments.
À première vue, cet effectif semble avoir en ses rangs des joueurs qui ont un potentiel à plus long terme, mais est-il assez riche pour disputer une saison 2025 en première moitié de tableau, sans les remous et les irrégularités de l’exercice précédent ? Les observateurs (extérieurs à Montréal) en doutent, et on peut les comprendre. La bonne nouvelle ? Si Montréal les surprend, ça ne pourra être qu’agréablement…
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