La fin de la période des transferts estivale a été relativement animée à Montréal, avec les départs de Joel Waterman à Chicago et de Caden Clark à DC United, deux titulaires en puissance, et l’arrivée d’Ivan Jaime, médian offensif espagnol prêté par Porto.
Premier joueur à effectuer le pas de la CanPL à la MLS, Waterman a signé à Montréal en 2020. Ses débuts furent pour le moins hésitants mais il a petit à petit pris sa place dans l’effectif, puis est devenu un titulaire régulier la saison suivante, puis indiscutable en 2022, au point d’être sélectionné pour la Coupe du monde au Qatar en compagnie de cinq de ses coéquipiers.
Il a ainsi pris du galon à Montréal, au point d’être considéré comme un leader de l’équipe et de porter régulièrement le brassard de capitaine en l’absence de Samuel Piette. Malgré tout, son manque d’expérience et de vitesse étaient parfois flagrants, et il n’avait pas le vécu pour être considéré comme le “général” de la défense, comme le furent en leur temps des Ciman ou Camacho. Avoir à ses côtés des joueurs qui, au moins, le complétaient bien, à l’image de Corbo, restait indispensable.
Ainsi, même s’il a joué souvent la saison dernière, il a commencé à retomber dans ses travers et personne n’est parvenu à les corriger. C’était encore pire cette année, avec en outre une collection de cartons à son actif, illustrant sa frustration sur le terrain perceptible match après match. À Chicago, il sera dirigé par un des meilleurs entraîneurs de MLS, Gregg Berhalter, qui a sûrement un plan pour lui. Nul doute que s’il a choisi de le recruter, il a distingué certaines qualités, curieux désormais de voir comment il va les exploiter.
Clark ne sera resté qu’un an au Québec. Arrivé l’an dernier de Minnesota où il ne se sentait pas utilisé à la position où il pouvait le mieux se mettre en valeur, il aura été, avec Josef Martinez, le sauveur de la fin de saison 2024 de Montréal, permettant à l’équipe de se qualifier in extremis pour la phase finale de la saison (les deux ont inscrits tous les buts de l’équipe dans la dernière, ligne droite, et Clark en a offert de nombreux aussi).
Il faut admettre que le joueur est quelque peu “difficile” non pas en raison de son caractère, que l’on ne connaît pas, mais de son placement sur le terrain, car on a vu la différence quand il était un des deux soutiens d’un homme de pointe, et brillait de mille feux, et quand il jouait ailleurs, où on le sentait parfois complètement perdu. D’ailleurs, c’est à son poste visiblement de prédilection qu’il a illuminé le stade Saputo la saison dernière, mais aussi contribué à l’excellente première mi-temps de Montréal à Atlanta lors de la deuxième mi-temps du premier match de la saison.
Mais entre un Laurent Courtois qui faisait des essais à tout bout de champ et un Marco Donadel qui a complètement changé de style de jeu par rapport à son prédécesseur, Clark ne s’y retrouvait plus, même si l’on a parfois revu quelques bribes de son talent. Espérons que René Weiler, qui le voulait à DC United, ait eu le mémo. Dans un tel cas, il pourrait enfin alimenter Christian Benteke, et ça ferait des flammèches. Sans ça, il ne s’éternisera pas dans la capitale des États-Unis.
Deux autres joueurs estampillés Olivier Renard (Clark a été acquis après son départ mais était, selon le club, sur les fiches depuis avant celui-ci) quittent donc le navire. La reconstruction (en espérant que le mot n’est pas été bêtement choisi pour copier le club de hockey…) passe par un grand ménage, disait-on. Visiblement, on vide le terrier et on procède à un dépeçage de fourrure… De l’ère de celui qui a fait venir Saliba à Anderlecht, ne restent plus que Duke et Alvarez, qui sont surtout là pour dépanner, ainsi qu’Opoku et Ibahim, qui ne jouent pour ainsi dire plus, voire Sirois qui a signé en équipe première à la même époque et vient de voir en l’arrivée de Gillier un concurrent plus que menaçant.
Entre ses deux départs, Montréal est allé chercher une place de joueur étranger à Kansas City, ce qui laissait évidemment présager de l’arrivée d’un joueur ni Canadien ni Américain. Il s’agit de l’Espagnol Ivan Jaime, prêté avec option d’achat par Porto jusqu’au 30 juin 2026, avec le statut de joueur désigné. Milieu offensif qui fêtera ses 25 ans le mois prochain, et peut aussi dépanner au poste d’ailier gauche, il a été formé à Malaga et a joué en équipe de jeunes pour l’Espagne, qui ne les prends pas à la légère.
Il est rapidement repéré au Portugal et prend la direction du FC Famalicão. Il s’y illustre tellement qu’au bout de trois saisons, le FC Porto acquiert ses services ! S’il y joue assez régulièrement, la marche semble trop haute pour lui et il est prêté à Valence où il ne s’impose pas. De retour dans la cité de Douro, on lui cherche un nouvel employeur… qui sera donc Montréal.
Relativement polyvalent (sauf peut-être dans le jeu aérien), il préfère donc quand son équipe développe le jeu au sol. Il est aussi plus à l’aise quand cette dernière ne presse pas trop haut mais est en possession de balle entre le rond central et le rectangle adverse. On verra comment la MLS lui convient et s’il parvient à devenir un pourvoyeur régulier de passes décisives, ce qui semble avoir été un problème freinant sa carrière.
Endurant, il aime aider son équipe quand elle peine en fin de match et cherche à marquer un but important. Dans cet aspect, sa polyvalence se remarque à nouveau puisqu’il est doté d’un bon tir de loin, mais n’hésite pas non plus à tenter de partir seul face au gardien ou à se faufiler dans le petit rectangle.
Un milieu de terrain qui semble plus à l’aise au moment de marquer qu’à celui de donner la dernière passe : voilà qui ne correspond pas vraiment à la description de tâches… mais bien aux besoins du CF Montréal. En effet, à part un petit peu Sealy, Owusu est bien seul quand il s’agit de trouver le fond des filets. Mais il ne faut pas d’attaquant pour le suppléer, mais bel et bien quelqu’un qui surgit de l’arrière et profite des espaces laissés par l’Allemand pour battre le gardien adverse. Ça a des airs des trajectoires de la carrière de Jaime ! Espérons donc qu’il fasse se lever les supporters non pas par ses dribbles, mais bien par ses buts.
Parallèlement à cela, Jalen Neal a dû se faire opérer en raison d’une appendicite et sera à l’écart de 4 à 6 semaines. Bien triste pour le joueur, qui revenait enfin après une longue indisponibilité. Ce qui fait que la défense, déjà bien dégarnie, était plus que dans le besoin. L’arrivée de Salt Lake de Bode Hidalgo, un arrière droit de 23 ans que l’on dit polyvalent (mais dont les supporters utahiens semblent heureux du départ et disaient voir plafonner) donnera des solutions supplémentaires à Marco Donadel.