Laurent Courtois est le nouvel entraîneur du CF Montréal. Il s’agira d’une première expérience à la tête d’une équipe première pour celui qui vient de connaître deux saisons réussies à la tête de l’équipe réserve de Columbus. Il découvrira ses nouvelles ouailles lors de la reprise, fixée à ce samedi 13 janvier.
Peu avare en éloges, le président Gabriel Gervais a vanté les qualités de son nouveau T1 qui, selon lui, correspondent parfaitement aux besoins du club : “Laurent coche toutes les cases qu’on recherchait : il veut être à Montréal, faire partie de notre projet, c’est un gagnant, il a démontré à plusieurs reprises qu’il pouvait être performant sous pression que ce soit comme joueur ou comme entraîneur, il a beaucoup d’expérience avec les jeunes, c’est un grand leader, un excellent communicateur. On est convaincu qu’il va apporter cette cohésion entre nos vétérans et nos jeunes. Sans oublier qu’il parle français.”
“C’EST D’ABORD LE JOUEUR, ET APRÈS L’ÉQUIPE”
Quant au principal intéressé, il n’a pas caché sa joie d’être à Montréal : “Je me sens ici comme je me sens à Lyon et à l’Olympique Lyonnais – club de sa ville de naissance dont il fut membre jusqu’à ses 20 ans et dont il a plus tard entraîné les jeunes. Il y a un tel potentiel ici. Montréal a tous les ingrédients pour avoir un succès incroyable à moyen ou long terme. Je ne le cache pas : je réalise presque un rêve d’adulte en étant ici. J’ai hâte de commencer.”
Il faut dire que si le club de sa jeunesse a plutôt rencontré du succès, Courtois a ensuite soit joué la montée dans les divisions inférieures soit évolué dans les bas-fonds de l’élite. Si Chivas USA est peut-être celui qui parlera au plus grand nombre, citons entre autres Ajaccio, Istres, Levante et Grenoble. Et, à l’écouter, il n’était pas toujours au mieux entraîné… Mais il se sert désormais de ce passé dans ses nouvelles fonctions.
Et pour lui, si ce n’est pas la chute qui compte, ce n’est pas non plus, comme dans un célèbre film, l’atterrissage : “Quand j’étais joueur, j’ai trouvé que j’étais plus utilisé que coaché, explique celui qui a terminé sa carrière de joueur au LA Galaxy. Quand j’ai commencé mon cursus d’entraîneur, c’était pour aider des jeunes comme moi en fonction de leurs qualités et de leurs défauts. Par ailleurs, je me suis retrouvé dans des environnements pas les plus performants, ça m’a aidé à relativiser. J’aime bien les situations d’échec : pour moi, c’est comment tu te relèves. Ces petites expériences, on s’enrichit les uns les autres, on ressent ce dont le joueur a besoin. C’est d’abord le joueur, et après l’équipe.”
Souvent, on a senti qu’il mettait le joueur au centre de ses préoccupations. Morceaux choisis : “Partir en stage, ça m’arrange. On va en apprendre tellement plus les uns sur les autres que de rester quelques heures ensemble et rentrer chez soi.” “Ce qui fait le succès d’un effectif est que tout le monde sente qu’il a une chance, se sente impliqué. Que chaque joueur sache qu’il a une chance de monter sur le terrain et d’accomplir sa tâche comme les autres.” “On a la chance d’avoir un effectif relativement jeune, que ce soient les joueurs plus ou moins expérimentés, tout le monde a tout à prouver. C’est comme si on repartait d’une page blanche.”
À ce (dernier) sujet, il parlait aussi de lui-même puisque ce sera sa première expérience à la tête d’une équipe première. Avant et après Lyon, il avait été adjoint de l’équipe réserve du LA Galaxy, avant de prendre les rênes de celle de Columbus, meilleure de MLS Next Pro il y a deux ans et finaliste la saison dernière. Tiens, Montréal est le seul club du championnat dont l’équipe B n’évolue pas en MLS Next Pro. Choquant pour son nouvel entraîneur ? En fait, après avoir dit ô combien celle-ci était extraordinaire, il a ajouté que tant que l’équipe réserve jouait dans un championnat compétitif, faisant valoir d’autres qualités que les championnats de jeunes et permettant de combler le trou avec les pros, c’était bon. Et à ses yeux, c’est le cas pour Montréal.
LE PASSÉ ? ON S’EN FICHE !
Autre parallèle qui a suscité (encore) davantage de questions, son passé à Columbus aux côtés de Wilfried Nancy, pas parti de Montréal dans les meilleurs termes. On se souvient d’ailleurs d’une déclaration au sujet de valeurs auxquelles il ne dérogerait pas. Si tout le monde pense que les deux hommes en ont discuté, Courtois a rapidement glissé la poussière sous le tapis arguant que Nancy était “très pudique sur le passé”, que les deux parlaient peu de soccer et que l’entraîneur des champions de MLS en titre lui avait juste dit d’aller de l’avant. Pour le reste, il a dit que tout le monde s’en fichait. Tout comme du passé en général. “Les joueurs ont eu Thierry Henry. Je leur dis quoi moi, que j’ai marqué un but ?”
En lisant tout cela, on comprend bien que Montréal a été séduit par son passé à succès avec les jeunes. Comme en témoigne cette déclaration d’Olivier Renard. “Au cours des dernières années, Laurent a accumulé une expérience d'entraîneur qui démontre sa capacité à déployer notre projet sportif avec de jeunes joueurs en MLS. Nous sommes persuadés qu’il pourra reproduire ses succès avec le noyau de l’équipe et nos jeunes talents, tout en nous aidant à atteindre nos objectifs en ranimant un désir de gagner autant à la maison qu’à l’extérieur pendant toute la saison.”
Les objectifs, quels sont-ils d’ailleurs ? Gervais a été on ne peut plus clair à ce sujet· : disputer la phase finale du championnat, se battre pour la Coupe MLS, remporter la Coupe du Canada et, surtout tant il l’a répété à plusieurs reprises, retrouver la Coupe des Champions (pour ceux qui n’ont pas suivi, elle a changé de nom… et il y a désormais davantage de voies afin de s’y qualifier).
Mais Courtois, qui a paraphé un contrat de deux ans, fait preuve de prudence, sans renier les objectifs précités : “On va construire au jour le jour. Parler de futur et de longévité, c’est prétentieux. Bien sûr qu’on veut travailler sur la durée. J’ai promis deux choses : une identité et de l’énergie. Je veux que Montréal, moi, les gens avec qui je vais travailler, on arrive à la meilleure version de qui on peut être. Cette année, l’année prochaine… le reste, on verra.”
L’OBSESSION DE JOUER VERS L’AVANT
Ah, ce cliché qui veut qu’un nouvel entraîneur dise que ses joueurs vont tout donner, le nouveau T1 montréalais n’y a pas échappé… On ne l’occultera pas mais c’est donc la dernière phrase de la déclaration suivante que l’on retiendra davantage : “Il y a une qualité intrinsèque, que ce soit chez les joueurs confirmés ou ceux qui débutent, indéniable. On aime tous le beau jeu, mais il y a quelque chose sur lequel je suis intransigeant, c’est la combativité, l’énergie, tu l’appelles comme tu veux. Ce que je veux est que les gens qui nous observent voient qu’on a un but commun : tout arracher. Je veux que dans leur attitude, ils aient confiance de faire des erreurs car c’est par là qu’on arrive à progresser.”
Cela fera partie de son style de jeu. Mais avant de le décrire, il l’a jugé indissociable des résultats : “Pour moi, il y a deux objectifs, que je ne peux pas dissocier : atteindre les play-offs et le style de jeu. Je ne vois pas comment j’arriverais à avoir l’un sans l’autre. Il y a de grandes chances que si on arrive à cocher les cases que l’on souhaite, à jouer comment on veut jouer, on arrive à marquer des buts, on arrive à gagner des matches. Arriver à ce style, qui va déclencher bien des choses, est ma principale mission.”
Avant, quand même, de nous décrire sa vision du style en question : “L’obsession depuis que le gardien a le ballon, dans nos mouvements et non-mouvements, est de créer des occasions. Une fois que tu as priorisé, tu prévois une option B, mais même cette option B, c’est aller de l’avant. Je suis vraiment dans la verticalité, mais parfois les gens utilisent ce mot bizarrement alors je ne veux pas l’utiliser. Mais que ce soit par du jeu combiné ou un peu plus rapide, je veux que les joueurs soient toujours obnubilés par le désir de jouer vers l’avant, sans s’exposer à des pertes de balles qui pourraient s’avérer dangereuses. Défendre aussi de manière dominante et quand on récupère le ballon, la priorité n’est pas de temporiser mais de créer.”
LA REPRISE FIXÉE AU 13 JANVIER
Voilà le programme qui attend les joueurs à partir de la reprise. Elle s’ouvrira ce samedi 13 janvier par deux journées de tests médicaux et physiques avant un départ immédiat pour l’Arizona, et Tucson en particulier, lieu d’un premier stage. L’équipe reviendra ensuite s’entraîner à Montréal (on ne sait pas encore où, merci aux parties prenantes qui manquent de vision pour le Stade Olympique depuis des lustres) du 30 janvier au 4 février. La préparation se bouclera ensuite en Floride, d’abord à Kissimmee, ensuite à Orlando, mais pas dans le stade où Montréal jouera son premier match de championnat, le 24 février.
Entre temps, on anticipe encore quelques transferts, mais aussi l’annonce de tous les membres de l’encadrement technique. Qui ne devrait pas changer de fond en comble puisque Courtois a vanté les adjoints déjà en place, leur expérience en MLS autre que celle de joueur, et a déclaré compter sur eux. Il a même cité Laurent Ciman, qui sera donc du lot.
De cette présentation, on retiendra que ce sont les succès de Courtois avec les jeunes qui ont séduit le club, à commencer par ses deux dernières saisons avec l’équipe réserve de Columbus. Saura-t-il les confirmer à la tête de l’équipe première de Montréal ? Réponse au cours des mois à venir.
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