MONTRÉAL : Ricketts, Camara, Nesta, Rivas, Ferrari, Warner, Bernier, Arnaud, Felipe, Mapp (61e Nyassi), Wenger (70e Brovsky)
PHILADELPHIE : MacMath, Williams, Okugo, Valdes, G. Farfan, Carroll, Lahoud (56e Hoppenot), Adu (80e Gomez), M. Farfan, Pajoy (73e Martinez), McInerney
ARBITRE : M. Elfath
AVERTISSEMENTS : Ferrari, Gomez
EXCLUSIONS : 69e Rivas, McInerney
LES BUTS : 44e Wenger (1-0), 78e Felipe (2-0)
Souvenez-vous du match à Philadelphie : incapable d’exploiter la faiblesse défensive de son adversaire sur les côtés et sur les centres, l’Impact s’était incliné lors d’une rencontre tout sauf académique. Cette fois, sans que le match n’atteigne des sommets, il a su profiter des carences des visiteurs pour empocher les trois points.
Avant la rencontre, 41% des buts concédés par Philadelphie avaient été inscrits de la tête (l’Impact n’en avait marqué que 3 de la sorte) et l’arrière-garde marine et or se montrait la plus solide dans l’axe – statistiques comme de coutume récoltées sur visiondujeu.com.
Alors, quand pendant près de 45 minutes, l’Impact a tenté de la passer comme il l’avait fait avec celle de New York (en lançant un joueur dans son dos, souvent plein axe), le succès ne fut pas au rendez-vous. En fait, cette procédure a fonctionné pour la première (et peut-être même la seule) fois du match à l’heure de jeu, quand Mapp a lancé Felipe, dont le tir fut repoussé par MacMath. Dans les secondes qui ont suivi, Mapp a été remplacé.
La première mi-temps, passablement ennuyeuse, peut se résumer par une domination stérile de l’Impact et de rares occasions pour Philadelphie. Menant un beau contre, Valdes lançait Pajoy, qui passait entre Rivas et Ferrari avant de tirer sur le poteau. Un coup franc de la gauche était ensuite repris par McInerney, oublié, en plein sur Ricketts tout heureux de le dévier en corner.
On s’approchait du retour aux vestiaires quand un corner était joué en retrait par Mapp en direction de Bernier dont le centre trouvait le crâne de Wenger, qui marquait le quatrième but de la tête de Montréal cette saison (1-0). C’était le premier épisode de la soirée des séries quasi-hebdomadaires “Philadelphie n’a pas de tête” et “La défense de Philadelphie n’a pas d’ailes”.
L’Union a de nombreux défauts, mais on peut rarement lui reprocher son manque de volonté et de jusqu’au-boutisme. Dès la reprise, les visiteurs ont pris la direction du but de Ricketts, mais oubliaient la précision dans le dernier geste. Ainsi, après un très beau double une-deux entre Lahoud et Pajoy, ce dernier, en excellente position, tirait dans les nuages. Gabriel Farfan ne cadra pas davantage sa reprise de la tête suite à un centre de la droite de Williams.
L’Impact pliait mais répliquait, via l’occasion de Felipe décrite plus tôt, ainsi que par un tir d’un angle fermé de Nyassi, qui avait profité d’un cafouillage dans le rectangle adverse, mais le ballon longea le but sans y entrer.
Le match a pris sa tournure définitive à un peu plus de 20 minutes de la fin du temps réglementaire quand Hoppenot, en tombant, envoyait Rivas au sol : l’ancien joueur de l’Inter n’apprécia vraiment pas et se releva immédiatement pour aller mettre un solide coup de boule au Français. McInerney se précipita sur lui, le bouscula légèrement et Rivas profita de l’occasion pour se retrouver par terre à nouveau.
L’arbitre n’hésita pas et exclut les deux protagonistes de l’auto-justice. C’était le deuxième épisode du feuilleton “Philadelphie n’a pas de tête” : la carte rouge infligée à l’attaquant est sévère quand on revoit les images, mais il a commis une grosse erreur en se précipitant de la sorte sur Rivas. Ça me fait un peu penser, dans un tout autre style, au penalty concédé par Ferrari à New York.
Il ne faut pas se leurrer : cette double exclusion était on ne peut plus à l’avantage de l’Impact. Peu à son affaire à gauche où il était de plus en plus sollicité, Ferrari retrouva l’axe du jeu, alors que Brovsky, dont l’apport offensif avait beaucoup manqué, monta au jeu à la place de Wenger. Philadelphie, pour sa part, était privé d’un de ses hommes en grande forme, qui faisait de plus en plus souffrir la défense locale.
Le match prit alors une autre tournure, avec d’un côté une équipe qui ne se remettait pas de l’exclusion et avait beaucoup de mal à se réorganiser, et de l’autre une formation menant au score et qui avait une défense moins sous pression, et d’autant plus à l’aise… L’amputation d’un attaquant était compensée par l’augmentation des espaces. En raffolant grâce à sa pointe de vitesse, Nyassi obligea Valdes à effectuer un beau retour.
Mais le 2-0 n’allait pas tarder à tomber, et de quelle manière ! Camara, dont on a très peu parlé mais auteur d’un excellent match, a centré pour Felipe, qui a régalé le stade d’une extraordinaire reprise acrobatique qui obligea MacMath à aller chercher le ballon au fond de ses filets pour la deuxième fois de la soirée (si vous l’avez vu à la TV, c’est bien beau mais tellement moins spectaculaire qu’en vrai). Encore un but concédé par Philadelphie venu des côtés. Eh oui, “Sa défense n’a pas d’ailes”, feuilleton bien connu en Pennsylvanie.
Rappelez-vous quand même que Philadelphie n’abandonne jamais et même dans ces circonstances difficiles, les visiteurs ont cru pouvoir recoller au score. Il a fallu une intervention judicieuse de Camara devant Hoppenot pour éviter à l’attaquant, idéalement placé, d’exploiter une passe un peu molle venue de la droite. Peu après, on pensait que l’écart était réduit quand un coup franc était repris par Valdes seul devant Ricketts mais par on ne sait quel miracle, le ballon ne franchit jamais la ligne.
Le gardien Jamaïcain ne fut plus trop sollicité par la suite, même s’il dut effectuer de nombreux dégagements. L’un d’entre eux arriva à l’autre bout du terrain à Nyassi, qui tira dans le filet latéral, la dernière occasion du match.
Le dernier fait saillant de la soirée a été une succession de gestes techniques de Bernier, dont l’esthétisme a fait se lever tout le stade pour l’applaudir. De quoi ajouter encore un peu de baume à la soirée sous une lune rousse qui elle aussi semblait avoir le sourire.