COLORADO : Irwin, Wynne, O'Neill, Moor, Klute, José Mari, Powers, Serna (73e Hairston), Hill, Buddle (86e Mwanga), Brown (75e Labrocca)
MONTRÉAL : Perkins, Camara, Lefèvre, Pearce, Brovsky, Bernardello, Bernier, Mapp (71e Romero), Felipe (56e Di Vaio), Nyassi (24e Nakajima-Farran), McInerney
ARBITRE : M. Penso
AVERTISSEMENTS : Lefèvre, Moor, O’Neill
LES BUTS : 5e Powers (pen., 1-0), 54e Hill (2-0), 58e O’Neill (3-0), 84e Powers (4-0), 88e Romero (4-1)
Il suffit de quelques résultats positifs et ça ira mieux, disaient certains au club. Après la qualification contre Edmonton et le bon nul à DC United, l’Impact a invalidé ce diagnostic en se retrouvant une fois de plus le bec dans l’eau suite à une défaite 4-1 à Colorado. Et les erreurs d’arbitrage en sa défaveur ne doivent pas servir d’excuse pour se voiler la face.
Frank Klopas avait décidé d’aligner le même onze de départ que la semaine dernière à DC United. Prêts à jouer, Di Vaio et Nakajima-Farran étaient sur le banc. Ça n’a pas duré très longtemps pour la dernière recrue en date, puisque l’ancien Torontois a remplacé Nyassi, blessé, après à peine un peu plus de 20 minutes.
On aurait pu s’attendre à un long round d’observation, tant Colorado est une équipe qui part généralement comme un diesel pour n’appuyer sur l’accélérateur qu’en deuxième mi-temps et Montréal, même avec des intentions offensives, ne comptait pas se jeter tête baissée dès le début. Mais l’arbitre en a décidé autrement. Il faut quand même souligner des errances dans l’entrejeu qui ont permis à Klute de récupérer le ballon et d’avancer sans peine avant de servir Buddle à l’entrée du rectangle. Tenu de près par Nyassi, l’ancien buteur du LA Galaxy a voulu tirer mais s’est retrouvé à terre suite à une chute qui laisse croire qu’il a un passé de patineur artistique (on se serait cru à Sotchi sur le Lac des cygnes). M. Penso a sifflé un penalty plutôt contestable, que Powers a converti en tirant plein centre alors que Perkins avait choisi de plonger sur sa droite (1-0).
Montréal n’a pas baissé les bras – comme c’était déjà arrivé dans des circonstances difficiles cette saison – mais a réagi immédiatement. Un bon travail collectif a provoqué une perte de balle adverse dans l’entrejeu, ce qui a permis à Felipe de lancer Mapp seul devant Irwin, mais le gardien local a remporté leur duel. Parlant de duel, s’il montrait de belles choses lorsqu’il sortait de sa zone, le Montréalais en forme de ce début de saison éprouvait beaucoup de peine à mener à bien les actions sur son flanc, pas en raison d’un mauvais jour pour lui mais bien d’un adversaire direct – Klute – particulièrement coriace.
Peu avant le quart d’heure, un corner mal négocié par l’Impact a été dégagé de la tête par Moor en direction de Brown qui a pris tout le monde de vitesse. Bernier a réussi à le suivre et a pu le dépasser quand l’attaquant local a contourné Perkins, ce qui a permis au capitaine montréalais d’être replié au moment du tir, qu’il a pu dévier.
Deux minutes plus tard, McInerney a vu un petit espace derrière les défenseurs, dans lequel il a lancé Mapp qui s’y était engouffré au bon moment : Irwin aussi avait l’œil, et il a effectué une bonne sortie pour complètement réduire l’angle, se retrouver presque dans les pieds de son adversaire et annihiler le danger. Par la suite, l’Impact a eu le plus souvent la possession du ballon, sans être capable d’en faire une bonne utilisation, ce qui fait que toutes les occasions avant la pause ont été pour Colorado.
Ainsi, proche du petit rectangle, Moor a pu reprendre de la tête un long ballon venu de la droite, sans réellement être menaçant pour Perkins, bien placé. Quelques instants plus tard, Hill aux trente mètres a eu tout l’espace pour avancer puis tenter sa chance, puisque personne ne l’attaquait, mais a tiré à côté. À peine le temps de reprendre son souffle que Brown, lancé sur la gauche, a pris Lefèvre de vitesse pour filer face à Perkins, mais son tir a échoué sur le poteau.
Défensivement, le flanc droit montréalais était à la peine, et Hill en a profité pour lancer Buddle, qui a échappé au piège du hors-jeu, très mal tendu par Camara. Il a naïvement tenté de tirer dans le petit trou mais son envoi a filé droit sur Perkins qui avait bien fermé son premier poteau. On notera encore un tir de loin au-dessus signé Brown avant que les acteurs ne regagnent les vestiaires.
Si les éternels optimistes ont vu les raisons d’espérer de cette première période, la seconde a été un retour abrupte à la réalité de cette saison, avec une pluie de buts locaux qui, cette fois, ne devaient rien è l’arbitre.
Colorado s’est créé la première occasion après la pause : Serna, servi par Brown, est rentré dans le jeu, a effacé Bernardello et a tiré du gauche, au-dessus. Cette saison, le début de la deuxième mi-temps est souvent difficile pour la défense de Colorado, qui y a connu quelques ratés. Cela faillit se produire à nouveau quand elle a laissé Mapp s’avancer dans l’axe : il a tenté sa chance d’un tir subtil qui a heurté le poteau. C’était le chant du cygne…
On ne rejouait pas depuis dix minutes que Buddle décalait Hill sur la gauche : il a pu avancer sans problème et envoyer un très beau tir brossé au fond des filets (2-0). Cette fois, l’Impact ne se relevait pas de ce nouveau coup sur la tête, et on allait assister à une nouvelle noyade.
Quatre minutes après le deuxième but, José-Mari sur la droite a envoyé un centre-tir en direction de Buddle que Perkins a réussi à repousser vers Brovsky, qui a dégagé plein axe (on engueule des minimes comme du poisson pourri pour ça). Pour ne rien arranger, aucun de ses équipiers n’est parvenu à sauver son erreur. O’Neill a eu tout le loisir de s’emparer du ballon à l’entrée du rectangle et de placer une puissante frappe hors de portée du portier de l’Impact (3-0). Mis en confiance, José Mari a ensuite tenté sa chance directement sur un coup franc à plus de 35 mètres : c’est passé à côté, mais c’était une nouvelle frayeur pour l’Impact.
Survint alors la plus belle action montréalaise du jour : une superbe talonnade de McInerney vers Mapp, qui a envoyé un tir trop croisé dont la trajectoire a cependant été coupée par Nakajima-Farran qui s’était jeté sur le ballon, ce qui lui a permis de l’envoyer au fond des filets. Le juge de ligne a levé son drapeau longtemps après : surprenant, mais incontestable s’il a raison, sauf que là, il n’y avait absolument pas hors-jeu. Peu après, Mapp a été remplacé et on savait que la messe était dite.
Colorado, cependant, ne comptait pas en rester là. Et pour garder la flamme vive, Pablo Mastroeni avait fait monter le jeune Hairston, qui avait à cœur de montrer ce dont il était capable. Il a amené une première fois le danger en servant Hill sur la gauche qui, une nouvelle fois, a bénéficié de la latitude nécessaire pour tirer. Cependant, sur ce coup, Perkins a sorti une belle détente pour préserver ses filets. Quelques instants plus tard, une reprise de la tête de Buddle sur un centre de la droite a fini à côté.
Hairston, dont seule l’audace lui donnait l’air d’un néo-professionnel, a ensuite fait joujou avec quelques joueurs de l’Impact à l’entrée du grand rectangle avant de donner le ballon à Powers dos au but. L’attaquant s’est retourné, a tiré et a planté la quatrième rose des siens de la soirée.
Savourant cette avance insurmontable sauf dans des circonstances exceptionnelles, Colorado a arrêté de jouer à ce moment-là et laissé la fin du match à Montréal. Romero en a profité pour fournir un très bel effort de près de 40 mètres, partant du bord de la ligne de touche à droite et se terminant à l’arc de cercle devant le rectangle par un tir bien placé qui a sauvé ce qu’il restait d’honneur. Dans les arrêts de jeu, Irwin a arrêté un coup franc brossé de Bernardello rendu difficile à négocier par Di Vaio qui avait surgi pour tenter une reprise de la tête.
Verdict : une nouvelle défaite pour la lanterne rouge du classement général, qui est maintenant à neuf points de la cinquième place de sa conférence (soit plus que ce qu’elle a pris en onze rencontres cette saison) dont elle ne quittera à coup sûr pas la dernière place la semaine prochaine, même en cas de victoire. Seule équipe de MLS à n’avoir gagné qu’un seul match et à ne pas encore avoir marqué dix buts, elle a aussi la plus mauvaise défense de la série. Tel une autruche, l’Impact est incapable de décoller cette saison même si d’autres feront le rapprochement entre le club et cet animal en évoquant une propension à se mettre la tête dans le sable lorsque les craintes d’une année difficile étaient évoquées durant l’hiver dernier. Il faut sortir du trou, mais il est de plus en plus dur de ne serait-ce qu’imaginer comment.
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